Le film du samedi : Born 2 race

Vers 2000, aux Etats-Unis, il y a tout un engouement autour du tuning. Les histoires de voitures japonaises métamorphosées (avec leur cortège de runs sauvages, de techno et de filles asiatiques) nourrissent les fantasmes. On retrouve le thème dans les jeux vidéo (Need for Speed Underground, Street Racing Syndicate…), à la TV (Trick it out…) et bien sûr, au cinéma, avec Fast & Furious. Pour les producteurs de séries B, c’est très tentant : deux voitures tunées (une pour le gentil, une pour le méchant), une caméra folle, des épaves (on va quand même pas casser des voitures neuves, non ?) et c’est marre !

Le film de genre, c’est un produit et rien n’est laissé au hasard. Le titre « Born 2 race » semble anodin. A l’origine, il devait s’appeler Racer High (dans le sens « le lycée du pilotage ».) Pourquoi ce changement ? Un nom en « B », c’est pour être en tête des recherches sur Amazon (les internautes ont la flemme de se farcir des pages et des pages de réponses.) Le « 2 » laisse sous-entendre que c’est une suite (sur le modèle de 2Fast 2Furious), de quoi rassurer le chaland (notamment à l’exportation.) Cocorico, le réalisateur est un Français, Alex Ranivarelo.

Justement, l’action débute comme si c’était une suite. Danny Krueger annonce qu’il arrête les courses de rue. Désormais, il est pilote professionnel (sur Subaru WRX STI.) Présent à un run sauvage, il accepte quand même d’affronter un jeune coq. Sur le modèle de Fast & Furious,  on voit le NOX se répandre dans le moteur (un 4 cylindres-en-ligne !) Danny gagne… Et il se paye une voiture de police. (NDLA : en fait, c’est un remake du court-métrage The last race, toute première production de Ranarivelo.) Après cette mésaventure, sa mère l’expédie chez son père, Frank, un ex-pilote de Nascar. Frank oblige Danny à prendre des cours de pilotage. Désormais, il fera du dragster… Et continuera à disputer des courses illégales.

Bien sûr, il y a l’inévitable scène où le héros récupère une épave (une Impreza WRX STI) et la prépare lui-même. La film est sponsorisé par Subaru, mais curieusement, la voiture perd ses badges. Et oui, on nous refait le coup des boîtes manuelles à 18 vitesses (au moins.) Notez que l’Impreza blanche avec bandes rouges a pas mal essaimé sur le web, avec de nombreuses répliques et des « mods » pour jeux vidéo.

Ranivarelo a écrit son scénario en 2002. The last race devait servir à appâter les producteurs. Il a dû attendre 9 ans pour le transposer à l’écran. Le seul qui en a voulu, c’est American Cinema International, un producteur de série B. D’où un budget misérable. Ainsi les acteurs (Joseph Cross, John Pyper-Ferguson, Nicole Badaan…) sont de parfaits inconnus, qui ont essentiellement fait de la figuration dans des séries TV. Lorsque la Mustang GT noire de l’affiche part au tas, elle se « transforme » en modèle V6 de 2005. Sur les circuits, Danny n’a même pas droit à une combinaison et son casque est une sous-marque acheté en promo à Autobacs.

C’est un remake fauché des 3 premiers Fast & Furious et on ne peut qu’être indulgent. Au moins, il n’y a pas trop d’effets spéciaux.

Le milieu du tuning, en Californie, est intimement lié aux communautés chinoises et philippines. Mais la production les a gommé du scénario de Ranarivelo : pour vendre un film en Asie, il faut uniquement des gweilo ! La présence d’Asiatiques ne ferait pas assez « Américain ». Ali Afshar, co-scénariste, s’offre un cameo.

Notez que cette fausse suite a eu une vraie suite ! Born to race : fast track est apparu en 2013… Avec un tout nouveau casting. Et évidement, Ali Afshar s’invite de nouveau dedans.

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