Ce qui n'était encore peu qu'une rumeur est désormais officiel : dès le mois d'octobre 2020, Tesla va exporter vers l'Europe dès ce mois-ci des véhicules produits dans sa nouvelle usine chinoise de Shanghai. Annonce faite par le constructeur US de véhicules électriques piloté par Elon Musk, dans un communiqué.
Exportation vers plus d'une dizaine de pays européens
Ces véhicules, des Model 3, seront destinés à "plus d'une dizaine de pays européens, dont l'Allemagne, la France, l'Italie et la Suisse", a précisé Tesla dans un communiqué. Ajoutant que "cette décision" du constructeur démontrait "l'excellence de la fabrication chinoise dans le monde". Mais pas forcément l'excellence de la planification et de la gestion de production de Tesla … alors que la construction de sa Giga Factory en Allemagne – première implantation industrielle du constructeur en Europe - se trouve interrompue à cause d'un épineux dossier lié aux raccordements en eau du site.
Une Giga Factory chinoise initialement destinée à répondre à la demande chinoise
En 2019, Tesla a construit à Shanghai - capitale économique de la Chine - sa troisième usine, après celles de New York et du Nevada, et ce, en un temps record de 10 mois.
Cette première "méga-usine" hors des États-Unis était initialement conçu pour offrir au constructeur un plein accès au marché automobile chinois, désormais le premier du monde, y compris pour Tesla.
Implanté sur environ 865 000 m2, le site est doté d'une capacité de production annuelle d'au moins 500 000 voitures, si l'on en croit le constructeur.
Véhicules produits en Chine, en attendant la construction de la Giga-Factory en Allemagne
L'exportation de véhicules fabriqués en Chine vers le continent européen permet de pallier l'absence actuelle d'implantation industrielle opérationnelle sur le Vieux Continent. Une situation certes transitoire qui durera tant que la Giga-Factory de Tesla Allemagne n'aura pas ouvert ses portes.
Les travaux de la Giga-Factory allemande interrompus
Tesla a été récemment contraint d’arrêter les travaux de construction de son usine de véhicules électriques et de batteries près de Berlin après avoir omis de payer une facture d’eau à la société d’approvisionnement locale. Laquelle a ensuite fermé le robinet.
Tesla avait été averti à plusieurs reprises par le fournisseur, lequel avait tenté d’obtenir le paiement de la facture via des menaces de blocage. Mais le délai de 14 jours a toutefois expiré sans que le constructeur ne daigne réagir.
« Tesla n’est pas traitée différemment des autres », a déclaré une porte-parole. Ajoutant alors que lorsque l’argent arrivera, l’eau sera à nouveau ouverte.
La société fournisseur WSE a déclaré au media allemand rbb24 que l’arrêt de l’approvisionnement en eau d’un client en cas de paiement impayé était une procédure de routine courante et qu’aucune exception ne serait faite pour Tesla. Ajoutant toutefois qu’elle s’attendait à ce que le constructeur s’acquitte rapidement de sa facture. (Il faut dire que l’enjeu est de taille !).
Contrat de construction en Allemagne retardé par Covid et protecteurs de l’environnement
Cette interruption des travaux est intervenu alors que Tesla n’avait pu signer le contrat de construction que la veille, après un long retard causé par la pandémie de coronavirus mais également une audition publique de groupes d’intérêt locaux, lesquels s’opposent à l’impact environnemental de l’usine, et notamment à la consommation d’eau du site, attendue comme très élevée.
Selon le fournisseur, le plus grand défi dans la construction des conduites d’eau est lié à l’écoulement des eaux usées qui doivent être acheminées vers la ville d’Erkner. L’eau potable provenant quant à elle de Freienbrink.
La date de début des travaux de construction des conduites d’eau n’est pas encore connue à l’heure actuelle, mais selon l’association, le temps de construction stricto-sensu est de deux à trois mois.
Giga-Factory allemande : demande annuelle d’eau d’environ 1,4 million de m3
Selon le journal Der Spiegel, l’usine de Grünheide, à la périphérie de Berlin, aura une demande annuelle d’eau d’environ 1,4 million de mètres cubes, ce qui signifie que le réseau d’eau local devra faire l’objet d’une restructuration majeure pour répondre aux besoins de cet nouvel « acheteur en gros ».
Demande initialement chiffrée à 3,3 millions de m3
Tesla avait initialement chiffré une demande annuelle de 3,3 millions de mètres cubes, mais avait réduit ce montant après la déclaration d’opposants au projet affirmant que ce dernier pourrait gravement réduire les réserves locales dans une région qui a été aux prises avec des sécheresses intensives ces dernières années.
Les besoins en eau pourraient devenir un problème permanent pour Tesla
Cependant poursuit Der Spiegel, toute expansion de l’usine ferait à terme probablement accroître la demande, le journal concluant que la demande en eau de la gigafactory pourrait devenir un «problème permanent» pour l’entreprise.
La construction de l’usine, qui devrait employer quelque 12 000 personnes, a déjà commencé malgré les licences en attente.
Tesla prévoit d’ouvrir l’usine, destinée à devenir son pilier européen de production, en 2021. Le projet a été salué comme pouvant potentiellement changer la donne pour l’industrie allemande des voitures électriques.
Notre avis, par leblogauto.com
S'agit-il d'un réel choix stratégique du constructeur ou d'une nécessité, en l'absence de capacités industrielles sur le territoire européen ? That's the question ! Une réponse dont le contenu revêt une importance cruciale en terme financier. Tesla a-t-il intégré les frais de transports entre Chine et Europe dans son calcul de rentabilité ou s'agit-il d'une décision prise en l'absence d'autres solutions envisageables ?
Sources : Sources : rbb24, Der Spiegel, AFP