Nikola accepte la démission de Trevor Milton
Nikola, constructeur basé à Phoenix, aux Etats-Unis, a annoncé dimanche qu'il avait accepté la démission de Trevor Milton. Ajoutant et qu'il serait remplacé à la tête du conseil d'administration par Stephen Girsky, déjà membre du CA de Nikola et ancien vice-président de General Motors (GM). Le directeur général, Mark Russell, conserve ses fonctions.
Quand l’annonce d’un partenariat avec GM faisait flamber le cours de l’action
Fondé par Trevor Milton en 2015, se donnant pour ambition de développer des camions et des pick-up alimentés par des batteries électriques ou des piles à hydrogène, Nikola n'a encore rien produit à l’heure actuelle.
La société a attiré l'attention en signant des partenariats stratégiques avec des groupes renommés tels que General Motors (GM) et Bosch, géant allemand de l'ingénierie.
L'annonce du partenariat avec GM le 8 septembre a fait bondir les actions Nikola de 41% à la Bourse de New York.
La société a fait face à une période agitée à la suite d'un rallye boursier de courte durée après la décision surprise de GM au début du mois de prendre une participation de 2 milliards de dollars dans Nikola et de fabriquer son nouveau pick-up. GM a obtenu une participation sans numéraire de 11% dans son partenaire dans le but d'intensifier et d'accélérer ses propres efforts d'électrification de ses véhicules.
À un moment donné, les titres ont grimpé si haut que la valeur marchande de la startup a dépassé Ford Motor. Après le troisième jour de négociation, Milton - qui détient 35% de la société - était à la tête de 9 milliards de dollars, ce qui en fait la 188e personne la plus riche du monde, selon le Bloomberg Billionaires Index. Ses parts sont désormais évaluées à 4 milliards de dollars nets.
Nikola accusée d’une fraude complexe
Néanmoins le soufflé était vite retombé … le 10 septembre, la société d'investissement Hindenburg Research - un vendeur à découvert sceptique - publiait un rapport accusant Nikola d'être une "fraude complexe" reposant sur les multiples mensonges de son fondateur et d'avoir "induit ses partenaires en erreur (...) en prétendant faussement disposer d'importantes technologies".
La publication de ce rapport a entrainé la dégringolade du cours de l’action, les raisons de sa réussite s’écroulant comme un château de cartes. Le titre aura ainsi perdu 36% de sa valeur en trois jours.
Selon Bloomberg, une enquête du gendarme de la Bourse américain, la Securities and Exchange Commission, a également été déclenchée. Certaines sources affirment également que le ministère de la Justice US pourrait poursuivre la société.
Trevor Milton rejette la plupart des accusations
"L'accent devrait être mis sur la société et sa mission (...) pas sur moi", a déclaré Trevor Milton dans un communiqué distinct. "J'ai l'intention de me défendre contre les fausses allégations formulées contre moi par des détracteurs extérieurs", a-t-il ajouté.
Quand Nikola joue sur les mots
Reste le principal ou presque : Nikola n’aurait pu vendre au final que du vent, ou presque … et le niant quasiment pas en jouant sur les mots …. certes subtilement.
Si Nikola avait rejeté la plupart des affirmations du rapport d'Hindenburg Research, la société ne dément pas complètement une des allégations les plus stupéfiantes de la société d'investissement : laquelle affirme que le « constructeur » a purement et simplement mis en scène son prototype dans le cadre d’une vidéo en 2017, faisant croire aux spectateurs que le véhicule était capable de rouler.
Ce qui n’était certes pas tout à fait faux, sauf il aura fallu pour cela qu’il soit aidé d’une pente, son moteur n’étant pas opérationnel.
Selon Hindenburg, le camion a "été tracté au sommet d'une colline sur une route isolée et simplement filmé en train de descendre la pente". Nikola rétorque "n'avoir jamais dit que le camion fonctionnait avec son propre système de propulsion dans la vidéo" mais avoir simplement indiqué que le véhicule était "en mouvement".
Notre avis, par leblogauto.com
Pas sûre que le gendarme boursier US appréciera la subtilité et le fait que Trevor Milton ait trompé son monde via une gigantesque supercherie …
Si sa démission permet certes d’écarter la société de la principale cible de critiques en la personne de son fondateur, il n’en demeure pas moins que tout l’édifice virtuel bati autour de ses projets est en train de s’écrouler. Rendant l’avenir de Nikola bien sombre, tant à cause des lourds impacts financiers que la société pourrait devoir affronter, mais également à l’importante défiance qu’elle devrait susciter désormais. Il lui sera très difficile de trouver des investisseurs … alors que l’argent est le nerf de la guerre, et tout particulièrement dans ce secteur novateur.
Sources : AFP, Bloomberg, Automotive News