Fonderie SAM : reprise du travail, le terrain n’est plus miné
par Elisabeth Studer

Fonderie SAM : reprise du travail, le terrain n’est plus miné

Les salariés de la fonderie SAM, l'équipementier automobile situé en Aveyron, près de Decazeville, ont repris le travail jeudi après avoir reçu "des engagements de Renault", leur principal donneur d'ordre, a indiqué la CGT. Ils étaient en grève depuis 23 jours dans l'attente "d'une offre de reprise sérieuse".

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Reprise du travail et de la fabrication de pièces pour Renault

Les salariés de la fonderie SAM de Viviez ont voté mercredi 5 mai au soir pour une reprise du travail dès jeudi 6 mai à 13 heures. Ainsi, la fabrication de pièces pour Renault (quasi principal client de SAM) a repris, tout comme la livraison des pièces produites entre le 8 avril et le 14 avril (date du blocage de l'usine et de la grève) mais non livrées jusqu'à présent.

Engagements du groupe Renault

David Gistau, délégué CGT de la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), a indiqué que salariés et syndicats avaient reçu mercredi des engagements du groupe Renault garantissant de pouvoir maintenir au moins 250 emplois, ainsi que le bureau d'études et de maintenance.

Comme le demandaient les salariés via leurs représentants CGT, le constructeur s'est engagé par écrit sur un chiffre d'affaires (CA) et des volumes de commandes. Renault a acté dans un courrier le chiffre d'affaires de 30 millions d'euros + 10 millions de CA supplémentaires accordés suite à une table ronde.

Le groupe accepte également de ne pas poser comme préalable la taille du repreneur ni de mettre de côté la fabrication de petites pièces (8,5 millions d’euros de CA).

En ajoutant les aides publiques du plan de relance, de la formation et l'aide de la région, le CA avoisine désormais près de 50 millions d’euros; de quoi conforter l'attrait de SAM pour un futur repreneur.

23 jours de blocage sur le site de la fonderie SAM

Cette fonderie automobile, qui appartient depuis 2017 au groupe chinois Jinjiang, a été placée en redressement judiciaire. Depuis 23 jours les 357 salariés bloquaient le site du bassin de Decazeville après le retrait de la seule offre de reprise présentée par le groupe espagnol CIE Automotive, qu'ils jugeaient inacceptable.

Cette offre prévoyait la suppression de 214 emplois et un projet industriel qui n'était "pas viable" et aurait signé "la mort du site", selon la CGT.

Les salariés exhortent Renault et l’Etat à trouver un repreneur français

Depuis le retrait de ce repreneur, début avril, syndicats et salariés ont organisé de nombreux rassemblements à Decazeville et à Rodez, appelant l'Etat et surtout le groupe Renault à prendre leur responsabilité pour trouver "un repreneur français".

"La balle était dans le camp de Renault, le constructeur a avancé. Nous attendons maintenant qu'un repreneur sérieux se présente", a ajouté le délégué CGT.

Premier échange avec le groupe Alty, dirigé par un ancien patron de la SAM

Le syndicat indique, par ailleurs, que les représentants syndicaux ont eu "un premier échange" avec le groupe Alty que dirige Patrick Bellity, un ancien patron de la Sam.

Ce dernier serait porteur "d'un vrai projet social et industriel" pour leur entreprise. Le tribunal de commerce de Toulouse a fixé au 17 mai prochain la date butoir pour une nouvelle offre de reprise de la société aveyronnaise.

D’autres offres de reprise ?

Outre l'offre de Patrick Bellity, deux autres offres de reprise pourraient être aussi déposées d'ici le 17 mai. Il s’agirait d’une nouvelle offre du groupe espagnol Automotive, qui on s'en souvient dans son offre initiale annoncée en mars (avant d'être retirée le 8 avril) ne prévoyait que la reprise de 150 à 175 salariés.

La fonderie Trinquet (Rhône), fonderie de 3M€ de chiffre d'affaires ayant repris en 2020 la fonderie Cast'Al (Allier) serait également sur les rangs. Le contenu de l'offre n'est toutefois pas connu.

Toutes les offres seront examinées par le tribunal de commerce de Toulouse lors de l'audience du 21 mai prochain.

Les représentants du personnel soulignent qu'ils resteront vigilants quant au contenu des offres. Et soulignent : "L'évolution de la situation de SAM est positive. Cela montre à ceux qui voulaient nous enfermer dans l'offre mortifère de CIE, que nous avions raison de croire en un plan B crédible et ambitieux pour SAM, pour le territoire et l'industrie en France. Nous remercions la population, les élus locaux, les salariés et toutes celles et tous ceux qui défendent SAM".

Notre avis, par leblogauto.com

Ceux qui connaissent la ville de Decazeville peuvent comprendre ce que signifie la fermeture d’un tel site. Difficile de retrouver un emploi dans cette ancienne cité minière où le travail se fait de plus en plus rare.

La mine de la Découverte à ciel ouvert située à Decazeville était un site majeur d’exploitation de la houille. Fondée en 1892, elle a été exploitée jusqu'en 2001. Il s'agit de l'une des plus grandes mines à ciel ouvert de France.

La recherche d’un repreneur s’avère donc cruciale.

Sources : AFP, Presse locale

Un peu d'Histoire pour mieux comprendre le contexte social : cf. La reconversion du bassin houiller de Decazeville (INA)

Decazeville apparaît aujourd'hui comme un symbole du destin d'une cité minière en France. Au début du XXe siècle, la production de houille dépasse le million de tonnes et plus de 9000 personnes travaillent en lien avec l'exploitation minière dans les cokeries, usines métallurgiques, verreries qui se développent dans la vallée.

Mais après la Seconde Guerre mondiale, les premières difficultés économiques apparaissent. Elles sont liées aux conditions d'exploitation des gisements : le charbon est difficile à extraire et de qualité médiocre. La crise atteint son apogée avec la décision prise en 1965 d'arrêter l'extraction (hormis pour la mine à ciel ouvert "La Découverte"): les employés organisent des grèves de protestation de longue durée mais ne peuvent empêcher la fermeture de plusieurs usines importantes qui survivaient grâce à l'exploitation du minerai. 4000 emplois sont alors supprimés et 200 commerces ferment boutique.

Dès le milieu des années 60, l'Etat appuie plusieurs tentatives de reconversion du bassin de Decazeville. On assiste alors au développement de secteurs sans lien avec le charbon (aciéries, usines métallurgiques). Mais les nouvelles implantations ne compensent pas les pertes d'emplois et ces entreprises connaissent elles-mêmes des difficultés.

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Pour résumer

Les salariés de la fonderie SAM, l'équipementier automobile situé en Aveyron, près de Decazeville, ont repris le travail jeudi après avoir reçu "des engagements de Renault", leur principal donneur d'ordre, a indiqué la CGT. Ils étaient en grève depuis 23 jours dans l'attente "d'une offre de reprise sérieuse".

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