En principe, un constructeur automobile implanté sur le marché européen dispose d’une gamme classique qui s’étend de la micro-citadine de segment A jusqu’aux berlines en passant par les SUV et les monospaces. Pas chez Nissan qui, a défaut de compacte de segment C ou de berline de segment D, dispose d’une gamme incroyablement riche en crossovers : les engins hauts sur pattes y sont en surnombre et certains d’entre eux ont même crée de nouveaux segments à eux tous seuls. Après le discret Qashqai et son franc succès commercial, Nissan osait en 2010 un tout petit crossover au style infiniment plus personnel. Certains critiquaient son style rondouillard et très personnel à sa sortie mais trois ans plus tard, force est de constater que le Juke est lui aussi une réussite commerciale et que beaucoup d’autres constructeurs se lancent à leur tour dans ce nouveau segment des crossovers de segment B.
En trois ans de carrière, le Juke semble être aussi devenu un objet incontournable pour les responsables marketing et autres autre ingénieurs fous de la marque. Vous n’avez pas pu passer à coté du Juke R, cet engin surréaliste dans lequel une poignée d’ingénieurs se sont amusés à glisser une mécanique entière de GT-R. Ils ont même récemment poussé le vice jusqu’à le commercialiser en série ultra-limitée à un tarif de près d’un demi-million d’euros : le Mercedes G 65 AMG et ses plus de 240 000 euros sont largement battus. Ça, c’est pour les oligarques et autres milliardaires désireux de s’offrir un jouet unique en son genre. Mais le R n’est plus le seul Juke à avoir des velléités sportives aujourd’hui.
Nismo pour tous
Si vous êtes un geek de l’automobile, vous connaissez forcément le département Nismo de Nissan. Celui-là même qui bosse sur les voitures de course de la marque depuis des décennies et qui a souvent sorti quelques sportives routières revues et corrigées. Évoquez le nom de Nismo 400R à un fan de japonaises et il y a de forte chances pour qu’il se perde en commentaires élogieux. Mais jusqu’ici, ces modèles spéciaux modifiés restaient cantonnés au Japon ou à quelques marchés très spécifiques (en plus de virtuellement peupler les Playstations mondiales). Plus maintenant : Mercedes possède ses modèles AMG, Fiat ses versions Abarth, Volkswagen ses R alors chez Nissan, on s’est dit qu’une vraie gamme mondiale de véhicules badgés Nismo pouvait représenter quelque chose de très cohérent. Alors, ça y est. Le Juke Nismo est le premier modèle européen à passer ses habits Nismo et une grande partie du reste de la gamme disposera prochainement de telles variantes. La 370Z Nismo suivra (nous avons déjà pu l’observer) et la sacro-sainte GT-R n’y coupera pas non plus. L’objectif de Nissan est de proposer une gamme complète Nismo y compris sur les modèles les plus accessibles. Le Juke Nismo n’a donc plus rien d’un R même si son look est à peine moins discret.
La grenouille prend du muscle
Au naturel, le Nissan Juke est déjà un engin relativement détonnant dans le paysage automobile européen. Il l’est donc un peu plus encore dans cette nouvelle version Nismo. Le regard batracien est toujours le même mais l’habillage est plus agressif avec des boucliers plus travaillés, des bas de caisse très marqués, un diffuseur à l’arrière, une sortie d’échappement plus grosse et un gros becquet de toit en plus des jantes spécifiques de 18 pouces en aluminium. C’est sûr, il en fait beaucoup. Mais contrairement au R, ici le ramage ne sert pas à loger un V6 biturbo de GT-R et sa transmission intégrale. Il se contente d’un 1,6 litres suralimenté de 200 chevaux, très proche version du bloc qu’on trouve sous le capot de la nouvelle Clio RS.
A l’intérieur aussi, le Juke Nismo sort le grand jeu. Entre le volant Alcantara, les baquets très sportifs et les multiples touches d’une matière très proche de l’Alcantara dont j’ai oublié le nom, il y a de quoi se croire dans une vraie sportive même si l’on retrouve la planche de bord du Juke au style si rondouillard. Bref, l’agressivité du plumage, l’habillage de l’habitacle et les 200 chevaux de sa fiche technique sont de nature à imaginer une vraie grosse GTI sur la route, capable d’en découdre avec les meilleures sportives du segment B. Dans la réalité, le Juke Nismo joue sur un autre terrain.
Les lois de la physique sont ce qu’elles sont. Le Juke Nismo reste un crossover haut perché dont le poids, plus élevé que celui d’une citadine B, limite les performances. Les accélérations sont raisonnablement impressionnantes mais ce Juke Nismo rend près d’une seconde au 0 à 100 km/h par rapport aux meilleures sprinteuses compactes. Pédale de droite écrasée, les roues avant (le Juke Nismo est une traction, il peut être 4×4 en option) patinent généreusement y compris en sortie de courbe où un différentiel plus sophistiqué aurait été souhaitable pour augmenter le niveau d’efficacité. Comptez par ailleurs sur un train arrière assez baladeur sur les gros freinage avant un virage, qui contraste avec un train avant plutôt sous-vireur.
Le Juke Nismo peut se montrer assez rigolo à malmener sur une petite route grâce à sa direction très précise, ses suspensions nettement raffermies, sa boite 6 agréable, sa sonorité très peu discrète et ce popotin parfois mobile, mais ne comptez pas sur lui pour suivre une Clio RS sur ce genre de terrain. Il n’en est pas capable et Nissan ne s’en cache absolument pas. Quant au moteur en lui-même, il dispose d’un niveau de pêche très appréciable mais se montre assez creux à bas régime. Il sera intéressant de voir s’il présente un caractère différent dans la dernière Clio RS de quatrième génération.
En fait, le Juke Nismo est en quelque sorte une version radicalisée du Juke 1,6L 190 chevaux, équipée de suspensions largement modifiées, d’une direction revue et d’un bloc à la puissance augmentée de 10 chevaux. Pour l’instant, car une version plus extrême est aussi au programme, nous avons d’ailleurs eu l’occasion d’essayer son prototype sur un petit parcours slalom. Un Juke Nismo « RC » dont la puissance est portée à 220 chevaux, avec des trains roulants aux réglages différents. Notre exemplaire d’essai, équipé de quatre roues motrices, semblait nettement plus efficace. Sa commercialisation devrait suivre dans les mois à venir.
Un prix mini. Mini Cooper.
26 450 euros, ce sera le prix de ce Juke Nismo au physique agressif et aux prestations routières rigolotes. C’est quand même 2000 euros plus cher que pour la plupart des citadines sportives du segment B (en prix d’accès), d’autant qu’il faut tout de suite l’oublier si vous cherchez une vraie sportive. La cible de Nissan avec le Juke Nismo, c’est plutôt le Mini Countryman Cooper S et là, son tarif se montre nettement plus avantageux. 26 450 euros, c’est 2000 euros moins cher qu’un Countryman Cooper S d’entrée de gamme. Le Juke Nismo ne possède par ailleurs qu’un seul niveau d’équipement, le plus élevé. Toutes options, donc. Seuls les stickers de carrosserie et la transmission quatre roues motrices sont en plus, à noter que cette dernière n’est disponible qu’en boite automatique.
Alors, pourquoi acheter un Juke Nismo ? Parce que si vous aimez sa gueule, c’est un engin intéressant pour qui recherche un véhicule compact, polyvalent et suffisamment confortable (même fermes, les suspensions restent civilisées pour un usage quotidien)…tout en restant capable de rouler assez fort pour amuser son conducteur sur une petite route de montagne. De temps en temps. En tout cas nous, on serait curieux de voir le résultat d’un duel sur circuit entre un Juke Nismo et un Countryman Cooper S.
+ | Look décalé et assumé
tempérament très fun confort raisonnable présentation intérieure |
– | Efficacité limitée
Tarif légèrement au-dessus d’une sportive de segment B |
Gamme et prix | ||
1.6L Turbo 200 ch | 1.6L Turbo 200 ch
ALL MODE 4×4 M-CVT |
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Juke NISMO | 26 490€ | 29 790€ |
Caractéristiques | ||
1.6L Turbo 200 ch | 1.6L Turbo 200 ch
ALL MODE 4×4 M-CVT |
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Moteur | ||
Type et implantation | 4 cylindres en ligne,
turbo et intercooler |
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Cylindrée (cm3) | 1618 | |
Puissance (ch) à tr/min | 200 à 6000 | |
Couple (Nm) à tr/min | 250 à 2400-4800 | |
Distribution | chaîne | |
Transmission | ||
Roues motrices | Avant | ALL MODE 4×4
avec répartisseur de couple actif |
Boîte de vitesse | manuelle 6 rapports | XTRONIC CVT |
Châssis | ||
Suspension | Arrière Multilink | |
Freins | Disque 296×27 (avant) et 292×9 (arrière) | Disque 296×26 (avant) et 292×9 (arrière) |
Jantes et pneus | 18×7 pouces alliage
avec pneus 225/45R18 |
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Performances | ||
Vitesse maximale | 215 km/h | 200 km/h |
0 à 100 km/h | 7,8 s | 8,2 s |
Consommation | ||
Cycle urbain | 9,1 l/100km | 9,8 l/100km |
Cycle extra-urbain | 5,6 l/100km | 6,0 l/100km |
Cycle mixte | 6,9 l/100km | 7,4 l/100km |
CO2 | 159 g CO2/km | 169 g CO2/km |
Angles admissibles | ||
Attaque / sortie / ventral | 22° / 25° / 20° | |
Dimensions | ||
Longueur | 4165 mm | |
Largeur | 1770 mm | |
Hauteur | 1565 mm | |
Empattement | 2530 mm | |
Voies AV / AR | 1525 mm / 1525 mm | 1525 mm / 1505 mm |
Volume de coffre | 251 dm3 | 207 dm3 |
Réservoir | 46 l | 50 l |
Poids en ordre de marche | 1293 kg | 1430 kg |
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