Périphérique parisien à 70 km/h : un bilan contesté et contestable

Un an après la mise en place de la vitesse limitée à 70 km/h sur le périphérique parisien, la Mairie de Paris et la Préfecture de police viennent de publier le premier bilan en terme d’accidentologie mais aussi de vitesse moyenne. Bilan évidemment flatteur pour la mesure tant contestée.

Un bilan présenté de manière positive même si plus de tués

Lors de la mise en place de la vitesse à 70 km/h du périphérique parisien, la Mairie affichait des objectifs ambitieux que ce soit sur la pollution atmosphérique (-5% prévus), sur le nombre d’accident (-23% estimés) et même sur le nombre de blessés graves et de tués (-65% attendus). Même s’il est difficile de faire un bilan avec aussi peu de données et surtout avec autant de paramètres influant sur les données (météorologie, travaux sur la voie, volume du trafic, etc.) la Préfecture de Police et la Mairie de Paris osent le faire.

Selon les constats de la Préfecture, le nombre d’accidents est en baisse de 15,5% et la Mairie de Paris souligne que c’est à l’opposé de l’Ile de France dans son ensemble qui voit cette statistique augmenter de 5%. Du coté des blessés cela baisse de 14,5% en revanche le nombre de morts augmente de 75% ! Bon en passant de 4 à 7 on a forcément des pourcentages énormes mais la Mairie elle-même jouait sur ces chiffres pour avancer des baisses prévues considérables. On n’atteint donc pas les 23% de baisse sur le nombre d’accidents même si 15,5% n’est pas si mal en soit.

La Préfecture de Police et la Mairie se réjouissent également de la vitesse moyenne du périphérique qui serait en hausse. Avec une vitesse maximale plus faible, l’insertion est parait-il plus facile et l’effet « accordéon » (ou « bouchons fantômes ») est réduit. La vitesse moyenne constatée le matin passe de 32,6 à 38,4 km/h le matin et de 30,3 à 33,9 km/h le soir. Pourtant les « sondages » des usagers du périphérique ne signalent pas une amélioration perçue. D’un point de vu nuisances sonores, le constat fait est là encore positif -1,2 dB(A) la nuit et -0,5 dB(A) en journée.

3 fois plus de PVs

Tout cela c’est bien beau mais…une baisse de 1 dB(A) et totalement imperceptible par l’oreille humaine (on considère généralement qu’en dessous de 3 dB(A) de variation personne ne percevra la différence). Les chiffres de bruit sont donc totalement inutiles dans ce constat si ce n’est pour faire joli dans le tableau.

De plus si la vitesse maximale a été diminuée, c’est surtout au profit des radars ! En effet en plus d’avoir vu leur nombre plus que doubler, ceux-ci ont enregistré une hausse vertigineuse des infractions avec 461 596 PV contre 138 138 en 2013. Une belle hausse de 234% !

Il manque surtout une donnée fondamentale dans le rapport de la Préfecture de Police et de la Mairie de Paris, le volume total du trafic routier passé par le périphérique. Car si en 2014 celui-ci est moins important qu’en 2013, alors les baisses constatées n’ont plus rien à voir avec une quelconque baisse de la vitesse limite à 70 km/h.

Et n’est-il pas paradoxale d’expliquer que la vitesse moyenne augmente considérablement (+17,8%) mais que cela fait baisser le nombre d’accidents ? Un beau pied de nez à Monsieur Cazeneuve qui veut expérimenter la baisse à 80 km/h de la limitation sur route non ?

Moins de pollution ? Vraiment ?

Enfin les « pollutologues » respectés dont ceux de AirParif estiment (voir ici) qu’une baisse de 20 km/h de la vitesse maximale aurait un « impact (…) limité et ne dépasserait pas 3% de réduction des émissions ». AirParif estime même (voir ici)  que le gain technologique des véhicules récents (et donc moins polluants) est plus important qu’une baisse de 10 km/h de la vitesse maximale. En gros chaque année les émissions polluantes baissent d’elles-même avec l’évolution du parc automobile ! Pire, en réduisant la vitesse maximale on peut induire une hausse des émissions de benzène (cancérigène reconnu) par les moteurs essence..

La Mairie de Paris de son coté reste très floue en avançant simplement un « impact positif » et on persiste et signe. Christophe Nadjovski, adjoint EELV chargé des transports, a même évoqué sur Europe 1 la possibilité d’un passage à 50 km/h pour le boulevard périphérique et que le but final était de rediriger les automobilistes vers la grande ceinture. Une manière de réduire considérablement les accidents sur le « périphe ».

Source : JDD, AirParif, Europe 1, illustration : Wikimedia (Geralix)

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