Pas courant de voir une 4CV Renault dans les rues de l’Hexagone ! C’est donc à Cuba que nous aurons la chance de voir le véhicule qui a accompagné toute une époque. Mais comment a-t-elle pu se retrouver là ?
Rappelons tout d’abord que la voiture conçue par Fernand Picard et Charles-Edmond Serre, deux ingénieurs de Renault, est présentée pour la première fois en octobre 1946, suite au développement de trois prototypes, dont deux secrètement pendant l’Occupation. Les deux cadres de Renault, Serre et Picard vont dès octobre 1940 commencer à concevoir ce véhicule populaire en prévision de l’après-guerre. S’il s’agit certes de ce qu’on peut appeler une « petite voiture », elle n’en est pas moins particulièrement spacieuse pour son époque et ses dimensions extérieures.
Ironie de l’histoire : Louis Renault ne croit pas à l’avenir commercial d’une voiture populaire, même si la Volkswagen Coccinelle voit le jour dès 1939. Il n’est donc pas informé du projet. Pour lui l’automobile est un produit de luxe … Mais les mentalités évoluent peu à peu, effet 30 glorieuses aidant.
Fidel Castro aura quant à lui pu très certainement apprécié la publicité de l’époque mettant en avant le fait que la 4CV soit accessible au plus grand nombre : « 4 chevaux, 4 portes,444 000 francs ! » clamaient les premiers slogans ventant ses mérites.
Bingo pour Renault : le succès de la 4CV est si grand qu’elle sera le véhicule le plus vendu en France jusqu’en 1955. C’est même la première voiture française à atteindre une production d’un million d’exemplaires. La production sera essentiellement réalisée à Billancourt, mais une partie se fera également à l’usine de Flins (Seine et Oise). Elle durera de 1947 à 1961, année de sortie du 1 105 547e et dernier exemplaire. La moustache de notre 4 CV cubaine réduite à 3 barrettes permet de dater le véhicule, c’est en effet à partir de 1954 que Renault abandonnera les six barrettes sur la face avant.
Le succès est tel en France que même l’Amérique, en 1951, importe près de 170 000 exemplaires de la 4CV. Certaines d’entre elles finiront dignement leur vie à Cuba, à quelques encablures des côtes américaines.
Crédits Photos : Elisabeth STUDER – www.leblogauto.com