La direction de Bridgestone et les salariés de l'usine de Béthune ont signé un "accord de méthode" permettant de discuter pendant cinq mois de "scénarios alternatifs à la fermeture ". Une annonce faite dimanche par la ministre déléguée à l'Industrie qui intervient alors que le géant du pneumatique japonais a provoqué colère et stupeur mercredi en faisant part de son intention de fermer son site du nord de la France dès l’année prochaine.
Accord de méthode pour 5 mois de discussion
Direction et représentants du personnel "ont signé un accord de méthode vendredi qui donne cinq mois à la discussion et qui rouvre des scénarios alternatifs à la fermeture de l'usine" située dans le Pas-de-Calais, a assuré Agnès Pannier-Runacher au "Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI".
Cette dernière s’est par ailleurs félicitée du fait que la direction de Bridgestone soit « en train de s’organiser dans un processus de négociation", estimant que le délai de cinq mois rendait les «choses possibles". Ajoutant que le dialogue social était essentiel, et qu’il devait être fondé sur la confiance.
La méthode de Bridgestone jugée inadmissible
Agnès Pannier-Runacher n’a toutefois pas manqué de fustiger la méthode adoptée jusqu'ici par Bridgestone. Considérant comme inadmissible le fait « de ne pas avoir ouvert la discussion en amont de cette annonce brutale".
Le manufacturier japonais a annoncé mercredi son intention de fermer dès 2021 son usine de Béthune. Laquelle qui emploie 863 personnes dans la fabrication de pneumatiques pour voitures. Une annonce dont le gouvernement et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand ont dénoncé "la brutalité, la pertinence et les fondements".
L'annonce de la fermeture est "une trahison de la confiance que l’État et la région Hauts-de-France ont placée" dans Bridgestone, a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Dans un communiqué commun, le gouvernement et le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertand ont dénoncé la "brutalité" de cette annonce et ont demandé "à l'entreprise que soient ouverts et analysés en détail l'ensemble des scénarios alternatifs à la fermeture du site". De son côté le ministre de l'Economie Bruno Le Maire s'est élevé contre "une décision révoltante" et a assuré que le gouvernement allait se "battre" pour trouver une solution.
Une usine en perte de vitesses
"On savait que l'usine était en perte de vitesse" et les autorités avaient convié "la direction de Bridgestone à la table de discussions pour justement regarder comment on pouvait regagner de la productivité, de la compétitivité " a indiqué la ministre.
L'usine de Béthune, qui produit des pneumatiques pour l'automobile sous les marques Bridgestone et Firestone, connaît des difficultés de longue date. Elle est "la moins performante" parmi la dizaine d'usines du groupe en Europe, affirme la direction en guise d’argument. Invoquant parallèlement une surcapacité de production en Europe et la concurrence des marques asiatiques à bas coûts.
L’Etat ne va pas rentrer au capital de l’entreprise
La ministre a par ailleurs exclu que l'Etat rentre au capital de l'entreprise, une "fausse solution" qui ne "résout rien", selon elle. "Le coeur du sujet c'est d'avoir un projet industriel qui tienne la route", estime-t-elle.
Agnès Pannier-Runacher faisant ainsi allusion aux propos émis par Fabien Roussel, député dans la vingtième circonscription du Nord depuis 2017 et secrétaire national du PCF. Lequel avait déclaré – fustigeant la politique du gouvernement - que « les milliards d'argent public du plan de relance doivent être consacrés au maintien de l'emploi et en aucun cas à sa destruction ».
« L'Etat a les moyens de faire respecter une telle règle, en rentrant par exemple au capital d'entreprises stratégiques, pour peser sur les décisions. Plutôt que de laisser Bridgestone réduire ses investissements dans l'usine de Béthune quasiment à néant, voilà ce qu'aurait dû faire un gouvernement en accord avec l'objectif affiché d'une relocalisation de la production » avait-il affirmé.
Agnès Pannier-Runacher et Elisabeth Borne à Béthune lundi
Agnès Pannier-Runacher et la ministre du Travail Elisabeth Borne se rendront lundi matin à Béthune "pour voir tout le monde, tout le monde: les élus locaux, la direction locale" et "parler à la direction européenne", a rappelé la ministre.
Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal affirme pour sa part qu’il y a « une mobilisation absolue pour ce site". Déclarant croire à la « pression politique", il a par ailleurs souligné "une forme de concorde politique autour de ce dossier".
Notre avis, par leblogauto.com
Il sera tout de même difficile tout de même de trouver des scénarios alternatifs permettant de ne pas envisager de fermeture à terme, à moins que l’outil industriel puisse être repris ou qu’une diversification puisse être envisagée.
Le cœur du problème - la concurrence asiatique dotée d’une main d’oeuvre bon marché - ne pouvant être résolu en si peu de temps. Une demande de relocalisation des activités devrait difficilement être acceptée par Bridgestone sans précieuses subventions. Même si certes la CGT s’insurge que « 151 % de pneumatiques soient importés en France », alors que selon elle, ils pourraient être fabriquer dans l’Hexagone. « La concurrence est faite par notre propre groupe, par nos usines sœurs !" fustige-t-elle
Sources : AFP, RTL-Le Figaro-LCI