F1 : Williams est vendue à un fonds américain
par Nicolas Anderbegani

F1 : Williams est vendue à un fonds américain

Une page se tourne et une nouvelle ère débute pour Williams. Les temps changent, et la dernière équipe un tant soit peu « indépendante » de la F1 change de propriétaire, face à une situation financière et sportive qui n’était plus viable.

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Des américains à la barre

En mai dernier, Williams avait expliqué préparer une « nouvelle direction stratégique », pour accueillir de nouveaux investisseurs. Plusieurs options étaient sur la table, dont une cessions partielle des actifs, mais c’est finalement une vente intégrale de la structure qui vient d’être actée, peu après la signature des Accords Concorde.

C’est un fonds d’investissement américain, dénommé Dorilton Capital, qui sera le nouveau propriétaire, permettant à l'équipe d’être, selon le communiqué officiel, « maintenant bien positionnée pour capitaliser sur le les changements de règles s'infiltrant dans la Formule 1 avec le nouvel accord Concorde » pour 2021/2022.

Surtout, l'équipe s’est voulue rassurante, précisant que cette vente ne signifiait pas la disparition de l’équipe Williams en tant que telle. Williams explique que la société d'investissement privée « reconnaît et apprécie l'importance de respecter et de conserver le patrimoine et la culture de Williams et s'engage à maintenir son identité ». Ils ont ajouté: «L'équipe continuera à courir et à concourir sous la marque Williams , le nom du châssis restant inchangé. Dorilton n'a pas l'intention de relocaliser l'équipe de Grove, sa maison traditionnelle. »

La directrice adjointe de l'équipe, Claire Williams, a déclaré : « L’examen stratégique a été un processus utile à suivre et a prouvé que la Formule 1 et Williams avaient de la crédibilité et de la valeur (…) Nous sommes ravis que Dorilton soit le nouveau propriétaire de l'équipe. Lorsque nous avons lancé ce processus, nous voulions trouver un partenaire qui partageait la même passion et les mêmes valeurs, qui reconnaissait le potentiel de l'équipe et qui pouvait débloquer sa puissance. Chez Dorilton, nous savons que nous avons trouvé exactement cela (…) des gens qui comprennent le sport et ce qu'il faut pour réussir. Des gens qui respectent l'héritage de l'équipe et feront tout pour que celle-ci réussisse à l'avenir. En tant que famille, nous avons toujours mis notre équipe en premier. Faire réussir à nouveau l'équipe et protéger nos collaborateurs est au cœur de ce processus depuis le début (…) C’est peut-être la fin d'une époque pour Williams en tant qu'équipe familiale, mais nous savons qu'elle est entre de bonnes mains. La vente assure la survie de l'équipe, mais surtout ouvrira la voie au succès.

Le président de Dorilton Capital, Matthew Savage, a indiqué : « Nous sommes ravis d'avoir investi dans Williams et nous sommes extrêmement enthousiasmés par les perspectives de l'entreprise. Nous pensons que nous sommes le partenaire idéal pour l'entreprise en raison de notre style d'investissement flexible et patient, qui permettra à l'équipe de se concentrer sur son objectif de revenir au premier plan (…) Nous sommes impatients de travailler avec l'équipe Williams pour effectuer un examen détaillé de l'entreprise afin de déterminer dans quels domaines les nouveaux investissements devraient être dirigés. Nous reconnaissons également les installations de classe mondiale de Grove et confirmons qu'il n'est pas prévu de déménager."

De jolies paroles, mais où les mots sport et compétition sont peu présents en comparaison des investissements. Nous sommes bien dans la F1 moderne, le temps des aventures passionnées est bien révolu ! (On le savait déjà depuis quelques temps, il est vrai)

Lent déclin

Williams avait bien négocié l’arrivée de l’ère hybride en 2014, en profitant du bloc Mercedes et de moyens financiers conséquents apportés par le sponsor-titre Martini. Grove termine 3e du championnat 2014 et 2015. Puis, lentement mais sûrement, l’équipe s’est fourvoyée dans ses choix techniques, alors qu’au même moment le bloc Mercedes n’était plus assez suffisant pour performer et que les sponsors partaient. L'équipe, dont la dernière victoire remonte à 2012 (souvenez-vous, Pastor Maldonado en folie à Barcelone !), a chuté au classement, devant lanterne rouge sur les saisons 2018 et 2019, obligée de recourir en partie à des pilotes payants comme Robert Kubica puis cette année Nicholas Latifi, dont le père est aussi actionnaire de Williams.

Néanmoins, plusieurs saisons successives de piètres résultats ont gravement affecté ses finances, au point que Williams avait été contraint déjà fin 2019 de vendre sa division Advanced Engeneering et de mettre en gage ses installations et son patrimoine historique de monoplaces. La rupture brutale du contrat avec Rokit avant le début de la saison et le Covid-19 ont achevé de mettre Williams dans le rouge, même si l’équipe sort un peu la tête l’eau sur les dernières courses en ayant légèrement progressé dans la hiérarchie, grâce au joli coup de volant de George Russell.

Ce nouvel investisseur peut-il marquer un renouveau pour Williams ? Présente depuis 50 ans en F1, la structure de Frank Williams a tout connu : les périodes de galère au début des années 70, au temps des partenariats avec Iso Rivolta et Politoys, les succès des années 80 et surtout 90 (doublé pilote/constructeur en 1987, 1992,1993, 1996 et 1997), les vaches maigres des années 2006-2013 après l’ère BMW et la descente aux enfers de ces dernières saisons. Mais, tel le phénix, elle s’est toujours relevée.

La famille Williams passe la main, et il faut voir désormais quelle sera la stratégie technique de l’écurie. Frank Williams, ainsi que sa fille, qui lui a succédé en 2012-2013, ont toujours été attachés à une certaine forme d’indépendance, qui passait par la production en interne de nombreuses pièces, là où d’autres écuries de milieu de plateau ont fait le choix d’acheter des pièces clé en mains à des top teams, comme Haas avec Ferrari ou Racing Point avec Mercedes, ce dernier exemple se montrant très efficace cette saison.  Claire Williams déclarait encore en début de saison « Nous développons nos pièces, ça fait partie de l’ADN de notre sport. Mais les règles sont comme ça, et les équipes peuvent avoir l’approche de Haas ou d’Alfa Romeo. C’est intelligent et ça économise de l’argent. Ce n’est pas notre façon de faire, mais je ne veux pas critiquer les autres." Cette situation pourrait évoluer rapidement avec les nouveaux propriétaires qui feront sans doute preuve d’un pragmatisme à toute épreuve.

Notre avis, par leblogauto.com

La vente n'est pas une surprise et semblait inéluctable. Si cela peut sauver Williams et permettre à ce blason emblématique de la F1 d'être toujours présent sur les grilles de départ, tant mieux, mais cette mainmise toujours plus forte d'investisseurs "hors sol", en lieu et place d'entrepreneurs passionnés qui sont souvent partis de rien et qui ont baigné depuis toujours dans la course, change définitivement l'ADN de la F1.

Source : F1, Williams

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Pour résumer

Une page se tourne et une nouvelle ère débute pour Williams. Les temps changent, et la dernière équipe un tant soit peu « indépendante » de la F1 change de propriétaire, face à une situation financière et sportive qui n’était plus viable.

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