Hyundai divisé sur les risques liés à un accord avec Apple
Les dirigeants du groupe Hyundai sont divisés sur un éventuel rapprochement avec Apple, certains redoutant de devenir un fabricant sous contrat pour le géant américain de la technologie.
Les dirigeants du groupe Hyundai sont divisés sur un éventuel rapprochement avec Apple, certains redoutant de devenir un fabricant sous contrat pour le géant américain de la technologie.
Des inquiétudes qui atténuent les perspectives d'un accord.
Au début du mois de janvier, Hyundai a indiqué être en phase préliminaire de pourparlers avec Apple, ne fournissant toutefois aucun détail. Les deux protagonistes avaient refusé de commenter davantage.
Les médias locaux ont quant à eux affirmé que les entreprises discutaient d'une collaboration dans le domaine des véhicules électriques et des batteries.
Le journal sud-coréen Korea IT News se voulait encore plus précis, indiquant pour sa part que Hyundai et Apple prévoyaient de signer un accord de partenariat dans le domaine des véhicules électriques autonomes d’ici mars 2021 et d’en démarrer la production vers 2024 aux États-Unis.
Un autre média local avait auparavant déclaré que les entreprises avaient pour objectif de lancer un véhicule électrique autonome en 2027. L’information avait alors fait grimper le titre Hyundai de près de 20%.
En décembre dernier, Reuters a annoncé qu’Apple avançait sur sa technologie de véhicule autonome et visait à produire un véhicule de tourisme qui pourrait inclure sa propre technologie de batterie révolutionnaire dès 2024.
Une version mise à jour de l’article d’IT News avait par la suite supprimé des détails, notamment l’emplacement du site qui serait dédié à la fabrication de ces nouveaux véhicules et la capacité de production associée. Les informations concernant le délai de signature de l’accord et la date prévisionnelle de lancement des véhicules pilotes n'étant également plus disponibles.
La version précédente indiquait que les deux partenaires prévoyaient de construire les voitures dans l’usine de Kia Motors (filiale de Hyundai) en Géorgie, ou d’investir conjointement dans une nouvelle usine aux États-Unis pour produire 100 000 véhicules vers 2024. La capacité annuelle totale de l’usine proposée serait de 400 000 véhicules.
L’article indiquait également que Hyundai et Apple prévoyaient de publier une «version bêta» des Apple cars en 2022.
Apple n'a jamais reconnu avoir entamé des discussions avec Hyundai sur la production de véhicules. Des doutes demeurent sur le maintien de telles discussions à l'heure actuelle.
Le fabricant d'iPhone insiste généralement sur le respect strict de la confidentialité par ses partenaires et fournisseurs potentiels tant sur les futurs projets que pour le développement de produits inédits.
Communiquant sur ses résultats la semaine dernière et annonçant son meilleur bénéfice trimestriel en plus de trois ans, Hyundai n'a pour sa part fourni aucun état d'avancement sur les discussions avec Apple ni indiqué si elles restaient actives.
Selon un cadre de Hyundai au courant des discussions internes au constructeur sur un éventuel rapprochement avec Apple, des discussions seraient toujours menées à l'heure actuelle en vue de déterminer comment collaborer avec le géant des télécoms mais également d'étudier l'opportunité d'une telle alliance.
«Nous ne sommes pas une entreprise qui fabrique des voitures pour les autres. Ce n'est pas comme si travailler avec Apple produirait toujours d'excellents résultats" a-t-il poursuivi.
Selon une source proche du dossier, Apple préférerait se procurer les principaux composants de sa propre conception - cadres, carrosseries, groupes motopropulseurs et autres pièces - à partir de diverses entités et ne compterait sur une collaboration avec Hyundai ou Kia uniquement pour réaliser l'assemblage final sur un site industriel du groupe automobile sud-coréen. Apple pencherait pour une usine implantée aux États-Unis.
Si peu de détails sur les discussions entre les deux sociétés ont été dévoilés, les personnes proches des négociations affirment que les différentes options envisagées seraient de considérer Hyundai ou sa filiale Kia comme un fabricant de véhicules conçus par Apple et vendus sous sa marque "puissante et omniprésente".
Alors que les pourparlers sont à un stade initial, Hyundai aurait «provisoirement décidé» qu'il voudrait que seul Kia s'associe à Apple, mais pas à Hyundai.
Le groupe craindrait que la marque Hyundai ne devienne juste le constructeur sous contrat d'Apple, contrecarrant alors ses efforts pour construire une image plus premium avec sa marque Genesis.
Par ailleurs, Kia évolue également plus rapidement en termes de voitures électriques et dispose d'une capacité de production disponible dans son usine de Géorgie aux États-Unis.
«Une coopération peut dans un premier temps contribuer à rehausser l'image de marque de Hyundai ou Kia. Mais à moyen ou long terme, nous ne fournirons que des coques pour les voitures, et Apple ferait le cerveau" déplore un autre cadre dirigeant du groupe automobile. »
Hyundai est traditionnellement connu pour sa réticence à travailler avec des étrangers. Une image que s'est forgée le constructeur en produisant en interne moteurs, transmissions et même son propre acier dans le cadre de sa chaîne d'approvisionnement verticale intégrée de deuxième plus grand conglomérat de Corée du Sud.
Bien que la valeur des actions de Kia et Hyundai ait augmenté en raison des pourparlers, il existe une opposition considérable à devenir un constructeur sous contrat Apple, ce qui pourrait retarder tout accord avec le géant américain, ont par ailleurs indiqué les sources.
Apple et Hyundai ont entamé des discussions sur un partenariat automobile en 2018, lorsque le projet d'Apple, connu sous le nom de «Projet Titan», était dirigé par Alexander Hitzinger, désormais parti chez Volkswagen. Mais le dossier aurait été notamment freiné par le peu d'entrain affiché par le constructeur sud-coréen à travailler avec des étrangers.
Certains affirment même dans l'entourage de Hyundai que le constructeur éprouve de réelles difficultés à s'ouvrir, allant jusqu'à conseiller au groupe automobile sud-coréen de remplacer certains dirigeants pour éviter un choc culturel dans le cadre d'un éventuel partenariat avec Apple.
Reste que Hyundai dispose d'une capacité de production excédentaire. La fabrication sous contrat l'aiderait à sécuriser son volume de production affirment les analystes.
Sources : Reuters, Korea IT News
Les dirigeants du groupe Hyundai sont divisés sur un éventuel rapprochement avec Apple, certains redoutant de devenir un fabricant sous contrat pour le géant américain de la technologie.
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