Le groupe automobile Stellantis va produire un nouveau moteur à Douvrin (Pas-de-Calais), dans une usine que les syndicats estimaient menacée, suite à la volonté du constructeur de délocaliser en Hongrie.
L'annonce en a été faite par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le directeur général Carlos Tavares dans un entretien conjoint au Figaro de mercredi.
Délocalisation en Hongrie
Stellantis, issu de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, avait annoncé fin février la délocalisation en Hongrie d'un moteur essence (EP) produit à Douvrin, une de ses implantations industrielles historiques.
Parallèlement, le groupe a lancé sur ce site la construction avec Total, dans le cadre d'une entreprise baptisée ACC, d'une usine de batteries pour voitures électriques.
Le futur moteur essence EB produit sur le site de Stellantis Douvrin
Mais au-delà de cette production de batteries qui démarrera selon lui en 2023, "nous avions décidé que le futur moteur essence EB de génération 3 le sera sur ce site, qui a co-construit sa performance avec les partenaires sociaux", a révélé Carlos Tavares au Figaro.
Bruno Le Maire, dans la même interview, a salué "une excellente nouvelle pour les salariés du site". "Je tenais en effet à ce que la production du moteur EB de génération 3 soit localisée à Douvrin et à ce que les emplois industriels soient préservés sur le territoire", a-t-il ajouté.
Défilé de près d'un millier de personnes samedi
Environ 800 personnes (syndicats et préfecture) avaient défilé samedi pour protester contre la délocalisation vers la Hongrie, synonyme de "mort programmée" de l'usine, selon des syndicats.
L'usine risquait de ne plus avoir de production d'ici à 2025, et l'usine de batteries n'absorberait pas les emplois perdus, selon eux.
Syndicats et salariés rassurés
La nouvelle du choix de Douvrin pour un nouveau moteur avait été révélée mardi soir par le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand.
Laurent Dubois, secrétaire de la CFTC (premier syndicat du site) et secrétaire adjoint du CSE, s'est réjoui d'une "très bonne nouvelle, car, sans cela, le site aurait été condamné en 2025, puisque nous n'aurions plus pu faire de moteurs".
"Cela nous permet de continuer à fabriquer des moteurs thermiques encore quelques années. On avait peur que ça s'arrête trop vite", a-t-il déclaré à l'AFP, espérant "une transition moins brutale" vers ACC.
"Avec soulagement", la CFE-CGC a également salué dans un communiqué une "décision socialement responsable (qui) va permettre d'amortir le choc de la transition énergétique".
Tavares se veut rassurant
M. Tavares s'est voulu rassurant, affirmant au Figaro que le mouvement vers des voitures électriques représentait "en réalité une énorme relocalisation d'activité vers la France puisque ce sont des moteurs électriques, des boîtes de vitesse, des batteries qui représentent à elles seules 35% de la valeur d'une automobile et que nous n'importerons plus d'Asie".
De son côté M. Le Maire a défendu la stratégie du gouvernement, soit "des aides aux industriels en échange d'engagements de relocalisation. C'est ce que fait Stellantis à Douvrin, à Tremery ou encore à Metz; Carlos Tavares tient ses engagements et je sais qu'il continuera à les tenir".
Elisabeth STUDER avec AFP