Déjà, la pandémie à la Covid-19 force Renault à réinventer son AG. Cette dernière se déroule sans actionnaire, diffusée en direct comme depuis des années. Les actionnaires ont pu poser leur question les jours précédents. Les votes ont également été faits ces derniers jours.
L’AG est ouverte par Jean-Dominique Senard, Président du Conseil d’Administration du groupe Renault en présence de la Directrice Générale par intérim, Clotilde Delbos. Il rappelle les événements des derniers mois. Puis passe la parole à la DG jusqu’au 1er juillet. Elle présente les résultats financiers découverts il y a plusieurs semaines déjà.
Surtout, elle introduit le futur proche de Renault avec un accent qui devra être mis sur la mobilité, l’environnement, l’aspect durable et les transformations des marchés. Ce futur passe aussi par l’hybride, l’hybride rechargeable (en cours de lancement), mais surtout l’électrique. On sait déjà que le Dacia Spring rejoindra bientôt la gamme. Un autre nouveau véhicule est annoncé « plus haut de gamme » et le 1er sur la plateforme CMF-EV.
Un DG jugé sur le CO2, mais aussi l’image de Renault
Le conseil d’administration passera de 18 à 16 membres avec la fin du mandat de deux membres qui ne seront pas renouvelés ni remplacés. On passe ensuite sur la présentation des rémunérations des dirigeants. En revanche, les rémunérations des administrateurs sont touchées par l’actualité chargée de 2019. En effet, les administrateurs auraient dû toucher une rémunération pour chaque réunion du Conseil. Or, cela aurait doublé le budget maximum alloué. Un pourcentage de 34,5% est donc appliqué pour conserver le maximum de l’enveloppe de 1,5 million d’euros alloué à la rémunération du CA.
Pour le nouveau DG, Luca de Meo touchera un salaire de 1,3 million d’euros fixe, auquel on ajoute une part variable qui peut aller de 100 à 150% du fixe. Luca de Meo a renoncé au bénéfice du minimum de 100% pour la part variable face à la crise du Covd-19.
Dans les critères pour sa part variable, de Meo aura le critère « free cashflow » (qui prend le pas sur le simple chiffre d’affaire). Mais, aussi, et c’est nouveau, le CO2 moyen ainsi que l’image du groupe Renault, et de l’Alliance. C’est une modification de critères qui n’est pas inintéressante. On apprend également qu’il n’aura qu’une année (12 mois) de non-concurrence en cas de départ et si le Conseil souhaite la faire jouer.
Prise de parole du nouveau Directeur Général de Renault
Luca de Meo prend pour la première fois la parole publiquement en tant que (futur) nouveau DG du groupe Renault. On peut constater qu’il parle parfaitement le français. Il souligne le challenge de redresser « l’un des plus grands et je dirais les plus prestigieux constructeurs mondiaux ».
« Je suis tout à fait conscient de la situation dans laquelle se trouve l’entreprise, aggravée par la crise économique » déclare-t-il. « Je suis là pour le challenge, mais je suis là aussi par attachement et reconnaissance ». N’oublions pas en effet que de Meo a commencé chez Renault sa carrière. Il dit se mettre « au service de Renault ».
Ses premiers mots vont également vers tous les collaborateurs du groupe dont il reconnait les grandes compétences et leur mobilisation. Il se présente en passionné de l’automobile et la gamme à venir semble avoir ses faveurs. De Meo a également un mot pour l’Alliance et les partenaires Nissan et Mitsubishi.
« Les marques automobiles ont l’âme dans leurs racines. Ces racines françaises sont au coeur du groupe ». Il faudra prouver par les actes que la France est importante pour Renault.
Il conclut par un mot aux actionnaires : « Faire de Renault une des meilleures surprises de retournement de votre portefeuille d’actions ».
Quelques questions – réponses
Renault va-t-il quitter les segments C et D ? Clotilde Delbos, sans déflorer ce que dira Luca de Meo dans quelques jours, réaffirme la présence de Renault sur le segment C. Reste à savoir sous quelle forme : berline, SUV, etc. ?
Les coûts fixes de l’ingénierie baisseront via le changement de fournisseurs qui sont trop « high cost ». Cela signifie-t-il que Renault va mettre la pression sur ses fournisseurs et que des délocalisations ou changement d’approvisionnement sont à prévoir ? Sans doute. Il y aussi la réduction des frais fixes de structures et là, c’est clairement la réduction des m2 qui est évoquée.
JD Senard a évoqué la surcapacité – nottamment en France – des usines capables de produire dans le monde 5 millions de véhicules, soit plus que ventes 2019. Cependant, il souligne qu’il faut garder la bonne mesure entre la capacité maximale et la capacité de production. Le but est de mettre en tension les usines qui tourneront en 2 équipes sur 5 jours en moyenne.
Batteries, Daimler, F1 et prêt garanti par l’Etat
Concernant « l’Airbus des batteries », Monsieur Senard réaffirme que Renault est favorable. Mais, il rappelle qu’il faut multiplier les sources d’approvisionnement de batterie pour être performant. Mais, comme il s’agit aussi de recherche, cette alliance européenne est intéressante.
A propos du partenariat avec Daimler, le souhait est réaffirmé de le relancer. Souhait partagé avec Daimler et JD Senard annonce à mots couverts une annonce dans les prochaines semaines. L’engagement en Formule 1 est lui aussi réaffirmé, surtout avec le plafond de budget qui devrait arriver.
Clotilde Delbos précise de nouveau que le « prêt garanti par l’Etat » est en fait une ligne de crédit auprès de banques, l’Etat étant seulement garant pour inciter les banques à accorder la possibilité du prêt. Les contreparties étaient de continuer de payer les fournisseurs, ni de demander de report des norme CAFE ainsi que de ne pas créer de filiales dans certains paradis fiscaux, et de ne pas verser de dividendes pour 2020. En fait, ces engagements étaient « faciles à prendre » selon la DG par intérim. La ligne de crédit est toujours disponible.
Notons que les actionnaires ont approuvé à plus de 99% le non-versement d’un dividende en 2020 pour l’exercice 2019. Une quasi unanimité qui est à souligner.
Oui Renaut semble favoriser tous les approvisionnement concernant les batteries, ce jour Nissan communique sur le fait qu’il veut trouver un accord avec l’entreprise chinoise Sunwoda pour le développement de batteries de nouvelles générations.
Malgré ce que la photo laisse suggérer Clotilde Delbos doit être contente de laisser son intérim bientôt. Pas simple ces 6 derniers. On lui a laissé les mauvaises annonces, le nouveau DG aura la faveur de parler de la gamme qui arrive … Bon pas en période de crise économique mais bon cela donnera un peu de perspective!
Totalement classique malheureusement
Je pense que d’ici un an, le nouveau DG sera parti…
Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?
il abandonne une bonne place chez VAG où tout le monde apprécie le taffe qu’il a fait, ce n’est pas pour repartir dans 12 mois.
Ici on a clairement l’homme fort de Renault pour les prochains 10 ans. Après s’il se plante ce sera à revoir, mais pas d’ici 12 mois.
Le temps industriel est un temps long comme l’a rappelé JD Senard (et il sait de quoi il parle).
Apparemment, c’est le gars, qui semble être bon à la base et qui aime relever les challenges.
Renault est le portrait-robot de la bonne boîte en grosse difficulté avec un énorme potentiel de développement.
Maintenant, je suis peut-être naïf et trop optimiste.
En attendant pour avoir vu plusieurs fois le nouveau Captur… Belle réussite, il fait nettement plus classe que le 1er… Une montée en gamme radicale !
Et Clotilde, elle va sagement reprendre son ancien poste au marketing ?
Elle est toujours Directrice Financière. Elle n’a jamais quitté son poste et son contrat court toujours.
Le poste de DG par intérim a été ajouté par un nouveau contrat mais ne lui ouvre pas tous les avantages qu’ont les DG de Renault (actions de perf, retraite interne, etc.).
vous échangez toujours après un article ? c »est super agréable de pouvoir discuter avec un auteur d’un article.
Oui @WillEV, en général (la preuve 😉 ).
Du dialogue et de la diversité naît la richesse. Surtout, cela permet de confronter ses idées à celles des autres et d’en apprendre (certains lecteurs étant plus au fait ou plus calé que nous sur certains sujets).
Pour le Captur, c’eut été difficile de faire pire que le premier.
Il jurait fortement face à la Clio 4 (plastiques mal ébavuré, durs et sonores assez haut dans l’habitacle, économies de bout de chandelle sur certains éléments…heureusement qu’il avait une bouille sympa et des motorisations correctes. En fait, comme le Juke 1 phase 1…
Quand Renault renouvelle l’Espace, ils le placent entre deux cases…ne voulant pas tuer le nom, ils le conservent sur un véhicule qui ne démérite pas du tout mais qui n’a pas rencontré son public.
Le souci, c’est que le temps industriel c’est long…très long…10 ans min pour une voiture entre le début du programme R&D et l’arrêt. Et souvent, le programme est décidé encore plus en amont.
Donc une fois lancé…il faut assumer l’échec.
Question de compétences ? Non. Question de timing…le remplacement aurait eu lieu 2 ans après, ce Renault Espace V n’aurait pas vu le jour, ou aurait été radicalement différent.
Des fois cela sourit, des fois non.
En Europe, les monospaces ne font plus recette.
Quand le renouvellement arrive au bon moment, ou que l’on fait le bon pari, ça paye (exemple Peugeot qui n’a plus de monospace dans sa gamme et Citroën uniquement le C4 Spacetourer).
Bref, nul doute que Renault se prépare des jours meilleurs, mais l’impatience est forcément là.
Apriori, l’avenir, ce sont les VE, SUV, Hybrides. (chose que je disais déjà tout à l’heure)
Sauf que d’ici 5 ans, est-ce que ça sera toujours le cas ?
Mais gouverner, c’est prévoir et Luca de Meo sera pour ça ! (et sera jugé là-dessus)
Mouais, le Captur 1 n’était certes pas très bien fini (intérieurement en tous cas, la présentation extérieure était très correcte), ça ne l’a pas empêché de très bien se vendre ! Mais il n’empêche que le Captur 2 est assez impressionnant. Il y a un gap énorme avec le 1. Vous dites « pas difficile de faire mieux que le 1″… Il ne fait pas simplement mieux, il fait un bond colossal en avant.
Comme beaucoup de gens, j’ai été impressionné par la montée en gamme subite opérée par Renault, avec la Clio 5, et encore plus avec le Captur 2.
Bah alors pourquoi le Captur 1 s’est aussi bien vendu en Europe ??? 😮 🙁
de plus il n’y a pas trop de commentaire de taré comme sur d autres sites.
On y veille on y veille 😉
Gonflé d’orgueil bientôt déçu !!
Réduction des frais fixes de structure ??? Renault va alors quitter les Champs-Elysées comme les marques de PSA l’ont fait avant 😮
Non, cela confirme la réorganisation au Technocentre et dans d’autres centres d’ingénierie. Sans doute de la concentration de locaux.
Et surtout, les rares fournisseurs Français risquent de laisser des plumes et des emplois…
je vois pas l’intérêt de rester en f1, tout le monde s’en cogne, plus personne ne regarde et on va passer tous à l’elctrique qu’on le veuille ou non… les jeunes se foutent des formules 1
Il faut que Renault étoffe son offre électrique le plus rapidement possible avant que vw arrive avec ces gros sabots.
Au vu des performances de vente de la Zoé , Ils auraient du mettre un beau SUV familial et une berline avec une autonomie ++, Ils en avaient la capacité suffisait de doubler la batterie depuis déjà deux ans.
La force de Renault s’est la prise de risque ils devraient y aller à fond.
j’aurai même mis en Europe un méga paquebot type grand voyager à la place de l’espace avec des gros racks de batteries dessous quitte à frôler le gabarit d’un trafic.