Le conseil d’administration de Renault décide de suspendre les activités du groupe en Russie
A l'issue d'un conseil d'administration qui s'est tenu ce mercredi soir au siège de Renault à Paris, l'entreprise a décidé de suspendre immédiatement ses activités industrielles en Russie.
Le groupe précise dans un communiqué que les activités de l'usine Renault de Moscou sont suspendues. Il s’agit du seul site industriel détenu par l'entreprise dans le pays. Son fonctionnement avait dû être interrompu par intermittence ces derniers jours suite à des problèmes logistiques.
Renault évalue les scénarios possibles pour Avtovaz
En ce qui concerne sa filiale Avtovaz, constructeur fabricant de Lada, le groupe indique évaluer "les options possibles concernant sa participation » dans la société, « tout en agissant de manière responsable envers ses 45 000 salariés en Russie".
Pour mémoire, Renault détient Avtovaz via une joint-venture à 69%-32% avec Rostec. L’entreprise vend plus de 90% de sa production en Russie le reste étant principalement expédié vers les pays de la Communauté des États indépendants (CEI), dont la Moldavie, la Géorgie et le Kazakhstan. Elle s’approvisionne pour environ 80 % de ses composants en Russie.
Les ventes de Avtovaz ont augmenté de 10,4 % en 2021 pour atteindre 2,85 milliards d’euros (3,23 milliards de dollars).
Renault revoit ses perspectives financières à la baisse pour 2022
Compte-tenu de la suspension de ses activités en Russie, Renault se voit contraint de réviser à la baisse ses perspectives financières pour l'année 2022. Le groupe table désormais sur une marge opérationnelle de l’ordre de 3%, contre 4% précédemment.
Malgré la guerre en Ukraine, Renault a conservé des liens intacts avec la Russie, son partenaire de longue date, car il s’inquiète du coût élevé qu’induirait son éventuel retrait de de l’entreprise détenue en commun avec son partenaire local, affirmaient il y a 10 jours à peine des personnes proches du dossier.
Renault sous pression
Le groupe Renault est sous pression depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Le constructeur a été cité ce mercredi par le président ukrainien Volodymyr Zelenski parmi les entreprises françaises appelées à quitter la Russie, exhortant ces dernières à cesser d'être "les sponsors de la guerre".
Dmytro Kuleba, le chef de la diplomatie ukrainienne, a appelé quant à lui au "boycott mondial" de l'entreprise.
La Russie : un pays crucial pour les comptes de Renault
La suspension des activités industrielles de Renault en Russie constitue un coup dur pour le groupe. Le pays s’avère en effet crucial pour lui : il représente son deuxième marché mondial. Le constructeur y possède trois usines d'assemblages et y emploie 40.000 salariés.
Notre avis, par leblogauto.com
Renault, avec sa participation de 68% dans AvtoVAZ, le fabricant de la marque Lada datant de l’ère soviétique, et sa dépendance à la Russie pour environ 10% de son chiffre d’affaires ont fait du constructeur automobile le plus exposé parmi ses pairs.
Le groupe automobile veut éviter la nationalisation de AvtoVAZ , constructeur qui joue un rôle clé dans le redressement du groupe.
Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie suscite des inquiétudes dans tout le secteur automobile, la situation ne devrait pas compromettre le redressement de Renault, affirmait toutefois encore il y a peu Jean-Dominique Senard, le président du constructeur. Lequel continue de croire en «la stratégie de long terme» du plan Renaulution.
« Le redressement de Renault est bien engagé, c’est une stratégie de long terme (…) qui va bien au-delà de la situation actuelle en Russie », a ainsi déclaré le 10 mars dernier Jean-Dominique Senard, à Reuters, en marge d’une conférence organisée par l’école d’ingénieurs des Mines ParisTech.
Sources : Renault, Reuters