British F3 (1951-2014)

C’est officiel : il n’y aura pas de championnat britannique de F3 en 2015. Le genre de nouvelles que l’on craignait. La fin d’une tradition remontant à 1951 (les Britanniques sont d’ailleurs les inventeurs de la discipline.) Cao Hong Wei sera donc le dernier champion.

Les pionniers

Au lendemain de la première guerre mondiale, des pilotes amateurs eurent l’idée d’un moteur de moteur posé sur un châssis ultra-léger. C’est ainsi que naquis le cyclecar. Une voiture de course facile à construire, performante et surtout, peu onéreuse.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les pilotes amateurs cherchèrent de nouveau un moyen de courir à peu de frais. Même causes, même conséquences : il placèrent un moteur de moto sur un châssis ultra-léger et voilà les Racer 500. En 1950, la FIA reconnu la discipline et lui donna un nom : formule internationale numéro 3. En 1951, le premier championnat britannique de F3 est organisé. A l’époque, c’est donc une coupe entre gentlemen-drivers. Eric Brandon, un quadragénaire, ouvrit le palmarès.

Mais très vite, la formule s’exporta : France, Italie, Allemagne, Suède… Stirling Moss, puis Mike Hawthorn, se firent remarquer en battant des pilotes beaucoup plus vieux qu’eux. Cooper produisit des châssis à un rythme quasi-industriel, écrasant les réalisations artisanales.

Gloire

Dans les années 60, l’hégémonie de la F3 était totale. Et les Britanniques, mieux organisés, dominaient la discipline. Triompher en Grande-Bretagne, c’était quasiment décrocher un visa pour la F1. Aussi bien pour les pilotes, que pour les écuries (cf. Lotus ou Tyrrell.) Les pilotes du Commonwealth (Australie, Nouvelle-Zélande…) furent les premiers à s’y exiler. Dans les années 70, ils furent supplantés par les Brésiliens, puis l’ensemble du continent Sud-Américain. Avec la crise de 1973, le sport automobile tirait la langue… Pas en Grande-Bretagne, il y a eu jusqu’à 3 championnats de F3, disputés en parallèle !

Le championnat du monde de Grande-Bretagne

La discipline n’est guère affectée par le déclin de l’industrie britannique. Les étrangers se bousculent au portillon. Le triomphe de pilotes comme Nelson Piquet, Ayrton Senna ou Mika Hakkinen souligna encore plus son aspect incontournable. Même les pilotes d’Europe continentale venaient en British F3 ! Au minimum, quelqu’un qui dominait en Allemagne ou en Italie se devait de participer à une ou deux manches, pour prouver sa valeur.

Dans les années 80-90, il y eu une inflation des budgets. Dallara était désormais LE fournisseur. Des équipes comme West Surrey Racing, Promacteme UK, Paul Stewart Racing ou Fortec avaient des moyens techniques et financiers colossaux. Terminé, le mythe du solitaire qui débarque avec un unique mécano et une voiture sur un plateau…

Too much ?

Traditionnellement, la F3 roulait en lever de rideau du BTCC. Mais ce dernier traversait un passage à vide, autour de 2000. Alors le championnat britannique créa son propre calendrier. Il ne voulait plus de circuit comme Croft, Oulton Park ou Thruxton ; elle préférait des circuits comme Spa, Monza ou Hockenheim. Il fallait bien cela pour lutter face à la toute nouvelle F3 Euro Series. Alors que les championnats allemands, italiens et espagnols favorisaient les petites structures, le British F3 visait l’excellence. Les petits budgets furent priées d’aller voir ailleurs. De toutes façons, les « top-team » Carlin, Fortec ou Hitech alignaient chacun 4 ou 5 voitures. Pourquoi s’embêter avec des « petits » ?

La fin sans fin

Le retournement de situation s’est produit en quelques saisons. Après des débuts laborieux, le championnat européen de F3 s’affirma en leader. En 2012, Dallara lança une nouvelle F3, plus couteuses. Trop couteuses pour les équipes moyennes. D’une trentaine de voitures, le British F3 passa à une vingtaine, puis à une douzaine de concurrents. Le championnat tenta de se rapprocher de son homologue européen, mais c’était trop tard. Fin 2012, il fit comme si de rien n’était et il annonça un nouveau calendrier… Les semaines passèrent sans qu’il y ait le moindre inscrit. Finalement, il se positionna en complément du championnat européen, avec un mini-calendrier de 4 manches.

Pour 2014, il voulait remonter la pente. A la première manche, il n’y avait que 6 pilotes -des seconds couteaux-. Par la suite, ils n’étaient parfois que 4 au départ. Les équipes et les pilotes censés arriver en cours de route brillèrent par leur absence.

Continuer à 4 n’avait aucun intérêt pour personne. Le championnat allemand -à peine plus fringuant- refusa une fusion. D’où ce mot « fin ».

Un espoir ?

On l’a vu, le sport auto britannique a longtemps semblé insubmersible. En 2014, les championnats de Formule Renault, de Formule Ford et de F4 ont chacun aligné des pelotons clairsemés. Il y a donc un vrai malaise et il faudrait arrêter le « chacun pour soit ». Idem en Allemagne, où la F3 ATS s’est couru avec une dizaine de pilotes. Des équipes comme Fotec, Double R, EuroInternational ou Motopark préfèrent miser sur l’Europe. Pourtant, elles n’ont pas les moyens de viser les podiums et viennent garnir un peu plus le gruppetto. A croire qu’il vaut mieux être 15e en Europe, que 2e en Allemagne ou en Grande-Bretagne…

Concernant la F3 en Grande-Bretagne, il reste la F3 Cup. Originellement, il s’agissait d’un championnat pour amateurs. Mais il a toujours rêvé d’attirer les jeunes espoirs aux moyens limités (cf. Alice Powell ou Toby Sowery) ou les équipes qui veulent rester modestes (Enigma, Lanan…) Elle aimerait donc bien récupérer les orphelins du British F3. Reste à éviter les erreurs de ce dernier, en dosant habilement compétitivité et budget…

Crédits photos : British F3, sauf photo 2 (Coys), photo 3 (Toyota), photo 4 (Lola) et photo 7 (F3 Cup.)

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