Métaux pour VE : l’UE réunie pour réduire sa dépendance

Un rapport pour sécuriser l’approvisionnement de l’industrie

Réunis dans un ancien bassin minier, les ministres de l’Industrie des 27 ont planché mardi sur l’approvisionnement futur de l’Europe en lithium, cobalt, nickel, terres rares, aimants permanents ou autres métaux critiques essentiels à la transition énergétique, et tout particulièrement pour la production de véhicules électriques et de leur batterie.

Un rapport « sécuriser l’approvisionnement de l’industrie en matières premières minérales » leur a présenté en vue d’examiner secteur par secteur, leur utilisation, et les tentatives de substitution en cours pour essayer de diminuer leur consommation.

Moteurs électriques et aimants permanents

Les moteurs électriques ont besoin d’aimants permanents pour convertir l’électricité en force motrice, et donc des alliages de terres rares (dysprosium, neodynium, praséodyme) ajoutés à des alliages de fer et à du bore.

L’Europe ne fournit que 1% des métaux bruts nécessaires pour répondre à ce type de besoin, alors que la Chine en procure 65% et 55% des métaux raffinés.

Batteries électriques : besoin majeur en métaux

Les batteries Li-ion destinées au secteur automobile européen sont produites à 66% en Chine (13% aux Etats-Unis, 13% dans les autres pays d’Asie et 8% dans le reste du monde). Elles reposent sur des anodes à base de graphite, des cathodes à base d’alliage de nickel, cobalt et manganèse ou aluminium, ainsi que de lithium.

Pour améliorer les performances (les échanges d’électrons), d’autres métaux sont intégrés en infime quantité comme le titane, le silicium ou le niobium.

L’énergie qu’une batterie est capable de stocker est directement conditionnée par la quantité de lithium que le matériau contenu dans l’électrode positive (cathode) est capable de contenir et d’échanger.

Les batteries devraient garder leur composition actuelle en nickel, cobalt, manganèse et lithium au moins jusqu’en 2030-35, compte-tenu notamment des gigantesques investissements nécessaires pour construire des usines. Les prochaines générations devraient toutefois voir réduire leur teneur en cobalt au profit du nickel.

L’Union européenne qui commence tout juste à lancer ses premières giga-usines de batteries produit seulement 1% des métaux bruts dont elle a besoin, 8% des matériaux raffinés et 9% de ses électrodes.

L’Europe doit quasiment tout importer

Ces métaux s’avèrent donc critiques pour permettre à l’industrie automobile de supprimer d’ici à 2035 les moteurs à combustion, et donc les émissions polluantes.

Or, l’Union européenne n’en produit quasiment pas et doit presque tout importer. « Seuls 2% des métaux dont nous avons besoin pour la transition énergétique sont disponibles sur le continent européen », a dit la ministre française déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, hôte de la réunion.

Comme « nous avons une vraie dépendance aux matières fossiles pour les voitures actuellement (…) on ne voudrait pas passer d’une dépendance à une autre », souligne-t-on dans son entourage.

L’Europe vise 25% de la production mondiale de batteries d’ici 2030 mais avec quels matériaux ?

D’ici à 2030, l’Europe vise 25% de la production mondiale de batteries (contre 3% en 2020). L’explosion des besoins sera particulièrement sensible pour le cobalt et le graphite.

Leur consommation devrait plus que doubler en Europe, à respectivement 83.000 et 610.000 tonnes par an, et celle du lithium devrait décupler à 61.000 tonnes.

La Chine domine totalement le marché

Dans ces trois filières – cobalt, graphite et lithium – la Chine domine totalement le marché. L’Empire du Milieu est le premier producteur et souvent premier consommateur de ces matériaux. Pour satisfaire ses propres besoins – et couper l’herbe sous le pied de ses concurrents ? – la Chine a anticipé le tournant vers l’électrique depuis 20 ans en mettant la main sur de nombreux sites d’extraction minière et en multipliant les usines de raffinage, et désormais de batteries.

Différentes solutions envisagées

Parmi les solutions, figurent notamment la constitution de « plateformes » d’importation auxquelles seraient liées des usines de raffinage européennes.

En parallèle, l’Europe mise fortement sur le recyclage des batteries usagées et l’économie circulaire pour se créer ses propres gisements de métaux et terres rares nécessaires au développement de la filière.

Même si le recyclage ne pourra réellement débuter qu’à la fin de la première génération de batteries, certains industriels estiment que cela doit être anticipé dès maintenant.

L’extraction minière : une solution non négligeable

L’extraction minière occupe également une bonne place dans les discussions.

En ce qui concerne le lithium, quatre projets de mines existent sur le continent européen : Cinovec en République tchèque, porté par European Metals, Keliber en Finlande par Keliber Oy, Wolfsberg en Autriche par European Lithium, et enfin un projet en Allemagne, Zinnval, porté par Deutsche Lithium, indique la Commission. Ces quatre projets pourraient couvrir à terme 80% des besoins européens pour les batteries.

« Quand bien même nous lancerions des travaux » pour encourager l’extraction minière en Europe, « ça ne suffirait pas et de très loin à couvrir nos besoins, les enjeux se situent en premier lieu sur les approvisionnements en dehors de l’UE et sur nos capacités de recyclage et de réutilisation des métaux qui entrent sur le territoire européen », a toutefois souligné Mme Pannier-Runacher mardi matin.

« Notre objectif est de faire un diagnostic commun de manière chiffrée pour les métaux critiques destinés aux batteries électriques et les aimants permanents pour les éoliennes marines. Et sur cette base-là, de construire une feuille de route pour le conseil compétitivité formel à Bruxelles », a-t-elle ajouté.

Notre avis, par leblogauto.com

Il y a urgence, si l’Union européenne ne donne pas un grand coup de collier, on pourrait n’aboutir au final qu’à un « transfert de dépendance ». Mais si les ressources pétrolières se trouvent aux quatre coins de la planète ou presque, favorisant l’émergence d’une géopolitique énergétique et d’une certaine concurrence entre les pays producteurs, la Chine pourrait quant à elle se trouver en situation de quasi-monopole.

Sources : AFP

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. Lithium : l’extraction n’arrive pas à suivre la demande en batterie

(18 commentaires)

    1. Il faut faire près de trente années de politique de dépendance en marche arrière…
      Mais la dépendance du gaz pour l’Europe va poser problème… Surtout avec l’histoire de l’Ukraine.

    2. Le problème en France c’est que tu évoques une « mine » et tu as tout un tas d’écolos qui débarquent pour planter le projet, résultat les matériaux sont extrait ailleurs souvent dans de pire conditions environnementales!

      1. Mais tout à fait @polo vous prêchez à un convaincu !
        …il faut savoir ce que l’on veut ?
        La transition avec zéro pollution, et zéro inconvénient… Ça n’existe pas !

  1. Les déconneurs du monde viennent de s’apercevoir que l’indépendance énergétique du nucléaire, c’était du flan. Pour une fois qu’ils disent quelque chose de sensé. https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/01/24/l-independance-energetique-de-la-france-grace-au-nucleaire-un-tour-de-passe-passe-statistique-et-100-d-importation_6110781_4355770.html
    EDF, dans les faits, n’a ni les moyens d’entretenir ses centrales, que ce soit financier ou technique. En conséquence, la fermeture de 14 centrales, c’est dans l’ordre des choses, et le reste n’est que prétexte. La construction de nouvelles centrales, c’est de la bouffonnerie.
    Pour dire l’intensité de la crise énergétique, même Wikipédia à une page là dessus. De fait, le début de cette crise, c’est 2018-2019. Cela renforce mon analyse sur la crise covid-19. Une crise alibi pour réduire la consommation énergétique de manière autoritaire. Et politiquement peu risquée.
    Qui peut reprocher à un Etat de vouloir protéger sa population, c’est son rôle premier. Mais en oubliant le taux ridicule de mortalité à 0,063 %, et que ce qui est dangereux, c’est d’avoir plus de 80 ans, et encore plus dangereux d’avoir plus de 90 ans, mais ça, on le savait déjà.

    1. Pour mémoire.
      L’uranium naturel importé en France coûte entre 0,5 et 1 milliard par an.
      Le pétrole et le gaz coûtent entre 55 et 70 milliards par an… Et avec la situation internationale, cela pourrait doubler rapidement.
      De l’uranium… il y en a un peu partout dans le monde, et son coût est un peu comme celui du lait contenu dans un yaourt.

    2. Complètement bidon.
      Le coût de l’uranium, c’est 2 à 5% du coût du MWH d’électricité électronucléaire produite en France, avec des fournisseurs sur 4 continents [dont les pays ultra-instables que sont l’Australie et le Canada], des gisements non exploités sur le sol français [ce n’était pas rentable économiquement], et 10 ans de stock de minerai sur notre sol.
      Donc indépendance énergétique totale. Les bidonnages de données par le ministère de la Transition Energétique anti-nuc n’y changera pas grand chose.

      Dingue de penser qu’un président de la république maîtrisait infiniment mieux les notions d’indépendance énergétique qu’un journaliste du monde ou des idéologues du ministère de la TE en 2022.
      https://twitter.com/Mangeon4/status/1441329240893394947?s=20&t=KqllfDILs36JyYDVUxp1MQ

      1. Complément : D’après l’article du monde, on a acheté 8 500 T/an au cours des 16 dernières années.

        On a donc environ 4 ans de stock de matière brute + l’uranium enrichi « prêt à être utilisé » et l’uranium retraité.

        La transformation de l’uranium naturel en combustible est fait en Métropole.

        Globalement, avec 10 fournisseurs différents, 5 ans de stock en métropole et des capacités de recyclage, je pense qu’on peut dire qu’on est indépendant en approvisionnement.

  2. Les moteurs électrique peuvent être à aimant permanent ou avec un électro aimant.
    Chaque technologie a des avantages et des inconvénients mais sont possibles et existent sur le marché.

  3. Du lithium, il y en a aussi pas mal au Portugal, en France (Alsace) en Serbie.
    La Chine domine le marché car ils les produisent pour pas cher et que c’est plus économique pour l’instant d’importer. Les états unis sont aussi très riches en « terres » rares.

    Le problème c’est que les Européens veulent le beurre et l’argent du beurre : les métaux mais pas les mines…

  4. je travaille pour différents projets d’extraction de lithium, et c’est vrai que les règlements européens n’aident pas à l’ouverture d’une mine. Par contre c’est très dynamique au UK, en Cornouailles qui a les même types de roches qu’en Bretagne ou massif central. nous avons un très gros potentiel en France ainsi que sur les saumures hydrothermales notamment en Alsace. (supérieur à nos besoins même avec 100% de BEV).
    il faut aussi rendre en compte le recyclage des batteries et là l’Europe (en dehors de la Chine) va avoir le plus gros gisement mondial car nous avons le parc le plus important.
    lithium, Cobalt, Nickel, manganèse pour les batteries (plus bcp d’aluminium et de cuivre) et terres rares pour les aimants permanents.

    les moteurs à aimants permanent ont une durée de vie de l’ordre de 20 ans, après il faut déconstruire l’aimant pour réaligner la structure des différents métaux et maximiser la polarité. Dans 10 ans ce sera aussi un enjeu majeur.

    on sait recycler les batteries, et aimants mais il faut beaucoup d’énergie et de chimie pour cela, et des investissements rapides si on ne veut pas que nos équipements usagers partent dans des pays lowcosts qui feront le démantèlement et nous revendrons les éléments au prix fort

    1. En fait; il y a 2 questions :
      – De quelle « mise » de départ a t’on besoin ?
      – En régime stabilisé, quelle part de l’existant sais t’on recycler ? De quelle quantité de matériau neuf as t’on besoin ?

      Pour ce besoin identifié, Y at’il des ressources en france ? Sais t’on les exploiter à un coût économique et environnemental réaliste ? Disposer de ces ressources en france est il stratégique ?

  5. France : Xi et Poutine mettent les points sur les i et les traits sur les barres pour le nucléaire français. ça ne sert à rien d’avoir des centrales nucléaires si on n’a pas de combustible, et les producteurs russes et Kazakhs ne seront peut être pas toujours là. C’est sûr que, vue la position géographique du Kazakhstan, celui-ci donnera la priorité au client russe ou chinois plutôt que le lointain français, quelque prix il fut déterminé à payer.

  6. Déclassement aux USA , des capacités de production électrique, notamment nucléaire. Vlan, cinq centrales dans les dents.
    5 réacteurs nucléaires sont fermés en 2021. Problèmes de combustible ??? Prix trop bas du combustible, qui ruinent les exploitants de mines, impossibilité de monter encore plus le prix de l’électricité. La tenaille parfaite.

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