Le terme « circuit abandonné » recouvre de nombreuses réalités. Dans le monde, on est rarement loin d’un lieu ayant accueilli un circuit (surtout en Europe de l’ouest et aux Etats-Unis.) Il y a des circuits en piteux état, mais toujours actifs (au hasard, Chennai.) Des circuits sans activité depuis peu (Ordos, Inje…) et qui pourraient repartir aussitôt. Certaines pistes ont été longtemps abandonnées, avant d’être ressuscités (Donington, le Virginia International Raceway…) Certains vieux circuits ont une piste « historique » à l’abandon et un tracé moderne, toujours en activité (comme Spa, Monza, Brno…) D’autres n’accueillent plus que des courses de club (Mondello Park, Castle Combs…), se limitent aux réunions d’anciennes (Goodwood, Montlhéry…), voir à des écoles de pilotage (La Châtre, Miramas…) Beaucoup de tracés anciens empruntaient des routes « normales ». Ils sont donc toujours debout (Reims, l’Avus…), même si parfois, les infrastructures ont disparu (cf. Rouen-les-essarts, la Solitude et de nombreux circuits urbains.) Certains sites privés sont juste envahi par la végétation (comme Keimola ou Sitges-Terramar), en théorie, il suffirait d’un peu de désherbant et un nouvel asphalte pour les rouvrir. Dans certains cas, il ne reste que des bouts d’un circuit (comme à Riverside ou à Brooklands.) Enfin, dans des cas -très rares, heureusement,- les promoteurs immobiliers ont méticuleusement détruit chaque cm² (ce fut le destin des circuits de Las Vegas et de Jacarepagua.)
A force de trainer sur les forums spécialisés, S.S. Collins a eu envie de voir avec ses propres yeux ce qu’il restait des différents circuits mythiques. Conscient de ses limites, il a embauché un photographe professionnel, Gavin D. Ireland pour immortaliser leurs visites.
Ils se sont ainsi rendus sur 9 sites (l’Avus, Brooklands, Crystal Palace, Keimola, Masarykring/Brno, l’autodrome de Monza, Montlhéry, le Sudkurve du Nürburgring et Reims.) On découvre une ère révolu, où il n’y avait ni TV, ni championnats. Les promoteurs organisaient des meetings et ils devaient tant bien que mal convaincre concurrents et spectateurs de venir. Chaque circuit était en compétition avec ses voisins. Brooklands, premier circuit permanent, fut ringardisé par l’apparition de circuits plus modernes.
Puis chaque chapitre se termine par « que sont-ils devenus » ? On découvre des destins très hétérogènes. Brno, Monza et le Nürburgring disposent d’une piste moderne, encore utilisée. A Reims, des bénévoles restaurent les bâtiments. Montlhéry accueille des meetings d’anciennes. Mercedes et le musée de Brooklands tentent de sauver l’existant. Par contre, l’Avus et Keimola font figure de belles endormies…
Le livre est exclusivement disponible sous forme numérique, auprès de Veloce Publishing (site ici.) Le site est original et c’est un très bon point. Il fourmille d’anecdotes intéressantes. On sent que c’est un travail de passionnés.
La forme est un peu datée, alors que la tendance est aux « scrapbooks ». Il aurait fallu davantage de photos. A Reims, on aurait préféré qu’il mettent l’accent sur les bâtiments restaurés et non sur ceux encore en ruine. Et bien sûr, on aurait voulu que d’autres circuits soient traités. A quand un tome 2 ?
Source :
Veloce Publishing