Le motif de l’arrestation est l’interception par les douanes japonaises d’un paquet envoyé depuis les Etats-Unis à l’adresse de Madame Hamp qui contenait cinquante sept pilules d’un médicament à base d’Oxycodone, un analgésique stupéfiant interdit d’importation au Japon sauf autorisation préalable. Le médicament est prescrit régulièrement aux Etats-Unis et dans d’autres pays, y compris sous forme dérivée au Japon où son utilisation est cependant très contrôlée. Julie Hamp risque au minimum une expulsion mais aussi de la prison ferme vue la quantité concernée. Une étudiante américaine dans un cas similaire a passé trois semaines en prison l’été dernier avant d’être libérée et expulsée suite à une intervention de l’Ambassade des Etats-Unis.
Cette curieuse affaire tombe très mal pour Toyota et Akio Toyoda en particulier, qui multiplie les efforts pour ouvrir les structures dirigeantes au monde extérieur. C’est dans ce cadre qu’est intervenue la nomination de Didier Leroy au poste de vice-président, et dans le même temps celle de Julie Hamp. Cette dernière, Américaine, est entrée à la communication chez Toyota aux Etats-Unis en 2012 après une carrière remarquée au même poste chez General Motors. Elle a gagné la confiance du président de Toyota et s’est engagée dans un travail de profondeur pour humaniser la communication du géant japonais depuis sa nomination au siège de l’entreprise en avril. Akio Toyoda, dans une conférence de presse organisée à la hâte ce vendredi à Tokyo, a indiqué croire que Hamp n’avait pas l’intention de faire quelque chose d’illégal et la soutient à ce stade de l’enquête.
Mais la culture d’entreprise japonaise est sans pitié. Même si Madame Hamp a agi en toute innocence, son affaire a créé des remous dans ce qui doit être à tout moment une surface lisse et harmonieuse. La profusion d’excuses d’Akio Toyoda lors de la conférence de presse, alors que l’entreprise n’est pas concernée par l’affaire, un rituel bien rôdé au Japon, en est l’illustration. Le monde du business japonais ne s’ouvre pas de gaité de coeur aux outsiders et les plus conservateurs des commentateurs japonais affûtent déjà leurs petites phrases sur l’air de « C’était à prévoir ». Cela ne va pas simplifier la mission que s’est attribuée Akio Toyoda au sein de l’entreprise, et le traitement réservée à un citoyen américain de la stature de Julie Hamp ne va pas passer inaperçu aux Etats-Unis… L’affaire ne fait que commencer.
Source : Reuters, Jiji Press, Japan Times.
Crédit photo : Toyota