Le gouvernement allemand prépare les mesures réglementaires nécessaires pour permettre l'exportation et le stockage du gaz à effet de serre dioxyde de carbone (CO2) dans les fonds marins hors d'Allemagne, rapporte le journal allemand Welt am Sonntag. Une manière de « gérer à sa manière » les normes de plus en plus strictes émises par les différentes instances européennes voie internationales pour lutter contre les émissions polluantes ?
Voire de les contourner ? …. Alors même que les constructeurs allemands sont tout particulièrement pointés du doigt depuis l’émergence du scandale du dieselgate, Volkswagen étant à l’origine du scandale qui s’étend désormais à de nombreux groupes automobiles internationaux.
L’Allemagne veut stocker le CO2 dans les fonds marins
Le gouvernement allemand envisage de ratifier la législation internationale sur la prévention de la pollution marine (article 6 modifié du protocole de Londres ), a ainsi indiqué le ministère de l'Environnement au journal.
Des changements dans la réglementation nationale pourraient encore être nécessaires, a toutefois déclaré le ministère, ajoutant qu'il s'attendait à ce que la Commission européenne « réévalue » la technologie dans le cadre de ses propositions de réforme des politiques énergétiques et climatiques de l'UE pour atteindre des objectifs plus ambitieux à l'horizon 2030.
Le stockage de CO2 essentiel pour atteindre la neutralité climatique ?
Selon les scénarios actuels, comme ceux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), de l'Agence internationale de l'énergie (iea) ou du think tank Agora Energiewende , les souterrains de stockages de CO2 sont essentiels pour atteindre la neutralité climatique car certains secteurs, comme l'agriculture ou l'industrie du ciment, n'ont que des options limitées pour économiser du CO2.
Captage et stockage du CO2 : moyen de prolonger l’utilisation des combustibles fossiles ?
En Allemagne, le captage et le stockage du carbone (CSC) ont été considérés de manière très critique, car ils ont été vus dans le passé comme un moyen de prolonger l'utilisation des combustibles fossiles. Cependant, le gouvernement et d'autres parties prenantes tentent de raviver le débat et d'assurer un soutien à l'utilisation de la technologie au moins à l'étranger.
Notre avis, par leblogauto.com
Décidément rusés les Allemands, qui tenteraient par tous les moyens de préserver leur industrie automobile … ?
Dans son étude historique sur les voies possibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'économie, la Fédération des industries allemandes (BDI ), le puissant lobby industriel allemand, a déclaré qu'atteindre un objectif ambitieux de réduction des émissions allant jusqu'à 95 % nécessiterait des sommes exponentiellement plus importantes d'investissements et l'utilisation de « technologies actuellement impopulaires telles que le CSC (captage et le stockage du carbone) », en particulier pour lutter contre les émissions de l'industrie.
Lorsque la chancelière Angela Merkel a annoncé en mai 2019 que l'Allemagne se joindrait à l'engagement d'autres États membres de l'UE de devenir climatiquement neutre d'ici 2050, la dirigeante a clairement indiqué qu'à son avis, cela nécessiterait l'utilisation du du captage et du stockage carbone pour faire face aux émissions inévitables. Remettant ainsi à l'ordre du jour un sujet très controversé outre Rhin.
En matière de stockage de carbone, le gouvernement allemand n'envisage plus de projets à terre, mais vise plutôt à exploiter « le grand potentiel offshore européen » en mer du Nord, et à intensifier la coopération avec les pays voisins.
L'Institut fédéral des géosciences et des ressources naturelles (BGR) évalue les conditions géologiques en Allemagne en coordination avec les services de l'État pour permettre au gouvernement d'évaluer le potentiel de stockage du carbone. Le BGR estime la capacité totale de stockage de l’Allemagne à 20-115 gigatonnes (Gt) en théorie, principalement sous la mer du Nord, selon un porte-parole. Ce dernier ajoutant toutefois qu'une partie de la capacité ne sera probablement pas utilisée car elle est trop chère, trop controversée ou interdite par d'autres facteurs. Le pays émet actuellement environ 0,8 gigatonne de CO2 par an, et les émissions mondiales de CO2 liées à l'énergie s'élèvent à 33 gigatonnes par an.
En janvier 2020, des chercheurs de l’EPFL - Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne - ont breveté un concept qui permettrait de réduire de près de 90% les émissions CO2 des poids-lourds. Il s’agit de capturer le CO2 à même le pot d’échappement, de le liquéfier pour pouvoir le stocker dans un boitier situé sur le toit du véhicule. Une fois retourné à la pompe, le CO2 liquide pourrait être retransformé en carburant conventionnel, en utilisant des sources d’énergie renouvelables.
En Europe, les transports sont responsables de près de 30% des émissions totales de CO2 fossile, et 72% de ces émissions proviennent du transport routier.
Sources : Welt am Sonntag, BGR, enerzine