Sponsors et partenaires… « ROI » Retour sur Investissements
Simon Pagenaud : « Ça fait plaisir de rentrer au pays parce qu’il y a eu un suivi important ici en France du championnat et puis surtout du titre à la fin de la saison, et on a ressenti ça et nous avons de nombreuses demandes de la part des médias. On a mis en place cette tournée médiatique avec l’Indycar. On commence doucement aujourd’hui et puis à partir de demain ça va s’accélérer particulièrement jusqu’à vendredi. Nos partenaires sont toujours présents avec nous surtout chez Penske, un grand nombre de partenaires qui nous soutiennent. On a besoin de tous ces partenaires là pour faire fonctionner notre écurie de course et de notre côté nous faisons beaucoup de ce que l’on appelle du B2B, du travail en connexion avec chacun. Tous les partenaires que l’on a travaillent ensemble pour accélérer leurs revenus et leur retour sur investissement et c’est quelque chose qui fonctionne excessivement bien particulièrement chez Penske. Cette façon de travailler apporte énormément de respect et cultive la politique sérieuse et honnête de l’ensemble de notre équipe. »
Mes amis et anciens collègues français toujours fidèles
« Tout de suite après avoir remporté mon titre, j’ai reçu de nombreux compliments en provenance de la France, quelques lettres dont celle du président de la fédération française du sport automobile Monsieur Nicolas Deschaux qui m’a fait très plaisir, et il m’a également invité à la remise des prix le 12 décembre; malheureusement je ne pourrai pas être présent car je dois être avec Chevrolet à Detroit à la même date.
J’ai reçu également des messages de Gérard Neveu, de Patrick Gruau de l’ACO qui m’ont fait également très plaisir… J’ai reçu tellement de messages que c’est compliqué de citer tout le monde. J’ai également reçu un chaleureux message de la part de Pierre Fillon. Rien, par contre, en provenance du gouvernement français… mais bon, je suis sûr que je ne suis pas passé inaperçu !
J’ai eu des nouvelles de tous mes anciens patrons d’écuries, notamment Serge Saulnier qui aujourd’hui est aux manettes du circuit de Magny-Cours, puis aussi Jean-Philippe Grand qui a été primordial dans ma vie et dans ma réussite, et puis il y de nombreux signes amicaux de pas mal de mécaniciens qui ont travaillé sur mes voitures dans le passé et ça, ça fait super plaisir. »
Un break laborieux mais indispensable
« Tout de suite après la dernière course, j’ai été sans cesse en déplacement pour satisfaire les besoins médiatiques; d’ailleurs, ça fait plus d’un mois que je n’ai pas mis les pieds chez moi mais c’est un travail qui me fait plaisir, que j’aime faire et qu’il faut faire le mieux possible. C’est là mon deuxième métier. »
Se concentrer sur 2017
« Après il faudra se remettre au boulot au début du mois de novembre. Physiquement et mentalement, et puis aussi avec la voiture pour être top dès le début de l’année prochaine. Je pense que c’est raisonnable de dire que l’on va se battre avec l’objectif de remporter le championnat 2017 à nouveau et surtout l’objectif est de remporter enfin les 500 miles d’Indianapolis. J’ai le sentiment que l’on est passé à côté deux fois de suite alors qu’on avait deux opportunités de gagner. C’est en soi déjà incroyable d’avoir ces opportunités là car tout le monde ne peut pas dire la même chose. On est en passe de se battre pour, il faudra en effet un petit peu de chance. Il ne faut pas oublier que c’est aussi certainement une sorte de loterie. »
L’Amérique peut être un levier séduisant
« Que dirais-je à un jeune pilote français talentueux désireux de s’expatrier aux États-Unis pour tenter d’y faire carrière ? C’est d’abord d’avoir une très grande ouverture d’esprit, de ne pas tomber dans le piège de rester les yeux fermés et braqués sur une seule voie ! Cette posture là, ça ne fonctionne pas ! Impérativement, il faut être capable de s’adapter à toutes les situations et si on doit conduire une voiture d’endurance pendant 5 ans, il faut le faire et peut-être que les choses changeront après. Il faut pas refuser une opportunité qui est réalisable à ce moment-là, il faut toujours aller de l’avant est en allant de l’avant on peut faire avancer les choses. Pour moi c’est ça et c’est surtout jamais, jamais abandonner ! »
Regard sur le vieux continent
« Mon avenir en Europe je ne sais pas… il y a bien le WEC et les 24 heures du Mans, et quelques autres disciplines qui sont encore en plein essor ! Surtout l’endurance, ça c’est très intéressant et puis j’ai surtout le sentiment de ne pas avoir terminé le travail que j’avais entrepris avec Peugeot aux 24 heures du Mans en 2011. Certes, on a fini deuxième mais dans le futur j’aimerais assez y revenir pour essayer de remporter enfin les 24 heures du Mans dans une structure du même style que Peugeot.
La Formule 1 n’est définitivement pas une direction dans laquelle je souhaite m’orienter. Pour moi, l’objectif de ces dix prochaines années reste simple: continuer avec le Team Penske. Rester chez eux, car en effet, c’est vraiment la meilleure équipe qui existe aux États-Unis, et surtout d’essayer de remporter à nouveau le titre et surtout les 500 miles d’Indianapolis… il n’y a rien de plus haut. »
Un homme en or pour la course automobile
« Roger Penske est un homme d’affaire incroyable. A 79 ans il sait encore plus de choses que moi sur son écurie; il est tous les jours en contact avec tout le monde et j’ai énormément de respect pour le personnage à autant de facettes. Côté humain, pour ce qu’il est, puis l’homme d’affaires qu’il est également, pour le passionné de sport automobile qu’il est et qui a fait tellement pour l’Indycar, et tellement pour le NASCAR également… Pour le sport automobile c’est un homme un homme en or !
À lui seul, c’est 50 ans de l’histoire dans le sport automobile américain. C’est l’équipe qui a le plus gros palmarès et pour moi c’est l’équivalent voire même plus d’un Enzo Ferrari. Roger Penske, c’est un cerveau, un universitaire, un sportif, un ancien pilote, un homme d’affaire polyvalent, un homme qui a une longue histoire couronnée de nombreux succès derrière lui. Il me semble même que chez lui, en Amérique, la notoriété de son team est comparable à celle de Ferrari en Formule 1.
Évidemment, je suis très honoré de piloter pour lui, pour son écurie et encore plus le connaître et pouvoir échanger et partager cette passion avec un monsieur aussi élégant dans tous les sens du terme. »
L’Amérique, l’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai
« La vie aux États-Unis est très différente. C’est une culture très différente à laquelle je m’adapte, car il faut savoir s’adapter à tout. Il faut aimer le payer où l’on vit, il n’y a pas le choix. C’est comme ça que l’on avance. Je m’y plais et évidemment je me plais également à revenir en France… la France me manque énormément mais ma vie est pour l’instant là-bas et je vais continuer dans cette direction là. Comment expliquer à un Européen ce qu’est l’Indycar ? C’est avant tout du spectacle, des leçons de vie. Rien n’est jamais gagné, il faut toujours se battre pour la victoire, c’est un sport d’hommes dans lequel faut lutter ! Il faut lutter avec la voiture sur des circuits toujours pas adéquats. Et puis il y a la persévérance : aux États-Unis quand on a du talent, quand on a les bonnes relations et qu’on persévère il y a toujours le succès qui arrive !
Être français n’est pas un avantage ce n’est pas un désavantage. Et puis je vois les Américains comme étant des gens très ouverts d’esprit. Ils aiment bien les Français. Ils aiment bien blaguer sur nous de temps en temps, car on a quand même une étiquette bien accrochée, mais dans l’ensemble, on est bien reçus et on est bien intégrés ça c’est sûr. Et puis, il faut savoir en jouer de temps en temps…
En tant que français dans la vie américaine j’essaie de m’intégrer un maximum. Ma petite amie, Hailey, est américaine, elle vient de San Diego, on vit ensemble à Charlotte, je parle français 10 % du temps et c’est pour cela que je fais quelques erreurs de temps en temps. Maintenant je suis vraiment bilingue et puis je continue à m’adapter aux situations là-bas. »
Saison 2017, nouvelle composition de l’équipe
« Joseph Newgarden, c’est encore un autre pilote qui arrive ! Personnellement pour être absolument honnête, je suis eu un petit peu déçu du départ de Montoya, c’était un pilote et c’est toujours un pilote avec énormément d’expérience avec des références très intéressantes pour l’équipe, surtout sur les ovales.
Mais Joseph va apporter un brin de fresh air (mais de fresh air c’est de l’anglais, c’est bien de l’anglais ça… Tu as vu voilà ce que ça fait de vivre aux États-Unis pendant dix ans ! Reprenons.) Ca va être un brin d’air frais et ça va faire du bien à l’équipe. On va s’adapter avec lui il va falloir remettre en place le groupe de quatre pilotes pour recommencer à trouver une osmose qui était en route avec Juan Pablo… mais Joseph ça a l’air quelqu’un avec qui il est très facile de vivre et je pense que tout va très bien se dérouler. »
Rétroviseur
« Retour vers la saison en 2016 : incontestablement ma plus belle victoire c’est bien celle de Sonoma, c’était une pure domination. On avait une voiture fantastique ! C’était un week-end parfait, phénoménal. Etre au top niveau dans ces moments-là c’est vraiment particulier dans une carrière et ça fait un plaisir indescriptible.
Cette année, j’ai utilisé trois châssis; généralement on utilise trois châssis pas saison. On a un châssis surtout dédié aux circuits routiers et aux ovales courts, c’est le châssis avec lequel j’ai le plus gagné, j’ai gagné cinq courses. Ensuite on a un châssis pour les super speedways, qui est préparé particulièrement pour la vitesse, super poncé partout, ajusté à la perfection, avec le moins possible d’arêtes et d’angles entre les pièces de carrosserie. Il faut s’assurer que tout soit bien lisse sur le plan aérodynamique. C’est une voiture particulière qui est uniquement utilisée aux 500 miles d’Indianapolis et pour Pocono. Et puis on a également un châssis secours en cas d’accident sur les circuits routiers et sur les ovales. »
Évolutions techniques
« Depuis 2012 l’évolution du châssis Dallara s’est orientée en premier lieu côté sécurité avec des renforts, des rajouts de carbone qui servent à renforcer en cas d’impact et également pour empêcher que les éléments de suspension puissent entrer à l’intérieur de la coque et dans le cockpit. Le kit de 2015 était différent de celui de 2016, et pour la saison 2017 les choses seront gelées avec une configuration totalement identique à cette saison 2016. Par contre dès 2018 il y aura une nouvelle évolution donc nous connaîtrons les détails vers la fin de saison prochaine, avec toutefois une certitude, celle de revenir à des appuis aérodynamique moindres. On a des évolutions constantes et c’est ce qui fait que le sport est intéressant aussi. »
Motorisations hybrides ?
« Une évolution vers des solutions hybrides est plus ou moins prévue ? Honnêtement je ne sais pas répondre à cette question; ce que je peux dire c’est que chez Chevrolet (et même avant avec Honda, quand j’étais avec eux), on travaille sur des moteurs V6 à double turbo. Honda est passé du simple au double turbo en 2014.
Ce qui m’impressionne le plus dans la progression technique, c’est qu’aujourd’hui, nous avons des accélérateurs et des commandes sans câble, tout est contrôlé par ordinateur, et on peut tout régler au gré du pilote, exactement comme on le veut… Il y a l’évolution du turbo, et aussi les énormes progrès réalisés dans le couplage entre le turbo et le moteur, de façon à éviter l’effet néfaste du « lag » (décalage), ce temps de réponse est dorénavant supprimé. Les progrès sont tels que nos voitures se conduisent comme des moteurs atmosphériques, sans aucun temps de réponse. »
Escalade technologique, au détriment du confort de pilotage
« Tous les ans les progrès sont incroyables, même au niveau de l’économie de carburant on arrive à des résultats absolument gigantesques. Et toute cette technologie me passionne. Pour revenir à ta question sur l’hybride je ne peux pas m’avancer et affirmer que c’est d’actualité ou que c’est un projet qui est dans les tuyaux, mais ça serait une technologie qui coûterait très cher et l’Indycar reste un spectacle avant tout.
Les voitures sont devenues de plus en plus difficiles à conduire, particulièrement en 2015 avec l’arrivée massive d’appuis aérodynamiques, ce qui rend le pilotage très physique. Pour te donner une idée on a beaucoup plus d’appuis aérodynamiques qu’une Formule 1, et contrairement à la Formule 1, nous n’avons pas de direction assistée, donc le volant est très lourd, et pour tenir jusqu’à deux heures de course avec un volant de plus en plus dur sur des circuits bosselés il faut énormément de préparation physique. Inutile de dire qu’à cause de ça piloter devient compliqué, à tourner le volant, et puis tenir la tête aussi quand sur certaines grandes et longues courbes on prend plus de 5G d’accélération en latéral… Ce n’est pas facile.
Il faut donc physiquement s’entraîner énormément, qui plus est, il y a un tel niveau de pilotage entre les écuries, les pilotes… Arriver à faire une pole position est du ressort de l’exploit ! »
Indycar et Formule 1
« Comparer l’Indycar à la Formule 1 ? Là aussi c’est compliqué. Côté spectacle, l’Indycar gagne du terrain, mais on part de beaucoup plus bas, car la F1 est connue depuis tellement d’années, et a connu une période tellement forte qu’elle devrait avoir du mal à demeurer à ce niveau là encore longtemps, sauf miracle avec la prise en main de John Malone et de son organisation Liberty Media.
Par ailleurs, pour ce qui est de comparer les budgets, je crois que pour une écurie de Formule 1 on parle de sommes de l’ordre de 700 millions de dollars par saison, par contre pour nous, nos budgets de fonctionnement pour gagner le championnat ne dépassent jamais 10 millions par voiture. L’Indycar reste avant tout un spectacle dont la recherche et le développement s’orientent surtout vers l’amélioration de la sécurité du pilote. Hormis nos réglages propres, tous nos châssis sont identiques, tous fabriqués par Dallara depuis 2012 en exclusivité pour les Verizon IndyCar Series.
Question moteur, deux constructeurs se livrent un duel dans les règles : Chevrolet et Honda. Enfin, l’autre grande différence avec la F1, vient du fait de la diversité des circuits entre les ovales, les super speedways, les tracés urbains et enfin les circuits routiers. »
Un empire au service de la compétition
« En revenant sur le personnage qu’est Roger Penske, c’est un véritable colosse dans l’industrie automobile ; pour vous donner une petite idée, son groupe est le plus gros revendeur de Toyota au monde. Et comme Toyota est le plus gros constructeur automobile du monde, je vous laisse apprécier… 280 concessions aux États-Unis et autant en Europe, et encore il faut y ajouter une organisation regroupant plus de 500 dealers partout dans le monde représentant sous la bannière Penske Dealership Brands des marques telles que Acura, Alfa Romeo, Aston Martin, Audi, Bentley, BMW, Bugatti, Cadillac, Chevrolet, Chrysler, Dodge, Ferrari, Fiat, Ford, Honda, Hyundai, Infiniti, Jaguar, Jeep, Lamborghini, Land Rover, Lexus, Lincoln, Maserati, Mazda, McLaren, Mercedes-Benz, MINI, Nissan, Porsche, RAM, Range Rover, Rolls-Royce, SEAT, Skoda, smart, Sprinter, Suzuki Toyota, Volkswagen et Volvo… mais ce n’est pas tout ! Il a également une énorme entreprise de transports et logistique aux États-Unis, l’entité des locations de camions Penske Truck Leasing et aussi Detroit Diesel qui fabrique des moteurs de sous-marins, de tanks, de chars d’assaut et de presque tous les gros camions américains. C’est monstrueux… et Roger est partout: il travaille 15 heures par jour, 7 jours sur 7, 365 jours par an. Le mardi il peut voyager en Australie, le jeudi en réunion à Paris, le vendredi encore ailleurs et tous les weekends sur les circuits avec nous. Je rappelle qu’il aura 80 ans le 20 février prochain ! Ca laisse rêveur et admiratif ! C’est un empire, qui est articulé autour de la passion des sports mécaniques. C’est un véritable honneur de travailler et partager cette passion avec un tel homme. J’en suis très fier. »
Propos recueillis par Jacques SamAlens (StrategiesAutoMotive Communications)
Crédit photos : Thierry Thomassin, Christophe Labédan, Jacques SamAlens