Tel est pris qui croyait prendre
Fin 2007, The Asylum entend parler de Speed Racer. Avec un pitch tombé de photocopieuse, un tâcheron est chargé de tourner un clone. Ils le déguisent en clone de Fast & Furious. Ils le baptisent Street Racer (afin de faire croire à une adaptation du jeu vidéo.) Comme cela, on a trois plagiats en un film ! (NDLA : et trois fois plus de chances qu’un étourdi le ramasse dans un bac à DVD.) Le film apparait au printemps 2008, alors que Speed Racer est projeté en salles. The Asylum sort le faux-champagne : encore une affaire rondement menée…
Mais lorsqu’ils cherchent à le vendre, surprise : il y a un autre Street Racer ! Il s’agit d’un repackaging d’Urban Racer (Stritreysery en V.O.) afin de créer la confusion avec le film de The Asylum. Ruben Dishdishyan les a battu à leur propre jeu ! Ce producteur russe est habitué de ce genre de méfaits. On lui doit ainsi Sherlok Kholms, Lucien Arpène (NDLA : non, ce ne sont pas des fautes de frappe), Moscow Twilight ou Wolfhound (un clone de Beowolf.) N’empêche, lorsque vous en êtes réduit à vouloir parasiter The Asylum, c’est que vous êtes vraiment au bout du rouleau… Et pour « vendre » le film, ils soulignent que de vrais pilotes ont participé au tournage !
Fastov & Furiousov
Bienvenue dans la Russie des nouveaux riches… Ou plutôt, celle des nouveaux beaufs. Avec ses meetings sur des bases aériennes (au milieu des avions qui décollent !) et son goût pour l’ostentatoire. Le réalisateur case un peu de nostalgie de l’URSS et l’intérêt d’avoir de « l’autorité » et de « l’ordre ». Quant aux femmes, elles savent laisser les hommes discuter entre eux des choses importantes (et leur préparer la popote.)
Stepan, ancien tankiste, est désormais mécano spécialisé tuning -et apprenti pilote-. Il travaille avec son petit frère, Mishka. Parmi ses clients, il y a la bourgeoise Katarina, fille du commissaire qui traque les courses illégales. Doker, le beau gosse, est l’ex de Katarina. C’est lui qui organise les courses.
Le scénario tient sur un post-it. Il reprend les poncifs des F&F (la course perdue, la restauration de voitures, la rivalité entre deux hommes, le vol de voitures…) Les personnages sont assez binaires. Le mécano est idéaliste, la gosse de riche se comporte en enfant gâtée et le méchant est fourbe. Pour bien souligner la romance naissante entre Stepan et Katarina, il y a systématiquement un air de guitare sèche lorsqu’ils se croisent ! La continuité ? Nikitos, le premier adversaire de Stepan, a successivement une Mercedes 190, une RX-8 et une Subaru !
Tourné avec les pieds
Budget riquiqui oblige, Fesenko a recruté des acteurs ayant jusqu’ici pas ou peu tourné. La Hongroise Marina Aleksandrova (Katarina) a pour unique fait de gloire d’être mariée à Ivan Stebunov (un routard de la série B russe.) D’où de nombreux regards caméra et des figurants livrés à eux-mêmes. Le film est distribué en France par M6 Vidéo, qui a fait doubler le film en français. Le doublage est hilarant, avec des doubleurs au ton monocorde et des moments où les acteurs jouent les ventriloques !
Pour les voitures, la production semble avoir réuni les voitures du site jackytuning ! Peintures fluos, graphiques affreux… C’est un défilé du mauvais goût. On en serait presque heureux de voir la Subaru rouge terminer dans une guérite ! Les effets spéciaux sont moches et inutiles. L’agression visuelle est également vestimentaire et capillaire. Sans oublier le sponsoring « discret » de Ravenol.
Bref, ce qui fait le sel d’Urban Racer, c’est que le film possède toutes les tares possibles. Scénario sans aucune originalité, acteurs nuls, mise en scène nulle, blagues triviales… A croire qu’ils l’ont fait exprès ! Pour le spectateur déviant, c’est un vrai bonheur.
Studiya Cherepakha, la société de production, semble avoir fait faillite peu après. Le film est donc plus ou moins dans le domaine public… M6 n’hésite pas à le ressortir, puis à le re-ressortir en DVD (avec de nouvelles jaquettes à chaque fois.) Le film est présenté tour à tour comme « une histoire de simples employés de bureau qui font des courses, la nuit », puis comme « une plongée dans la mafia russe ». D’autres distributeurs peu scrupuleux l’ont renommé Turbinador (?) ou 52 seconds (tout ressemblance avec 60 secondes chrono…)