La Scuderia Ferrari s’immisce dans un imbroglio diplomatique entre l’Italie et l’Inde

L’histoire qui agite le paddock de ce début de week-end à Buddh a pris naissance sur le nez des Ferrari de Fernando Alonso et Felipe Massa où s’affiche de façon inhabituelle le drapeau de la Marine italienne. Cet « hommage à une institution italienne » n’est « pas politique » a beau assurer la Scuderia sur son site web, les Indiens ont une toute autre vue des choses et ne sont pas du tout contents de cette curieuse prise de position à l’occasion de leur Grand Prix national.

L’affichage de ce drapeau sur les voitures rouges prend en effet une toute autre signification si on le remet dans le contexte de l’incident diplomatique survenu entre les autorités italiennes et les autorités indiennes qui détiennent depuis le mois de février deux militaires italiens accusés d’homicide sur deux pêcheurs indiens et en attente de jugement. Les deux hommes faisaient partie d’un détachement accompagnant un navire marchand dans l’Océan Indien et ont tué accidentellement deux marins indiens sur un bateau de pêche lors d’une altercation avec un bateau pirate. Les Indiens et les Italiens disputent les circonstances de l’altercation, en particulier le fait qu’elle a eu lieu dans les eaux internationales (version italienne) ou les eaux territoriales indiennes (version indienne). Les Italiens demandent la libération et le rapatriement des deux militaires arrêtés par la suite et toujours détenus par la police indienne (le récit détaillé de l’affaire est sur wikipedia).

Les autorités indiennes ont évidemment peu apprécié cette ingérence de Ferrari dans leurs affaires intérieures, d’autant que le Ministre des Affaires Etrangères italien a levé toute ambiguité avec un tweet vendredi indiquant que « le geste de Ferrari montre le soutien de tout le pays pour nos marins ». Le Ministère des Affaires Extérieures indien a répliqué en déclarant par la voix de son porte-parole que « l’utilisation d’événements sportifs pour la promotion de causes qui n’ont rien à y voir n’est pas dans l’esprit du sport ». Le pauvre Stefano Domenicali et le reste de l’équipe, visiblement dépassés par une situation dans laquelle ils n’ont aucune responsabilité, ont passé la journée hier à esquiver les questions sur le sujet alors que Montezemolo en rajoutait une couche depuis l’Italie. Bernie et la FIA, mais est-ce une surprise, regardent ailleurs alors qu’ils ont été dans le passé beaucoup plus sévères quand à l’irruption de la politique dans les Grand Prix…

Toujours est-il que les voitures continueront jusqu’à nouvel ordre d’arborer le drapeau pendant le reste du week-end, s’assurant au minimum les attentions des douanes indiennes dont la réputation tâtillonne est déjà légendaire dans le petit monde de la F1 d’habitude. Il risque d’y avoir triple ration de formulaires à l’aéroport lundi matin pour envoyer le matériel vers Abu Dhabi…

Source : James Allen, India Today, Indian Express

Crédit photo : Scuderia Ferrari

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