A l’origine en bois, métal ou même peinte à même la carrosserie, la plaque d’immatriculation est, de nos jours, en plastique ou en métal. Elle doit être fixée de façon « inamovible » en France, rivetée la plupart du temps, tant à l’avant qu’à l’arrière (sauf deux-roues). Mais, il faut se retourner vers le passé pour comprendre pourquoi on peut lire (ou entendre) encore la notion de « plaque minéralogique ».
La plaque d’immatriculation, une invention française
Comme bien souvent en matière d’automobile, c’est en France que tout commence. En fait, c’est même avant la « voiture sans cheval » que débute l’histoire de la « plaque de police ». Dès le milieu du XVIIIe siècle, sous le règne de Louis XV, on commence à réfléchir à un système d’identification des voitures hippomobiles. Mais, il faut attendre 1783 et Louis XVI (Louis XV est mort depuis 9 ans) pour qu’un arrêt du « Conseil du Roi de France » ne rende obligatoire la pose d’une plaque d’identification sur les voitures à traction animale (article 11).
A l’époque, il n’est pas question d’identifier le véhicule, mais le propriétaire. En effet, cette plaque apposée sur les carrosses et autres chariots, opérés par les cochers, voituriers ou rouliers, doit comporter le nom et l’adresse du propriétaire. Les plaques sont alors en métal gravé, ou sont même émaillées. Nombreuses de celles qui sont parvenues à nous sont des plaques d’agriculteurs qu’ils devaient placer sur toutes les charrettes qu’ils avaient.
Une apparition à Lyon
L’immatriculation, presque comme on la connaît de nos jours, est également une invention française (Cocorico ?). L’automobile naît tout doucement dans les années 1880 avec les premières automobiles à vapeur françaises (L’Obéissante, etc.) et en 1891, à Lyon, on décide d’imposer une numérotation à ces véhicules mus tous seuls. En effet, le Parc de la Tête d’Or dans la Capitale des Gaules a ouvert il y a 34 ans et les automobiles sont autorisées à y circuler. Sauf que les accidents se multiplient rapidement avec déjà les premiers délits de fuite.
Le Maire de Lyon de l’époque, Antoine Gailleton, impose donc que les véhicules disposent d’une plaque avec un numéro pour les identifier. La mesure sera étendue le 4 janvier 1900 à toute la ville avec en plus les noms et adresses des propriétaires quelques années plus tard. Pour les gens de passage, une plaque temporaire est délivrée.
L’industrie minière veut identifier tous ses véhicules
Mais alors pourquoi parler d’une plaque minéralogique ? Eh bien, à part les quelques véhicules particuliers qui se vendaient, les automobiles étaient surtout utilitaires, pratiques pour transporter de lourdes charges (tombereaux, chariots, fardiers, etc.). Or, ces véhicules étaient très prisés dans les mines qui prospéraient alors. Le secteur minier sera d’ailleurs à l’origine de certains véhicules hors norme, et ils le sont toujours avec les immenses camions benne Caterpillar par exemple.
Les mines ont alors un problème de riche : faire l’inventaire de tous les véhicules possédés et les identifier. C’est d’ailleurs un accident avec un véhicule de mine, à Louviers, qui sera à l’origine des plaques avec lettres en septembre 1901. A cette date, un décret rend obligatoires les plaques d’identification sur tout le territoire français, pour tout véhicule dépassant les 30 km/h.
Ce modèle simple à lettres cède la place en 1928 avec le véritable essor de la voiture automobile à un système départemental. Lui, durera jusqu’en 1950 et la création du système dit FNI (fichier national des immatriculations) que beaucoup d’entre nous ont connu et qui ne prendra fin qu’en 2009 avec la mise en place du système SIV (système d’immatriculation des véhicules). Les mathématiques nous indique que le SIV devrait durer plus de 100 ans…
Les Mines, les DRIRE puis les DREAL
Revenons-en aux mines. Cette industrie possédait des ingénieurs (Ingénieur de l’Industrie et des Mines ou IIM). Les IIM font partie des grands corps d’ingénieurs historiques avec les « Ponts et Chaussées ». Le secteur des mines a donc mis en place un système interne d’identification des véhicules miniers. De plus, les Mines étaient chargées de vérifier les matériels roulants des mines de charbon depuis le XVIIIe siècle, puis les chemins de fer. L’Etat leur a alors confié la gestion de l’identification de tous les véhicules du territoire, ainsi que la vérification de la conformité au fur et à mesure des règlements.
C’est pour cela que l’on parle (parlait) de réception des Mines, ou passage aux Mines. Sur les cartes grises ou certificats d’immatriculation, il y avait même, jusque à tout récemment, le « type Mines » de précisé. C’est donc de là que vient le terme de « plaque minéralogique », du service des Mines qui les délivraient.
Depuis le décret n°83-568 du 27 juin 1983, le service des Mines n’existe plus et a été remplacé par les DRIRE (Directions régionales de l’industrie, de la recherche et de l’environnement) puis cette dernière par les DREAL (Directions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement). Les Ingénieurs du corps des Mines y restent très présents.
Les plaques peintes ne sont désormais plus présentes que sur les modèles très anciens et nos véhicules modernes sont passées au polycarbonate (acrylique) ou au métal embossé (à repousser).
Ont dit minéralogique , parce que cela vient d’un minerai qui est le bauxite, puis l’aluminium . Donc minerai c logique , d’où minéra-logique. CQFD
hihihi, pourquoi pas.
« Les mathématiques nous indique que le SIV devrait durer plus de 100 ans… »
En partie dû au fait que l’immatriculation est attribuée à un véhicule à vie. Fini les changements d’immatriculation au grès des changements de départements.
À voir… En dix ans on est déjà aux lettre Et alors que ça dure 100ans je rigole
@jdg : ce sont de pures mathématiques 🙂
Le système SIV c’est 2 lettres, 3 chiffres, 2 lettres.
I, O et U sont interdites dans les lettres, ainsi que la combinaison SS.
On a donc 26 lettres – 3 interdites = 23. Et (si on ne tient pas compte de la combinaison interdite) 23 x 23 x 999 x 23 x 23 possibilités de plaques soit 279,5 millions de plaques.
Sachant qu’il se vend 2,3 millions de voitures par an en ce moment, on a donc 120 ans de plaques…
Des maths 😉 rien que des maths.
Sauf que l’ on immatrucule tout et n’importe quoi en en plus des automobiles
Tout les outils agricoles traînés depuis 2013 sont actuellement en train d’y être (encore des impôts cachés)
Tous les micro tracteurs quad et tondeuses
Même les petites remorque type choillot de plus de 500kg sans parler de toutes les semis de camions
Alors étant à F actuellement avec tout ce qui est cité précédemment…
Dans 20 ans ou moins c’est plié
C’est sûr que les 40 000 tracteurs divers immatriculés en 2019 pèsent très lourds.
Selon UNIVDL (véhicules de loisir) en 2019 ont été vendus moins de 20 000 caravanes + Vans (en supposant que tous ont un PTAC > 500 kg).
Selon Flotauto, moins de 30 000 remorques et semi-remorques.
19 500 Quads et assimilés en 2019.
Mais admettons qu’au 2,3 millions de VP+VUL neuf on ajout 200 000 véhicules « en tout genre ». Cela donne 2,5 millions de véhicules par an.
280 millions de combinaisons…
Prenons le pbm à l’envers, 280 millions de plaques possibles, 11 ans d’existence, et vous prophétisez 20 ans ou moins. Cela signifierait 10 millions d’immat neuves par an….on y est pas 🙂
Le début est marqué par l’immatriculation du parc au fur et à mesure des ventes. Mais les 38 millions de voitures FR ne passeront pas au SIV…de nombreuses iront à la casse sans passer par la case SIV.
Surtout que l’obligation de passer au SUV qui arrivait théoriquement à échéance à la fin de l’année a été annulée.
Bref non, les plus pessimistes parlent de 60 à 80 ans.
Et encore, on évoque déjà un recyclage des plaques car on sait ou pas si le véhicule a été détruit et si sa plaque peut être remise dans le pool disponible après X années au frais.
Ne pas oublier que les premières lettres comprennent les nouvelles immatriculations mais aussi l’actualisation des anciennes se qui fait avancer plus rapidement le comptage.
Aux USA ils avaient meme des plaques en cuir, je sais pas si vous voyez 🙂
Très intéressant, merci bcp!
Un petit article comme on les aime. Le conducteur du jour me manque, je sais, confinement….
Les plaques d’immatriculation ne devait pas être homogénéisé au niveau UE?
Quand on est passé de l’ancien SIV au nouveau je pensais que ce serait le cas, mais manifestement non.
Quelqu’un aurait une info dessus?
Il me semble que les dimensions ont été homogénéisées en effet, ainsi que l’emplacement de l’identification du pays. Mais pas la numérotation. Les belges ont sauvé leurs plaques à chiffres et lettres rouges.
c’est rare un article sur les plaques d’immatriculation 🙂 merci de la lecture
Quel dommage qu’en France on ne puisse pas personnaliser ses plaques (et les garder à vie) comme beaucoup de pays l’autorisent moyennant finance. Le pays le plus libéral en ce domaine étant certainement les Etats-Unis, suivi par la Grande-Bretagne
On a le choix du département mais il faut que ce soit un département valide.
Donc pas de club de foot et autres personnalisation.
Pour ma part je voulais apposer un « 00 » « Citoyen du monde ». Il existe mais est interdit, étant d’un tempérament légaliste je me suis abstenu.
Le comble est qu’au départ le département n’était pas prévu. Il résulte de la prise en compte de l’opinion publique à ce sujet. L’état, à ce sujet, aurait pu se montrer plus tolérant.
Ce sont surtout les départements qui ont réclamé leur présence sur les plaques, de peur de devenir « invisibles ». On arrive donc au paradoxe que le numéro de département ne fait pas partie de l’immatriculation, mais est obligatoire sur la plaque ! (avec en sus le logo de la région ), plus, ce qui est plus normal, le drapeau de l’UE, et le F de la France.
Encore heureux que les cantons n’aient pas réclamé leur présence aussi!
Pour moi l’idéal c’est les plaques noires du SIV actuel car elles sont dispensées de l’inutile – et stigmatisant – numéro de département qu’on est obligé de traîner au cul de sa voiture. Malheureusement elles ne sont réservées qu’aux véhicules ayant une carte grise de collection.
Le numéro de département, qui ne sert à rien aujourd’hui dans l’identification du véhicule, n’était pas prévu au départ.
Mais le pire c’est qu’il est aujourd’hui obligatoire, et donc des amendes sont infligées s’il n’est pas réglementaire tout comme le logo du département.
Comme si l’état n’avait pas suffisamment de règles utiles à faire respecter, il faut qu’il en crée de nouvelles inutiles.
Louis XV, les années 1700, c’est le 18ème siècle, pas le 17ème.
Parfaitement puisqu’il est même indiqué 1783 un peu plus loin.
Merci du signalement, coquille corrigée.