Alors que Bruxelles, par le biais de son commissaire à la concurrence, Neelie Kroes, veut des explications sur les pressions faites par Paris sur Renault, on s’étonne du retentissement de cet épisode. Interventionnisme d’un actionnaire minoritaire, l’Etat, et découverte par celui-ci de la présence du losange sur le Bosphore, c’est oublier que c’est lui, patron de la Régie et alors seul maître à bord, qui a initié, pérennisé et développé cette présence –réussie- en Turquie.
L’histoire de Renault au pays d’Atatürk débute en 1969, du temps de la Régie Nationale des Usines Renault, quelques mois après la naissance de Dacia. Comme en Roumanie, la R12 sera la star locale et la production démarre en 1971. 20000 d’entre elles quitteront les chaînes de Bursa chaque année. Rustique et facile à entretenir, la « 12 » est adapté au marché local. Les turques vont s’approprier le losange qui trustera, dès lors, la première place du hit parade des ventes. Et comme l’implantation est un succès, les investissements vont se multiplier. En doublant tout d’abord la capacité de production, pour pouvoir accueillir les R9, puis R11, puis, en quadruplant celle-ci, entre 1990 et fin 1994, date de l’introduction en bourse de Renault. Il faut dire que le site de Bursa joue aussi un rôle clef en produisant un million de sous ensembles mécaniques par an. Des moteurs et boite de vitesses moins chers, qui rejoignent ensuite les entrailles des Renault « made in France ». Un gain appréciable pour une entreprise en cours de privatisation et qui doit se présenter sur le marché en tenue honorable ! Les productions de Bursa ont un niveau de qualité comparable aux autres sites du constructeur et la voie ouverte par l’Etat se poursuit aujourd’hui. Suivant la même logique que sa rivale directe 207, en partie produite à Trnava, des Clio III sont construites à Bursa. La IV devrait suivre la même voie. Mais même avec sa capacité portée à 360000 voitures/an, l’usine Oyak Renault doit avant tout produire la Symbol, star du marché local , la Fluence, et ne pourra assembler toutes les Clio IV.
Dans cette histoire de Clio IV, Renault est peut-être passé pour la tête de turc.