Dans des conditions un peu particulières avec l’accident très spectaculaire de Mark Webber, Porsche a remporté la dernière levée de cette saison d’endurance. Toyota de son coté s’adjuge le titre constructeur et regarde déjà vers 2015 et les 24 heures du Mans.
Avec le titre pilotes attribué à Bahreïn, il restait à connaître le constructeur roi de la discipline pour 2014, que ce soit en LM P1, mais également en LM P2 et en GTE. Un final à suspense donc sur une piste plutôt étroite et courte et où donc il y a beaucoup de retardataires à doubler, très tôt dans la course et tout le temps.
Qualifications : Porsche impressionnant
Les deux Porsche 919 Hybrid ont rapidement montré le bout de leur nez dès les premiers essais libres. Visiblement très à l’aise sur la piste de Sao Paulo, les Porsche devançaient largement les Audi, Toyota se tenant en retrait. Mais durant la qualification, Toyota a haussé son niveau de performance pour placer la numéro 8 juste derrière les intouchables 919 Hybrid. La numéro 20 de Bernhard, Webber et Hartley décroche la pole pour un dixième devant la numéro 14 de Dumas, Jani et Lieb. C’est la troisième pole consécutive de Porsche (la 4ème de la saison en 8 épreuves) et si Porsche finit en trombe coté pole position, il est à noter que Audi n’a décroché aucune pole en 2014 !
Du coté des LM P1L (thermiques non hybrides), Rebellion place les deux R-One à moins de 4 secondes de la pole en 7 et 8 ème position. Ils sont suivis par la CLM P1/01 – AER à un peu plus de 4 secondes.
En LM P2, la Ligier JS P2 à moteur Nissan a trusté la première place de la catégorie durant tous les essais libres. En qualifications, Roman Rusinov, Olivier Pla et Julien Canal n’ont laisse à personne le soin de signer la pole LM P2. La Ligier devance trois Oreca 03R. En GTE Aston Martin est l’équipe qui termine en trombe en tout cas en qualifications. Si leurs courses ne sont pas toujours couronnées de succès les Vantage V8 réalisent les trois dernières poles de la saison. La numéro 97 de Turner et Mücke devance la Porsche 911 RSR de Frédéric Makowiecki et Patrick Pilet. En troisième position on retrouve la deuxième Aston Martin de Alex Macdowall, Darryl O’Young et Fernando Rees.
A noter que les GTE tournent entre 10 et 15 secondes plus lentement que les LM P1 et donc qu’en environ 5 ou 6 tours les premiers retardataires vont faire leur apparition rendant la course très difficile.
Course : Porsche contrôle, Webber prend une boîte énorme
Au feu vert, les Porsche 919 Hybrid s’élancent bien et la #20, partant de la pole, prend la tête de la course. La Toyota TS040 #8 prend la 2nde place et la « chasse » commence. La Porsche, aux mains de Bernhard, est plus rapide en ce début de course et commence à creuser un bel écart. Même après avoir cédé le volant à Mark Webber, la Toyota #8 reste derrière la Porsche #20 qui compte plus de 10 secondes d’avance. Le premier fait de course est l’accident de Olivier Pla en LM P2 avec la Ligier JS – P2 (problème de freins visiblement) nécessitant la neutralisation de la course le temps d’évacuer la voiture et réparer les protections. 11 minutes après, Webber reprenait son rythme pour faire remonter l’écart avec la #8.
La seconde Porsche 919 Hybrid a tenté de trouver l’ouverture sur la Toyota, en vain. Juste derrière la Porsche, la première Audi R18 e-tron quattro #1 revenait dans l’aileron arrière de la 919 et après 1/4 de la course aucune hiérarchie ne se dessinait réellement. En LM P1L, deux des voitures connaissaient des soucis mécaniques et devaient passer du temps au garage.
En LM P2, depuis l’accident (sans gravité) de Pla, la voie est royale pour l’Oreca 03R #27 du SMP Racing qui n’a plus qu’à finir la course pour remporter le titre de la catégorie au nez et à la barbe du G-Drive Racing qui était pourtant favori. En GTE, les leaders changent pratiquement à chaque tour.
Mi-course : tout reste à faire
A la mi-course, la Toyota #8 compte 14 secondes de retard sur la Porsche #14 mais les deux prototypes ne se lâchent pas, l’écart varie dans un sens ou dans l’autre en fonction des faits de course mais ne penche jamais franchement pour un camp. La Porche #20, qui au jeu des ravitaillements à pris plusieurs fois la tête de la course, suit d’ailleurs en embuscade prête à jaillir. L’Audi #2 est 4ème à un peu plus de 30 secondes de la tête de course. En LM P2, la #37 fait mieux que « terminer la course » pour le moment puisque l’Oreca 03R a pris la tête après une sortie de piste de la #47.
En GTE c’est désormais la Ferrari #71 de AF Corse qui mène devant la Porsche 911 RSR #92 et l’Aston Martin #99.
Une fin de course tendue jusqu’à l’accident
Mark Webber prend le volant de la Porsche #20 à 17h33 (heure locale) tandis qu’à la faveur de ses dernières pit stops, la Porsche #14 reprend le commandement devant la Toyota #8 et l’Audi #1. Webber a un tour de retard et un peu moins de 1h30 pour tenter de remonter.
Mais à 18h33 des débris de carbone volent dans tous les sens et la caméra finit par se mettre au point sur un prototype disloqué. C’est la Porsche #20 de Webber dont l’arrière est littéralement explosé. La cellule de survie semble intact mais ça a du taper fort. Une Ferrari 458 Italia (la #90) se trouve au fond et on devine un contact entre les deux. Effectivement en revisionnant les images on devine les deux voitures qui se touchent dans le virage numéro 14 « Subida dos boxes » avant l’entrée des stands. La Porsche est projetée dans le mur extérieur et explose.
Evidemment la voiture de sécurité est de sortie et on évacue Mark Webber sur une civière. Il fait un signe de la main avant de quitter le circuit, nous voilà rassurés. Pour Webber ce n’est pas une première puisque en 2003 en F1 il avait percuté à peu près au même endroit le mur avec sa Jaguar (provoquant un sur-accident pour Alonso venant percuter une roue sur la piste). Matteo Cressoni, le pilote de la Ferrari a été gardé en observation pour la nuit mais peut rentrer chez lui. Webber de son coté est resté plus longtemps à l’hôpital. S’il n’a rien de grave, l’Australien souffre de maux de tête, de contusions et a tout oublié de l’accident.
Une première et une dernière
La course se finit sous régime de voiture de sécurité et la Porsche #14 remporte la première victoire pour le constructeur depuis son retour au début de la saison. Evidemment la joie est un peu contenue suite à l’accident de la #20. La Toyota #8 prend la 2nde place et Toyota remporte le tire constructeurs. Après le titre pilotes, Toyota fait pratiquement carton plein puisque ne manque à leur tableau « que » les 24 heures du Mans. L’Audi #1 prend la troisième place et là en revanche c’est la joie. C’est un beau cadeau pour le néo-retraité Tom Kristensen. Pour sa dernière course, « Monsieur Le Mans » s’offre un joli accessit.
En LM P2, la #47 a récupéré la tête de la catégorie quand la #37 est sortie de la piste. La voiture hongkongaise de KCMG remporte la deuxième victoire de suite et sa troisième de la saison, en signant une belle 6 ème place au général. La deuxième LM P2 est loin derrière (et dernière en course) mais là n’était pas l’essentiel pour la #27 qui remporte sur le fil le championnat LM P2. Le pilote russe Serguey Zlobin remporte seul le titre de la catégorie.
En GTE l’Aston Martin #97 devance la Porsche 911 RSR #92 et la Ferrari F458 Italia #71. Au championnat, AF Corse était assuré du titre. Bruni et Vilander coiffent la couronne GT devant le Français Makowiecki.
La saison 2014, saison du renouveau en endurance se termine sur la première victoire de Porsche et le titre de Toyota. Cela nous promet une saison 2015 passionnante. Porsche qui capitalisera sur sa première saison, Audi qui semble en retrait mais misera tout une fois de plus sur les 24 heures du Mans, Toyota qui pourrait enfin toucher le graal, avec en prime le retour de Nissan en LM P1.
Crédit images : FIA WEC