Né le 12 avril 1917, Robert Manzon apprend à conduire en empruntant des taxis. Il effectue ses premières compétitions en rallye à partir de 1946, mais rapidement décide de se tourner vers les voitures de sport et tout particulièrement les monoplaces. En 1947, il termine troisième de sa première course sur circuit devant Amédée Gordini, un exploit qu’il réitère un peu plus tard et qui décide ce-même Gordini à le prendre sous son aile. Son nom reste associé à celui du « Sorcier », avec lequel il partagera l’essentiel de sa carrière en monoplace. Il est l’un des « Mousquetaires » de Gordini avec André Simon, Maurice Trintignant et Jean Behra. En 1950, il participe à sa première course de Formule Un à Monaco. Il totalisera vingt-huit départs en Grand Prix, réussissant à monter deux fois sur le podium (deux troisième places, une chez Gordini à Spa Francorchamps et une en France pour Ferrari, qu’il avait rejoint en 1954 avant de retourner chez Gordini pour les saisons 1955 et 1956). Bien qu’il ne représente pas le plus grand palmarès du sport automobile français, Robert Mazon a tout de même réussi quelques coups d’éclat notamment sur des courses hors championnat comme il en existait à l’époque. Il avait pris la deuxième place au Grand Prix de Marseille en 1952 ainsi qu’au Grand Prix de Bordeaux au cours de l’année 1954. Son résultat le plus probant étant une victoire en 1956 au Grand Prix de Naples. Il compte également six participations aux 24 heures du Mans.
Il a 39 ans en 1956 lorsqu’il décide de se retirer des circuits après un ultime Grand Prix à Monza. Cependant, la passion de l’automobile ne le quitte pas puisqu’il s’occupe, après sa retraite sportive, du garage familial devenu concessionnaire Renault. Soucieux de garder un pied (et même plus) dans le sport automobile, il avait fondé en 1962, avec Louis Chiron, Juan Manuel Fangio, Paul Frère, Nino Farina, Gianfranco Comotti, Albert Divo, Emmanuel de Graffenried et Yves Giraud Cabantous, le Club International des Anciens Pilotes de F1.
Robert Manzon mentionnait en 2004 les différences entre la Formule Un du début des années 1950 et celle des années 2000 : « J’ai eu la chance de courir dans une époque fabuleuse. C’était un monde différent de ce qu’il est aujourd’hui. A cette époque, l’objectif était de voir le drapeau à damier. On ne pensait pas du tout aux points. La course était un pur plaisir, et la publicité n’était encore nulle part. La plupart d’entre nous ont eu le temps d’acheter nos voitures nous-mêmes, elles ont coûté une fortune. Aujourd’hui, les pilotes reçoivent gratuitement les voitures et font fortune ».
En 2008, alors âgé de plus de 90 ans, il avait repris le volant d’une Gordini lors du Grand Prix Historique de Marseille.
La disparition de Robert Manzon fait suite à celle de Jean-Pierre Beltoise, décédé il y a 15 jours. Le sport automobile français perd en peu de temps, deux de ses plus illustres représentants.
Le blog auto présente ses sincères condoléances à son fils Jean-Pierre, et à sa fille Danielle.
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