Essai rétro Porsche 356 B 1963 : comme au cinéma

Gueule de cinéma

Cette voiture appartient à la société Saint Christophe Paris. Elle est proposée à la location pour des tournages, des opérations marketing ou des mariages. Il y a une demande pour les tournages. Si vous utilisez une voiture neuve, le constructeur voudra mettre son grain de sel (euphémisme.) A contrario, si vous empruntez une vieille voiture, le constructeur ne pourra rien dire. Voilà pourquoi on voit tant d’anciennes, notamment dans les pubs et les clips.

Un rapide tour sur Internet Movie Car Database nous indique que la 356 apparaît très fréquemment au cinéma, bien au-delà des films des années 50-60 ou qui se passent à cette période. Il faut dire que son style est très intemporel. Elle est toute en rondeurs. Avec un profil très pur, sans aileron ni ailes élargies. Seuls les pare-chocs chromés trahissent son époque. A l’instar de la DS, elle a un côté rétro-futuriste. Il s’en dégage aussi une certaine classe.

Comme nous l’avons précisé dans l’historique, Porsche n’a eu de cesse de faire évoluer la 356. Néanmoins, pas question de déformer le dessin d’origine pour y mettre des roues plus larges ou de vrais pare-chocs ! Le constructeur a préféré redessiner la carrosserie pour les intégrer au mieux. Ainsi, cette 356 B garde une ligne assez épurée, même si ses flancs sont davantage sculptés.

En tout cas, la parenté avec la Typ 63 est flagrante. A fortiori en noir.

Petite à l’extérieur, grande à l’intérieur

En général, les voitures ont tendance à beaucoup grossir. Pour s’en convaincre, il suffit de mettre côte à côte une MINI ou une Fiat 500 avec leurs ancêtres respectifs. Chez Porsche, l’inflation est relativement maîtrisée. Par rapport à une 911 A.M. 2014, cette 356 B ne rend que 49cm en longueur (à 4m), 22cm en largeur (à 1,66m) et par contre, elle est plus haute de 2cm.

Les 49cm sont essentiellement pour l’empattement (+35cm), donc l’habitabilité. Néanmoins il faut se souvenir que les membres des familles Piëch et Porsche sont plutôt grands et costauds. « Ferry » Porsche aurait lui-même servi de cobaye pour la position de conduite. De ce fait, aucun problème pour s’installer à bord.

En terme de luminosité et d’espace intérieur, la 356 pourrait donner des leçons à nombre de productions actuelles. La qualité perçue est bluffante pour cette époque et à ce niveau de gamme. Sans oublier le « clap » plutôt rassurant lorsqu’on ferme les portières : Deutsches qualität !

Dès la 356 « Gmünd », Porsche inaugure les fameux combinés de trois compteurs qui font aujourd’hui parti du « langage » du constructeur. Cet exemplaire vient de la Californie, d’où le tachymètre en miles.

Plus de deux occupants ? L’affaire se complique. Une fois que les sièges basculent, on voit apparaitre une scène à la Zola. Visiblement, « Ferry » Porsche avait oublié de s’occuper du sort des passagers. Donc pas de place pour les jambes. Pour des raisons d’aérodynamique, l’arrière est très incliné, sans hauteur sous plafond. Quant au séant, il se limite à une feuille de cuir (amovible) à même la tôle. Gag : le dossier est inclinable et fractionnable.

Le coffre est bien sur à l’avant, mais entre le réservoir et la roue de secours il affiche déjà complet avant que l’on ait tenté d’y ranger quoi que ce soit.

Katrapla

La 356 B existe en trois versions : 1600 « tout court », [1600] S, Super 90 et Carrera. La voiture de cet essai est une S. Son 1600 -directement dérivé du 4 cylindres à plat de la Coccinelle- offre 75ch. C’est presque 2 fois moins que la Carrera (135ch), mais c’est aussi presque 2 fois plus que la « Gmünd » (1,0l 40ch.) Au moins, il a de quoi de respirer sous le capot et il ne chauffe pas.

La vision du bloc moteur, avec le volumineux ventilateur, rappellera bien des souvenirs aux propriétaires de Coccinelle et de 911…

Le « katrapla » n’apprécie pas les températures déjà hivernales et il a du mal à se réveiller. Une fois qu’il tourne, comme d’habitude avec une ancienne, on a l’impression d’avoir mal fermé les portes. Le bruit est assez peu « sportif ». C’est celui d’une VW ; pas le son métallique de la 911.

75ch, ce n’est pas énorme, mais il n’a que 900kg à emmener. Du coup, les accélérations sont franches. Elle n’a aucun mal à s’insérer dans la circulation moderne. Elle a même plutôt tendance à laisser sur place les monospaces familiaux. Origines sportives oblige, elle est très saine, en terme de comportement. Une fois lancé, on se prend au jeu et on veut hausser le rythme, d’autant plus que la boîte 4 est facile à manipuler. Ce n’est pas une anglaise ; elle est taillée pour les « marathons de la route », pas pour les sprints. Le gros volant -un détail typiquement fifties– est un peu disproportionné pour le gabarit. Comme souvent à l’époque, le chauffage est très symbolique et les rétroviseurs microscopiques. Mais le plus gros défaut, c’est le freinage. Il faut écrabouiller la pédale du milieu et là, les quatre tambours agiront. Peut-être. De quoi faire monter le taux d’adrénaline, car faute de ceintures, l’airbag, c’est le pare-brise !

Conclusion

Mis à part le freinage, cette 356 est moins capricieuse que bien des anciennes. Surtout, elle a un charme fou. On comprend pourquoi les réalisateurs aiment bien en utiliser pour les tournages. A titre indicatif, Saint Christophe loue la sienne 750 € la journée, avec chauffeur/accompagnateur.

Du reste, elle est comme une mise en bouche. On voudrait la même avec davantage de watts, un son plus viril… Bref, une 911, quoi. D’ailleurs, c’est lorsque cet exemplaire est sorti de chaîne que Porsche levait le voile sur la « 901 ».

Et si vous en vouliez une ? Incontestablement, elle a une ligne craquante, la mécanique est robuste et l’ensemble respire le sérieux. « C’est Allemand, quoi » comme disait Jacques Brel dans l’Emmerdeur. Aucun souci de fiabilité ; certains l’utilisent même au quotidien. Attention néanmoins car il y a à boire et à manger. Les prix varient de 30 000€ à 200 000€ ! Dans le lot, il faut écarter les faux Speedster, les exemplaires « coursifiés » et les bidouillages. Sachez ensuite que les premiers modèles, plus rares, sont évidemment plus chers. La demande en 356 est supérieure à l’offre. D’où une propension au vol. Méfiez-vous donc des vendeurs trop pressés ou des prix de vente étonnamment bas. Enfin, bien sur, les pièces détachées sont à « prix Porsche ». En conséquence, soyez attentif et prévoyez large côté budget.

Merci à Christophe Cousin pour le prêt de sa voiture.

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La légende de Jimmy

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