Essai Nissan GT-R 2012 : la puissance atout prix

On revient toujours sur les lieux de son crime. Voici 3 ans déjà que nous avions essayé la Nissan GT-R R35 sur le circuit de Folembray. Si depuis la piste a vu passer bien des gommes, de notre côté nous avions toujours en mémoire l’odeur des freins chauds en fin de roulage, et le souvenir de 485ch collant le conducteur à son siège baquet. La version 2012 était-elle une arme toujours aussi redoutable? Nous devions en avoir de cœur net et avons réuni le dynamique trio GT-R – Folembray – D. Launay.

En apparence, cette nouvelle mouture de l’utra-sportive de Nissan ne diffère guère de l’ancienne, la seule chose la distinguant étant deux ailettes dessinées dans le bouclier avant de l’auto, qui intègre désormais une bande de diodes. Simple coquetterie? Que nenni, l’auto s’étant taillée la réputation d’être entièrement dédiée à la performance, quitte à se vêtir d’une robe bestiale, manquant de grâce aux yeux de certains. Ce changement discret sert ainsi l’aérodynamisme de la GT-R et améliore son appui au sol. A noter que le Cx affiche un coefficient de 0,26.

Sous le capot aussi les choses ont évolué depuis notre dernière rencontre avec l’auto. Le V6 bi-turbo développe désormais 550ch, avec un couple maximum de 632Nm de 3200 à 5800 tr/min. La cavalerie nous promet un sérieux coup de pied bien placé avec un 0 à 100 en 2,8s, et une VMax de 315km/h. Il tarde de vérifier si le gain de puissance ne nuit pas à l’efficacité qui nous avait marqué.

Avant tout, il faut trouver sa position de conduite. Le volant peut s’ajuster sur de multiples niveaux, et la grande majorité des conducteur devrait trouver leur réglage idéal. Pour l’assise, les sièges sport Recaro en cuir noir qui équipent notre modèle offrent un très bon soutien et s’avèrent très confortables. Bon, cette fois nous sommes en place, nous avons un plein de 74litres, il est temps de passer à l’action !

Nous le savons, le circuit de Folembray et ses 2050m ne vont pas permettre de pousser l’auto à sa vitesse maximum. Mais d’un point de vue pilotage, le pif-paf, la courbe serrée, et celle en fin de ligne (presque) droite vont permettre de bien tester la GT-R et nos nerfs par la même occasion.

Au bout du premier tour on se rappelle déjà ce que l’on avait apprécié sur cette voiture : son aspect démoniaque ! Les accélérations sont décoiffantes, mais même un pilote amateur se retrouvera avec une auto précise, sécurisante et facile à conduire malgré les performances de supercar de cette GT-R. D’autant que toutes aides enclenchées, on a affaire à un bijou technologique rattrapant bien des erreurs. Le petit jeu devient de voir si il est possible de prendre ces aides en défaut. Il nous faudra ainsi entrer très fort dans un virage pour rendre la voiture légèrement sous-vireuse. Mais l’électronique prend vite le relais pour nous permettre de continuer à attaquer, d’autant que les 4 roues motrices rendent la voiture très précise et stable. La puissance passe facilement malgré les 550ch embarqués, sans patinage exagéré ou perte d’adhérence en sortie de virage si on accélère trop tôt.

La boîte de vitesse souffrait de quelques critiques sur les millésimes précédents, et force est de constater que Nissan a pris soin de les écouter. Le passage des rapports est désormais d’une précision et d’une rapidité ne présentant ni à-coup ni temps mort. On reste pédale à fond sur cette boite automatique double embrayage. Les palettes fixes pourront cependant décontenancer les pilotes passant pour la première fois de GT5 à la GT-R. Un coup à prendre rapidement.

Les freins (390mm à l’avant, 380mm à l’arrière) sont très mordants. Il nous faudra une douzaine de tour « à l’attaque » pour les faire chauffer un peu. Une pause entre deux runs de 15mn nous permet de bien sentir leur fumet, nous rassurant sur notre capacité à attaquer qui pourrait être mise en cause tant la voiture ne se retrouve jamais réellement en difficulté.

Cependant au bout d’une heure de roulage, nous sommes obligés de mettre pied à terre. Non qu’il y ait un quelconque souci mécanique, mais notre réservoir s’est évaporé telle une flaque d’eau en plein désert. Avec une moyenne de 60l/100, nous sommes plutôt fier de nous, le service comptabilité un peu moins. La GT-R est une bête de course, et sur circuit elle se comporte comme telle en engloutissant avec gloutonnerie le pétrole qu’on lui apporte. Nous quittons donc le circuit, non sans avoir eu le temps de descendre sous la minute pour un tour complet.

Alors que nous retrouvons les nationales, nous en profitons pour juger l’auto sur route ouverte, Nissan la présentant comme s’adaptant aussi au quotidien. Il est vrai que le volume de 315l permet d’emporter ce qu’il faut de valises pour un week-end. Les places arrières autorisent la présence de deux passagers, à qui ont souhaitera d’être encore de jeunes enfants pour supporter l’exiguïté du lieu. Des sièges plus creusés auraient été un plus.

Les consommations sont annoncées à 17l/100km en cycle urbain, et 11,8l en cycle mixte. Pour notre part, notre parcours en routes dégagées et périphérique parisien nous aura amené dans les 25l/100. On ne va pas nier avoir fait profiter du son du V6 les amateurs de mécanique regardant l’auto, ce qui n’arrange rien à nos affaires. Enfin, en période de bonus/malus, on se doute que la GT-R n’a pas pour vocation d’être bonne élève, et distribue sur son passage 275g/km de Co2.

Oublions l’usage quotidien qui, si il existe, n’est pas la raison d’être principale de la Nissan GT-R. De plus en plus puissante, de plus en plus efficace, cette version 2012 monte encore d’un cran la rivalité qui oppose la japonaise aux supercars du monde entier. Elle dispose des performances dignes (et souvent supérieures) à ses concurrentes, qui ont pour elles un aura manquant encore à la Nissan. Mais à 91.400€, le rapport prix/efficacité est sûrement le meilleur du marché. Pour notre part, à l’heure où l’avenir d’une descendante est incertain nous ne pouvons que dire un mot : encore !

Remerciements : C. Raoult, D. Launay de Karting45

Crédits photos : Nejib Boubaker

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