Comme beaucoup de sociétés, Volkswagen a plusieurs « naissances ». Le 28 mai 1937, la « Gesellschaft zur Vorbereitung des Deutschen Volkswagens mbH » était officiellement créée à Berlin.
La naissance de Volkswagen et de la Coccinelle restent intimement liés à l’appareil de propagande nazie. Pour cette raison, le constructeur avait refusé de fêter les 75 ans de la construction du site de Wolfsburg… Mais curieusement, 4 ans plus tard, il célèbre l’enregistrement de la « Gesellschaft zur Vorbereitung des Deutschen Volkswagens mbH ».
En 1933, Hitler accéda au pouvoir. Son programme pouvait se résumer à le bonheur pour les Allemands, la mort pour les autres (et ceux qui ne voudrait pas du bonheur sauce nazie.) L’un des axes de ce bonheur d’état, c’était le Kraft durch Freundlichkeit (KdF, la force par la joie.) Cet organisme gérait les loisirs des « bons Allemands ». En 1934, l’organisme Reichsverband der Automobilindustrie (Association des industriels de l’automobile du Reich) vu le jour. Ferdinand Porsche eu carte blanche pour développer une voiture bon marché, afin de motoriser le pays. Il s’inspira très, très probablement des travaux de Josef Ganz. Juif, Ganz avait été contraint à l’exil et ses archives furent généreusement données à l’ingénieur. Néanmoins, Porsche avait déjà lui-même travaillé sur un projet de citadine à moteur en porte-à-faux arrière, pour Zundapp, puis pour Mercedes.
Le projet progressa lentement. Mais la propagande nazie avait besoin d’annonces. Ainsi, le 28 mai 1937, la « Gesellschaft zur Vorbereitung des Deutschen Volkswagens mbH » (l’entreprise de préparation de la voiture du peuple Allemand S.A. » était officiellement enregistrée. Près de Wolfsburg, des ouvriers construisaient sa future usine et KdF-stadt, la ville-dortoir dédiée. Exactement un an plus tard, Hitler inaugura le site. En pratique, il posait devant un décor de théâtre, aux côtés de deux prototypes… Le nom officiel de la voiture était KdF-Wagen. Pour en obtenir une, les membres du Deutsche Arbeitsfront (syndicat d’état) devaient remplir un album de timbres. Chaque timbre valait 50 reichmark et une fois l’album complet, ils pouvaient théoriquement l’échanger contre une voiture. 336 638 albums étaient complets, fin 1939.
Pendant ce temps, Porsche continuait de buter sur des problèmes. Même en « s’inspirant » de la Tatra V570 et des travaux de Ford (qui lui ouvrit bien grand ses portes.) Grâce aux fonds du Deutsche Arbeitsfront, la Deutsches Volkswagens pu demander au Suisse Waibel de lui carrosser quelques voitures. De quoi faire de belles photos de propagandes. D’après Volkswagen, 630 voitures de pré-séries (NDLA : d’autres sources parlaient de 750 voitures) sortirent tout de même de KdF-stadt. Elles furent données à de haut-fonctionnaires. A l’automne 1939, la production fut stopper au profit des Kübelwagen et Schwimmwagen.
Le 27 décembre 1945, la production démarra enfin. En 1949, une nouvelle société, Volkswagen Gmbh fut créé. C’était le début d’une success story. A l’époque, Volkswagen Gmbh disait qu’elle n’était pas comptable des dettes de la Gesellschaft zur Vorbereitung des Deutschen Volkswagens mbH, mais si vous aviez un carnet de timbre complet et que vous n’habitiez pas en zone soviétique (la future RDA), elle vous offrait 200 marks de réduction sur une voiture neuve ! Des Allemands attaquèrent en justice le constructeur. La procédure traina d’appels en appels. A chaque fois, VW proposait une réduction (toujours plus importante) sur une voiture neuve. Ce n’est qu’en 1961 que 120 000 plaignants eurent gain de cause. La plupart optèrent pour une voiture.
Volkswagen