Dans les années 70, il n’y a pas encore de SUV ou de monospaces. Néanmoins, les gens voulaient des voitures plus spacieuses que la normal, plus modulables et éventuellement capable d’un peu de hors-piste. Les 4×4 et les vans étaient jugés trop rustiques. Alors des artisans cherchèrent des réponses. Ca donnera notamment la série des Renault Rodeo.
Des voitures de plages, il y en a eu quelques unes avant la Rodeo. Citons par exemple la Ghia Jolly (1958), la Renault 4 « Plein Air » de Sinpar, la Mini Moke (1964) et surtout, la Citroën Mehari. Raoul Teilhol ne s’en cache pas : il s’est beaucoup inspiré de cette dernière. Avec son Ateliers de Construction du Livradois (ACL), il lance « une Mehari sauce Renault ». Il part d’une plateforme de R4, une carrosserie en polyester et voici la Rodeo de 1970 !
En 1972, il y ajoute une Rodeo sur base R6, avec un avant différent (intégrant des phares de R12) et surtout, un 1,1l 47ch. Renault s’y intéresse et à partir de 1976, les Rodeo arborent des losanges. Elles sont distribuées dans le réseau de la régie. En 1979, la 6 Rodeo subit un lifting pour intégrer des phares de R14. Puis, en 1981, la 5 Rodéo, plus aboutie, remplace les modèles basés sur la R4 et la R6. En 1986, Renault lâche ACL. Teilhol approche Citroën et il lance la Tangara, censée remplacer la Mehari. A la fin des années 80, il dévoile la Theva, sur base AX, puis Teilhol ferme ses portes.
Au même moment, les 4×4 Suzuki/Santana débarquent, annonçant la vague du SUV. En laissant mourir Teilhol/ACL, Renault et Citroën ont donc manqué une occasion de barrer la route aux Japonais.
On est donc face à une 6 Rodéo (type 2B) produite après 1976 (losange Renault), mais avant 1979 (pas de phares de R14.) Quoi qu’en dise les pubs de l’époque, ce n’est pas un vrai tout-terrain (même si certains véhicules ont été équipés d’une transmission 4×4 Sinpar.) Ne serait-ce qu’à cause d’une garde-au-sol trop réduite. En revanche, elle peut se prendre pour un pick-up ou pour un cabriolet. La Mehari a pour elle son apparition dans la série Les gendarmes… et la passion que porte les Citroënistes aux anciennes productions du chevrons. A contrario, les fans de Rodéo ne sont guère nombreux. D’autant plus que le lignes, taillées à la hachette et intégrant maladroitement des composants Renault, ont vieilli. Au moins, la carrosserie ne rouille pas et les pièces détachées (hors carrosserie) sont facile à trouver.
Rustique et spartiate, elle est inutilisable au quotidien. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner l’espèce de bâche, fine comme du papier de cigarette, qui sert de toit… La Rodeo est à réserver pour la maison de campagne, l’été. C’est alors la voiture idéale pour aller à la plage ou pour faire ses courses au village.