L'intersyndicale a dénoncé mercredi "l'absence totale de dialogue social" à l'usine d'assemblage d'utilitaires Renault à Batilly (Meurthe-et-Moselle). En parallèle, trois syndicats envisagent des procédures judiciaires pour non-respect des consignes sanitaires émises par le groupe et délit d'entrave à l'exercice du droit syndical.
L'intersyndicale de Renault Batilly inquiète pour la santé des salariés
L'intersyndicale réclame notamment le réaménagement des horaires pour empêcher le chassé-croisé des équipes afin de limiter les contacts et éviter toute contamination.
"D'autres sites sont capables de le faire, mais pas la Sovab. La direction n'a pas pris la mesure du danger", a regretté le représentant de SUD, Dominique Leclair lors d'une conférence de presse de l'intersyndicale (CGT, SUD, CFDT, CFTC et FO) de la Société de véhicules automobiles de Batilly (Sovab), filiale de Renault en Meurthe-et-Moselle.
Des salariés contaminés
Quelques salariés de la Sovab ont été contaminés par le coronavirus avant le confinement et "un cas suspect au montage" a été détecté mardi, selon l'intersyndicale.
La justice pourrait être saisie
Les syndicats CFDT et SUD "se réservent le droit" de saisir la justice pour contraindre la direction à appliquer, sous peine d'astreinte, le protocole sanitaire prévu dans le "Contrat de solidarité et d'avenir" signé le 2 avril par le constructeur automobile et les partenaires sociaux.
Une action en justice de ce type avait conduit à la fermeture de l'usine Renault de Sandouville (Seine-Maritime) fin avril. Celle-ci a rouvert la semaine passée.
Le site de Renault Batilly a atteint sa pleine cadence
Le site de Batilly, qui emploie 2.100 salariés et 400 à 500 intérimaires pour assembler l'utilitaire Master, a repris progressivement la production le 7 mai et a atteint "sa pleine cadence", selon l'intersyndicale.
"Le Covid-19 n'est pas une priorité, c'est le volume. On fait le même volume" actuellement qu'avant le confinement, ajoute M. Leclair.
Selon lui, la Sovab a simplement eu "une petite baisse de commandes". Les prévisions pour l'année 2020 ont été réduites de 150.000 véhicules à 127.800 en raison de l'épidémie.
Procédure pour délit d'entrave
La CGT envisage pour sa part une procédure en référé pour "délit d'entrave à l'exercice du droit syndical".
"Pendant le confinement, des élus (du CSE) souhaitant se rendre sur le site pour voir les conditions de travail des salariés en activité (maintenance et gardiennage notamment, NDLR) se sont vu refuser l'accès à l'entreprise, ce qui est totalement interdit", peste Didier Sibille, secrétaire CGT.
Celui-ci rappelle que "plus de 90 questions" liées au Covid-19 n'ont pas obtenu de réponse.
L'intersyndicale, qui évoque un "dialogue social déplorable", a déposé plusieurs droits d'alerte.
La direction n'a pas pu être jointe par l'AFP mercredi après-midi.
Elisabeth Studer avec AFP