230 pur-sangs
Dans la recherche de poids, le bloc perd logiquement son cache. Le bloc Renault s’expose à nu. Le quatre cylindres 2 litres est accouplé à un turbo double-entrée Mitsubishi. Comme sur la R26, il est poussé à 230ch (contre 225ch sur les RS, Trophy et F1 Team.) L’actuelle RS possède 265ch.
La boîte est une Nissan manuelle (JATCO), à 6 rapports. Depuis toujours, Renault est hostile aux boîtes automatiques. Aujourd’hui, seule la Clio RS a droit à une boîte EDC. Dommage car cela aurait souligné l’influence de la F1 sur la R26.R. En 2008, les launch control sont encore extrêmement rares. Tant pis pour les garagistes du dimanche, la R26.R se démarre à l’ancienne !
Enfin, il y a un échappement en titane, qui apporte un feulement dans les accélérations.
Everything is awesome
La Megane RS, c’est Alain Prost : rapide, mais trop clinique, donc ennuyeux au final. A contrario, la R26.R, c’est Jean Alesi ! Il y a bien sur les 5 chevaux en plus et les 130 kilos en moins. Mais surtout, elle possède des réglages plus pointus, des pneus spéciaux et aucune insonorisation. Et encore, là, elle est chaussée en Bridgestone ; des Toyo Proxes R888 -de quasi-slicks- sont disponibles. Le comportement en est métamorphosé. Avec 230ch pour 1 232kg, elle donne des coups de pied aux fesses à chaque accélération. Elle ne met que 6,2″ pour atteindre 100km/h (contre 6″ pour la RS actuelle, beaucoup plus puissante.) En plus, elle le fait dans un bruit rageur. Bien calé dans le baquet Sabelt (avec harnais « Farinelli »), on se croirait en course. Une petite route de campagne devient une spéciale de rallye improvisée, avec des vitesses « pas du tout raisonnables », même en virage. Le freinage est au diapason, à donner l’impression qu’on freine du pied gauche ! Il y a de quoi s’amuser lors des journées circuit… Le seul bémol, c’est que lors des départs arrêtés, les roues patinent en première (le défaut classique des tractions.)
Puis il faut lever le pied, pour traverser un village. La direction est assistée et l’embrayage, très léger. De plus, le turbo est présent dés les bas régime. Néanmoins, la R26.R a le défaut de ses qualités : c’est presque une voiture de course. Elle est avant tout typée « circuit », sans aucun compromis, donc peu adaptée au quotidien. Les nids de poule sont une torture pour le dos. Et sur les longs trajets, le bruit est insupportable. En prime, faute de banquette arrière, impossible d’aller à la journée circuit en famille.
Conclusion
La Mégane R26.R est une voiture envoûtante. Par rapport à l’actuelle Mégane RS, voire la RB8, elle est beaucoup plus extravertie. C’est une auto « à l’ancienne », sans filet électronique. C’est le pilote qui conduit, pas l’ordinateur. De quoi donner des sensations à celui qui souhaite participer à une journée circuit. D’autant plus qu’elle n’est pas « physique » à piloter. Il faut être bien courageux pour venir par la route avec, voire carrément à l’utiliser au quotidien.
Est-ce que, dans l’absolu, la Renault Megane RS R26.R est une bonne sportive ? Oui. Est-ce que ses performances sont au niveau des compactes sportives de 2014 ? Oui. Elle n’a « vieilli » que sur les détails : une présentation trop sage (et trop proche du modèle d’origine), l’absence de modes « street » et « race » (qui permettraient de régler le comportement en fonction des conditions), de launch control et pour ceux qui le désirent, de boîte séquentielle. Ah ça, pour la piloter, il faut se creuser les méninges et mouiller le maillot !
Aujourd’hui, on sait faire plus performant et moins spartiate pour moins cher. Objectivement, la RS 2014 est plus intéressante. Mais ceux qui privilégient les sensations et le pilotage pur préféreront la R26.R.
Et si vous la vouliez ? Le principal problème, c’est… d’en trouver une. Sur les 450 exemplaires, il n’y en a que 220 à conduite à gauche, dont 126 ont été écoulées en France. Autant dire que la R26.R ne court pas les rues. Ensuite, comptez 25 000€ (sachant qu’elle valait 34 500€ neuve.) A titre indicatif, une R26 « normale » est à 15 000€ et une RS « tout court », à environ 10 000€ (qu’elle soit en 2,0l turbo 230ch ou en dCi 175.) Comme d’habitude, méfiez-vous des annonces avec prix de vente anormalement bas ou des vendeurs trop pressés…
Crédit photos : Joest Jonathan Ouaknine/Le Blog Auto
Merci à Arnaud Deligny et à Greg « Detailling » pour l’essai du véhicule
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