Coupes drastiques
En attente du plan d'aide massif que promet l’état, Renault pour sa part vient de présenter un programme d'économies de plus de 2 milliards d'euros, étalé sur plusieurs années, qui va se traduire par une réorganisation de son appareil productif et la suppression de 15000 emplois, dont 4600 en France, parmi lesquels 1500 affecteront le Technocentre de Guyancourt. Mais l'écurie de F1 ne disparaît pas. « Nous avons dit publiquement et nous confirmons que nous restons engagés en Formule 1, a précisé Clotilde Delbos, directrice général de Renault par intérim, citée par l'AFP. "L’annonce d’une nouvelle réglementation sur le plafonnement des dépenses est très bonne pour nous car nous devrons moins investir dans cette discipline que certains de nos concurrents qui dépensent beaucoup d’argent. Donc nous sommes et restons en F1. »
La réforme salutaire de la F1
Les planètes semblaient ne plus s'aligner : une saison 2019 ratée, le camouflet du départ de Ricciardo, recruté à prix d'or, les déboires "volant en escadrille" pour le losange, etc. Mais le plafond budgétaire, auquel la crise de coronavirus a mis un coup de rabot supplémentaire, passant de 175 à 145 millions d'euros pour 2021 (et 135 millions d'ici 2023), conjugué au système de handicap au développement - le tout ayant été validé par la FIA - a positivement pesé dans la balance. Renault le rappelait mercredi, après la validation du plan de réduction des coûts par les écuries et Liberty Media : « Renault F1 Team se félicite de l'adoption du nouveau règlement par le Conseil Mondial du Sport Automobile, qui constitue des réponses responsables et appropriées aux défis à court et long terme de la Formule 1. » précisait ainsi le constructeur mercredi dernier.
Qui avec Esteban ?
Reste maintenant pour Renault une tâche ardue : trouver un remplaçant à Daniel Ricciardo, qui roulera chez McLaren l'an prochain. Aux côtés d'Esteban Ocon, Renault ne va sans doute pas casser sa tirelire, vu le contexte et l'expérience amère du cher Ricciardo. Les rumeurs sur le retour d'Alonso laissent entendre que l'espagnol n'aurait pas de grande prétentions financières, d'autant que son statut pourrait amener avec lui du sponsoring. Sinon, Renault pourrait jouer la carte jeune et pas chère en piochant dans sa pépinière....A moins que Mazepin ne joue la carte du fiston avec ses gros billets, mais sur le plan sportif, cette éventualité n'est guère enthousiasmante.
Williams pourrait vendre
Mais une autre opportunité pourrait s'ouvrir pour Mazepin. En effet, la vénérable écurie Williams vient officiellement de lancer un "processus formel de vente". Certes, ce n'est qu'une option parmi d'autres, puisque Williams étudie aussi la possibilité d'une augmentation du capital, qui se ferait via une levée de fonds de source externe, avec un nouvel investisseur, ou la cession d’une partie de l’actionnariat de WGPH, qui pourrait être majoritaire ou minoritaire. L'éventualité d'une vente demeure très forte.
Williams pâtit évidemment de ses deux dernières saisons, absolument catastrophiques sur le plan sportif et donc financier (via le manque à gagner sur la redistribution des revenus). Le coronavirus n'a pas arrangé les choses évidemment et pour couronner le tout, Williams vient d'annoncer la fin du partenariat avec son sponsor-titre, l'opérateur téléphonique Rokit, après une seule année de collaboration. Déjà pris à la gorge financièrement avant la crise, Williams, qui vient d'annoncer un chute de ses revenus de 130,7 millions de livres sterling en 2018 à 95,4 millions de livres sterling en 2019, n'a plus vraiment le choix.
Notre avis, par leblogauto.com
On peut se réjouir pour la F1, qui conserve un constructeur et pour la présence française dans la discipline, eut égard à l'apport historique que représente Renault. C'est aussi une bonne nouvelle pour Esteban Ocon, qui demande un peu de stabilité dans sa carrière ! Il est vrai également, étant donné les gros efforts que Renault a fourni pour améliorer son V6 hybride depuis plusieurs années et les investissements qui ont été consentis à Enstone, qu'un arrêt sec aurait laissé un immense sentiment de gâchis. D'un autre côté, il faut s'attendre à ce que des voix s'élèvent contre la poursuite du programme, qui sera jugé inapproprié alors qu'une usine va fermer et que des milliers d'emplois vont disparaître. Quant à Williams, sera-t-elle la première victime du coronavirus ? Cette équipe emblématique, présente depuis presque 50 ans en F1, est un monument en péril.
Source : AFP
Image : Renault