Né en 1876 dans les environs de Naples, Nicola Romeo obtient un diplôme en génie civil de l'École d'application de Naples puis parfait ses connaissances en poursuivant ses études en Suisse, en France et en Allemagne, dans les domaines de l’hydraulique et du ferroviaire. Directeur dans un premier temps de la succursale italienne d’une entreprise anglaise spécialisée dans le ferroviaire, il saute le pas et créé en 1906 avec d'autres investisseurs sa propre société, la "Ing. Nicola Romeo & C." qui investit le marché des activités minières, notamment pour les wagons à moteur thermique.
Racines françaises
1906, c’est justement l’année où Alexandre Darracq entreprend de créer une filiale italienne de sa marque automobile, la Società Italiana Automobili Darracq. Seulement, Darracq Italie périclite rapidement à cause de coûts de production mal maîtrisés et d’une gamme pas vraiment adaptée aux besoins et aux goûts locaux. Néanmoins, l’usine, installée initialement à Naples, est relocalisée près de Milan, à Portello. Mise en liquidation, Darracq est revendue en 1910 à des investisseurs milanais, convaincus par le potentiel du marché italien, qui la transforment en Anonyma Lombarda de fabrica di Automobili, alias A.L.F.A.
Le Biscione
L'identité de la nouvelle marque passe évidemment par une nouvelle signature visuelle, qui n'a guère évolué depuis : le logo cerclé où sont inscrits Alfa et Milano est séparé à l'intérieur en deux parties. On trouve sur la gauche une croix rouge sur fond blanc qui rappelle l'emblème de Milan. A droite, on aperçoit un monstre mythologique à corps de serpent et tête de dragon, le Biscione, qui figure aussi sur les armoiries de la famille Visconti, une des plus illustres familles de la noblesse milanaise. Une légende tenace, dont plusieurs versions existent, lie en effet les Visconti à ce monstre, qui aurait alors pris un caractère sacré dans la capitale lombarde. Pour les uns, c'est Othon Visconti qui aurait ramené en trophée un casque sarrasin orné du Biscione pris à l'ennemi après une croisade, pour d'autres c'est Boniface, à la Renaissance, qui l'aurait tué pour libérer son fils qui avait été avalé.
24HP, la toute première
Les nouveaux propriétaires embauchent Giuseppe Merosi, un ingénieur passé par FIAT, Lentz et Bianchi, pour concevoir des voitures nouvelles, correspondant mieux au marché italien. A l'automne 1910 est ainsi présentée l’Alfa 24HP. Elle est munie d’un 4 cylindres en ligne de 4083cc de cylindrée, une boîte de vitesses à 4 rapports et 42 chevaux de puissance. La voiture peut grimper alors à 100 Km/h, ce qui est remarquable pour l’époque : un esprit alfa est bien né ! Dès l'année suivante, en 1911, des 24HP « Corsa » sont engagées à la Targa Florio. Ainsi dès ses débuts, ce constructeur s'est tourné délibérément vers la construction de voitures à caractère sportif.
ALFA trouve son Romeo
En 1915, ALFA est de nouveau en faillite, mais la Banca Italiana di Sconto la rachète et en confie la gestion à Nicolas Romeo. L'ingénieur en fait pendant la guerre un important fournisseur de compresseurs et de matériel militaire. Ce sont notamment des machines Alfa Romeo qui permettent à l'armée italienne, en 1916, de prendre le dessus sur les Austro-Hongrois dans la "guerre des mines" au Col di Lana. Après la fin de la guerre, en 1918, l'entreprise, qui avait également absorbé les "Costruzioni Meccaniche di Saronno ", les "Officine Meccaniche Tabanelli" de Rome et les "Southern Railway Workshops" de Naples, change son nom en société anonyme "Ing. Nicola Roméo et Cie ".
Confrontée aux problèmes de reconversion et de récession de l'après-guerre, soutenue financièrement par l'état, l'entreprise avait pour objectif la production de différents types de véhicules et de machines, mais en fait, elle se spécialisera dans les voitures. En 1920, après une longue bataille juridique pour utiliser le nom "ALFA", Alfa Romeo commence réellement la production de son 1er modèle d'après-guerre, la torpédo 20-30 HP. On connait la suite !
Images/sources : wikimedia commons, Alfa Romeo, carsfromitaly