Bilan définitif de l'accidentalité routière en 2019
Comme chaque année début juin, l'ONISR publie le bilan définitif de l'accidentalité de l'année précédente. Que révèle 2019 en matière de conduite en France ?
Comme chaque année début juin, l'ONISR publie le bilan définitif de l'accidentalité de l'année précédente. Que révèle 2019 en matière de conduite en France ?
Les statistiques publiées chaque début de mois par l'Observatoire national Interministériel de la sécurité routière (ONISR) sont des statistiques provisoires. Surtout, les analyses des accidents ne sont pas toutes formellement établies et il faut un peu de temps pour tout compiler et analyser un minimum.
En 2019, 3 498 personnes sont décédées sur les routes de Métropole et d'Outre-Mer. C'est très comparable avec les 3 488 décès enregistrés en 2018. Depuis plusieurs années (2013) on semble avoir atteint un plancher à 3500 morts par an environ. Le nombre de blessés varie un petit peu plus (+1,2% à 74 165 blessés) mais cela reste "dans l'épaisseur du trait". Quant aux accidents corporels, on en dénombre 58 840 en 2019 contre 58 352 en 2018.
Dans un premier niveau de zoom, la France métropolitaine baisse très légèrement : 3 244 tués en 2019 contre 3 248 en 2018. Les Outre-Mer connaissent une hausse de 5,4% mais les chiffres sont trop faible pour considérer cette variation. En effet, on dénombre 254 tués en 2019 contre 240 en 2018.
L'un des premiers enseignements de ce rapport de l'ONISR, c'est la mortalité qui baisse le plus. C'est celle hors-agglomération. -4% par rapport à 2018 et 72 tués de moins. Automobilistes, motards et piétons bénéficient de cette baisse. C'est aussi hors-agglomération que l'on connait la plus grande baisse de mortalité depuis 2000. En près de 20 ans, la baisse est de 63% !
Les autoroutes continuent aussi d'être "de bons élèves" de la Sécurité Routière avec -2% de tués sur 2019 par rapport à 2018. Cela représente 6 tués de moins, mais là, les chiffres sont contrastés. En effet, si on dénombre 18 motards de moins tués sur l'autoroute, d'autres catégories (automobilistes par exemple) compensent hélas.
Reste les tués en agglomération. Eux sont à la hausse. +8% entre 2018 et 2019 avec 74 tués de plus dont 40% sont des deux-roues motorisés, souvent moins de 24 ans, mais aussi des piétons : +22 tués dont les 2/3 sont des plus de 75 ans.
Quand on regarde depuis 2010, la mortalité hors-agglomération décroît de 25% tandis que celle en agglomération ne baisse que de 8%. Toutefois, les décès hors agglomération restent proportionnellement les plus nombreux avec 62% des tués de l'année (il faut dire que c'est là que ce concentre le plus de trafic routier).
Quand on regarde par catégorie de véhicule ou de moyen de déplacement, l'automobile reste la première avec 50% des tués de l'année. Cependant, sa part a progressivement légèrement diminué depuis 2010 avec une part qui est passée de 53 à 50%.
A l'inverse, les piétons, qui restent en valeur absolue vers les 480 tués par an, voient leur part dans les tués annuels sur la route passer de 12 à 15% entre 2010 et 2019 (483 décès l'an passé). A noter que pour la première fois, la Sécurité Routière enregistre 10 morts se déplaçant avec un "engin de déplacement personnel motorisé"...en gros une trottinette électrique !
Cyclomoteurs et motocyclettes continuent sur leur pente descendante respective. Pour les cyclos, on est passé en 9 ans de 248 décès à 134 l'an dernier. Les motards pour leur part passent de 704 tués en 2010 à 615 en 2019. Pour les motos, la proportion augmente légèrement en passant de 18 à 19% des tués de l'année. L'autre point noir, avec les piétons, ce sont les cyclistes. En effet, de 147 tués en 2010, on est à 187 en 2019. +27% entre 2010 et 2019, et même +32% entre 2000 et 2019 quand toutes les autres catégories sont à la baisse, voire largement à la baisse.
En catégorie d'âge, l'an dernier, ce sont surtout les 18-24 ans (+9%) et les 55-64 ans (+5%) ainsi que les 75 ans et plus (+4%) qui ont fait malheureusement la hausse globale constatée du nombre de morts sur la route.
Venons-en à la partie des causes des accidents. Toujours complexe et long à analyser, avec souvent du multi-factoriel. Il est en effet rare d'avoir une seule cause dans un accident. Selon le bilan de l'ONISR : "L’analyse en multi-causes des facteurs comportementaux relevés dans le fichier des Auteurs Présumés d’accidents mortels (APAM), confirme le rôle de la vitesse excessive ou inadaptée comme première cause des accidents mortels, l’alcool étant encore très présent".
Mais, il convient d'aller voir de plus près les chiffres. Déjà, oui, la vitesse "excessive ou inadaptée" (notion floue qui peut amener à considérée comme inadaptée une vitesse de 50 km/h hors-agglomération) reste le principal facteur. En plus, il est physiquement aggravant. Il est surtout prépondérant chez les moins de 35 ans (les foufous) avec 44% de causalité des accidents mortels des 18-24 ans par exemple.
L'alcool (excessif lui aussi...) reste au-dessus de 20% des causes d'accidents mortels pour les APAM de 18 à 54 ans. Ce n'est qu'après que l'alcool à 14, puis 6 puis 0% pour, respectivement, les 55-64 ans, les 65-74 ans et les 75 ans et plus. Quant aux stupéfiants, c'est également un facteur important chez les moins de 45 ans avec 13% des causes principales d'accidents mortels.
En revanche, les malaises grimpent au fur et à mesure du vieillissement. Ainsi, de 0 ou 1% chez les moins de 35 ans, on passe à 23 et 22% pour les 65-74 ans et les 75 ans ou plus. Pas très loin derrière, on trouve les refus de priorité surtout pour les plus de 75 ans, ou l'inattention qui augmente au fil du temps. Mais il ne faut pas en conclure que les plus âgés "font des malaises et refusent les priorités sans faire gaffe". En effet, l'inattention+refus de priorité dépassent les 17% quelque soit la catégorie d'âge.
Quand on regarde les causes dans les accidents mortels, il vient à l'esprit une réflexion : pourquoi continuer d'appeler ces drames des "accidents" de la route ? En effet, un accident selon la définition de l'Académie Française est : "Un évènement qui arrive de manière imprévue, en bien ou en mal".
Or, ici, 77% des accidents mortels impliquant un responsable de 18 à 24 ans sont dus principalement au trio vitesse, alcool et stupéfiants. Rien d'accidentel ou d'imprévu là-dedans, si ? Cela revient peu ou prou à sortir dans la rue avec une arme à feu et à tirer en fermant les yeux en espérant ne toucher personne. Ce même constat peut être fait jusqu'aux APAM de 45-54 ans avec un total de 49% des accidents mortels ayant pour cause principale l'un des trois facteurs sus-cités.
A l'autre bout de la pyramide des âges, si ce ne sont plus vitesse+alcool+drogue le trio infernal, c'est malaise, priorité, inattention. En enlevant la cause malaise qui relève semble-t-il de l'accident, il reste tout de même 1/3 des accidents mortels ayant pour APAM un sénior de plus de 75 ans qui procède d'une inattention ou d'un refus de priorité. Là encore, rien d'accidentel ou qui relève de la fatalité (du latin fatum : destin, accident).
Dernières remarques sur ce bilan de l'accidentalité 2019 de l'ONISR : habituellement, l'organisme fournissait une matrice des accidents montrant quel usagé était tué par quel autre. Ce tableau qui ne doit pas vraiment avoir changé montre que la moitié des automobilistes se tuent dans un accident sans aucun autre véhicule, souvent sur les "routes du quotidien". On déplore toujours 20% des automobilistes tués sans ceinture...là non plus pas vraiment accidentel. Enfin, il est toujours aussi compliqué d'avoir le détail des accidents par nationalité. La France est un pays de fort transit routier ce qui participe au trafic routier et aux "accidents". Par ailleurs, le chiffre du nombre de kilomètres parcourus chaque année manque. Dommage.
Le bilan publié officiellement par l'ONISR est consultable ici.
Comme chaque année début juin, l'ONISR publie le bilan définitif de l'accidentalité de l'année précédente. Que révèle 2019 en matière de conduite en France ?
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