Mi-octobre, Tesla avait du interrompre une première fois les travaux après avoir omis de payer une facture d’eau à la société d’approvisionnement locale, malgré des relances. Laquelle avait ensuite fermé le robinet.
Décidément, le constructeur américain aura sous-estimé l'impact des questions environnementales outre-Rhin : la signature du contrat de construction avait été grandement retardée – certes en partie par les mesures prises pour tenter d'endiguer la pandémie du Covid-19 - mais également par une audition publique de groupes d’intérêt locaux, lesquels s’opposent à l’impact environnemental de l’usine, et notamment à la consommation d’eau du site, attendue comme très élevée.
Un tribunal suspend l'abattage de 82,8 hectares pour construire la gigafactory de Tesla
Lundi, deux associations avaient déposé une plainte en référé contre l'abattage prévu de 82,8 hectares de forêt dans le cadre des travaux menés par Tesla pour agrandir le chantier de son usine de voitures électriques, dont l'ouverture est prévue en 2021.
Le tribunal administratif de Francfort sur l'Oder a indiqué mardi qu'une décision provisoire avait été prise « pour suspendre les coupes" d'arbres dans la zone de construction de la gigafactory.
Les associations estiment que cette opération porte atteinte à la législation environnementale allemande, en détruisant l'habitat d'espèces protégées de lézards et de serpents."Une décision sur le fond de l'affaire n'a pas encore été prise", précise toutefois le tribunal.
Les écologistes inquiets de l'impact de l'usine Tesla sur l'eau et l'environnement
Tesla vise une production annuelle de 500.000 véhicules électriques sur ce nouveau site, première gigafactory de l'entreprises implantée en Europe. Mais l'impact de cet immense complexe sur l'équilibre environnementale et les ressources en eau de cette zone très forestière inquiète les organisations pour la défense de l'environnement.
Tesla n'a toujours pas de permis définitif
Autre d'inquiétude pour les associations écologistes : Tesla ne dispose toujours pas de permis de construire définitif. Or, ce dernier est soumis à plusieurs procédures chargées notamment d'évaluer l'impact environnemental du projet.
Le constructeur a été toutefois autorisé par les autorités locales à commencer les travaux "à ses propres risques", en attendant le feu vert définitif. Mais "Tesla ne peut et ne doit pas se tenir au dessus des lois", affirme le représentant de l'une des associations.
Suspension des travaux pour les mêmes motifs en février dernier
En février dernier, la société dirigée par Elon Musk avait d'ores et déjà été contrainte de suspendre pendant plusieurs jours ses travaux de défrichage de 90 hectares de forêts, suite à une plainte du même collectif. Tesla y est soumis à de nombreuses obligations en matière de protection de la faune, en particulier des fourmis et des oiseaux.
L'eau également au cœur du dossier
Selon le journal Der Spiegel, l’usine de Grünheide, à la périphérie de Berlin, aura une demande annuelle d’eau d’environ 1,4 million de mètres cubes, ce qui signifie que le réseau d’eau local devra faire l’objet d’une restructuration majeure pour répondre aux besoins de cet nouvel « acheteur en gros ».
Selon le fournisseur, le plus grand défi dans la construction des conduites d’eau est lié à l’écoulement des eaux usées qui doivent être acheminées vers la ville d’Erkner. L’eau potable provenant quant à elle de Freienbrink.
Tesla avait initialement chiffré une demande annuelle de 3,3 millions de mètres cubes, mais avait réduit ce montant après la déclaration d’opposants au projet affirmant que ce dernier pourrait gravement réduire les réserves locales dans une région qui a été aux prises avec des sécheresses intensives ces dernières années.
Cependant poursuit Der Spiegel, toute expansion de l’usine ferait à terme probablement accroître la demande, le journal concluant que la demande en eau de la gigafactory pourrait devenir un «problème permanent» pour l’entreprise.
Notre avis, par leblogauto.com
Entre écologie et emploi … la bataille pourrait être rude. L'usine devrait en effet employer quelque 12 000 personnes.
Le gel de la construction pourrait s'avérer gênant pour Tesla alors que le constructeur souhaite y démarrer la production rapidement. En attendant, il importe en Europe des véhicules produits en Chine.
Sources : AFP, rbb24, Der Spiegel