Officiellement, 48 départements, dits de montagne, sont concernés. Les préfets de ces départements, en concertation (plus ou moins) avec les édiles communaux ont décidés des routes et communes concernées à l'intérieur dudit département. Résultat, c'est déjà un peu la cacophonie. Certains départements comme le Puy-de-Dôme sont intégralement sous la loi Montagne, dans d'autres, c'est commune par commune, voire route par route.
La Loi Montagne impose que, du 1er novembre au 31 mars, les automobilistes, mais aussi les utilitaires légers, camions, bus, cars ou camping-cars qui roulent dans les zones désignées doivent avoir des pneus hivers avec le marquage 3PMSF et/ou M+S, ou à défaut, des équipements comme des chaînes ou des chaussettes (version tissus des chaînes).
La loi aurait dû entrer en vigueur déjà l'an passé, mais elle a été repoussée d'un an sur fond de Covid-19. En bons Français, l'anticipation de cette obligation a été négligée et c'est un peu à la dernière minute que beaucoup de personnes sont allés s'équiper. Dans certains cas, les temps d'attente des fameux pneus ont été largement allongés. L'obligation part d'un "bon sentiment" : limiter les bouchons et les accidents dans les communes de montagne avec conducteurs de voitures pas équipées qui se mettent au fossé ou en travers de la route et bloquent tout le monde.
Obligatoire, mais en fait non
Mais, comme rien ne peut être simple en ce bas monde, le décret d'application a été légèrement modifié pour cette année. La non possession des pneus hiver ou des chaînes/chaussettes ne donnera pas lieu à sanction avant l'an prochain. Encore une obligation sans obligation. Le Maire de Gérardmer dans les Vosges a tout de même édité un arrêté municipal. Quiconque passe par sa commune sans lesdits équipements sera passible d'une amende de 35 € (contre 135 € prévus dans la loi Montagne).
Ce n'est d'ailleurs pas la seule aberration de cette loi et de son application. Dans les 48 départements concernés, certains comme les Alpes Maritimes ont deux facettes. La facette montagnarde, et la facette méditerranéenne. A Nice par exemple, la température moyenne basse est de 7° en février. Hors, les pneus hiver sont conseillés en-dessous de 7° et peuvent se dégrader rapidement au-dessus. Il semble alors normal que ce département soit "morcelé" avec des zones concernées et d'autres non.
Mais, alors, pourquoi ne regarder que les départements "de montagne" ? Pourquoi par exemple dans le nord de la France, personne n'est concerné alors que la température moyenne descend sous les 7° ? Outre un Maire qui veut absolument que la loi s'applique à sa commune dès cette années, d'autres en revanche ne veulent pas que leur commune soit concernée et l'ont fait savoir au Préfet. Dans le Puy-de-Dôme, rien n'y a fait. De la plaine de la Limagne à Clermont-Ferrand, le zélé Préfet a mis tout le monde dans le même sac. Au moins vous êtes prévenus, si vous mettez une roue dans le "PdD" vous devez avoir les équipements montés ou dans le coffre.
D'un côté de la route oui, de l'autre, non...
Dans les aberrations, on peut citer Barrancoueu dans les Hautes-Pyrénées. La commune est une enclave. Elle n'est pas concernée par l'obligation d'équipements, mais Areau ou Cadéac qui l'entourent le sont. Et ceux qui sont déjà passés par le col d'Aspin en hiver connaissent les températures et le temps qu'il y fait. Dans le Bas-Rhin, Dieffenthal est encerclée par Dambach-la-ville et par Scherwiller, deux communes où les équipements sont obligatoires.
Evidemment, une carte comme celle décidée par les préfets a forcément des trous ou des situations cocasses. Il faut bien décider de limites et certaines communes sont concernées quand d'autres, limitrophes et à la même topographie ne le sont pas. Le Mayet-de-Montagne dans la Montagne Bourbonnaise n'est pas concernée, mais le Chatel-Montagne à côté oui. Pourtant ce sont deux petites communes situées entre 500 et 900 m d'altitude.
Il y a même beaucoup de cas où une commune est concernée, sauf la rue en limite de commune car souvent à cheval sur deux communes dont une n'est pas concernées. Evidemment, cela complique les choses. Et en fait, le meilleur conseil est d'avoir une paire de chaînes métal ou de chaussettes tissus adaptées à sa monte pneumatique (attention) dans le coffre. Ainsi en traversant une commune, vous n'aurez pas à vous demander si vous êtes dans les clous ou non. L'administration dans toute sa splendeur.
Illustration : leblogauto.com