Le spectre de la fermeture planait au-dessus de la Fonderie de Bretagne, filiale du Groupe Renault. L'usine de Caudan ne fermera donc pas ses portes, au grand soulagement des salariés et de tous leurs soutiens.
Ce matin, les salariés de la Fonderie de Bretagne se réunissaient une nouvelle fois (la 11e) pour une manifestation devant la Sous-Préfecture de Lorient. L'incertitude régnait alors que Renault dévoilait son plan d'économie de 2 milliards d'euros. Peu après, l'usine a connu un énième CSE (comité social et économique) extraordinaire durant lequel la bonne nouvelle est tombée.
"Il n’y a pas de fermeture de la Fonderie de Bretagne, ni de projet de repreneur pour FDB ! Voilà les copains, cette semaine de lutte a payé. C’est grâce à vous" a déclaré Maël Le Goff, secrétaire de la CGT Fonderie, selon Ouest-France.
Trouver de nouveaux débouchés
Concrètement, la fonderie va devoir aller chercher de nouveaux clients, autres que le propriétaire, Renault. Selon le PDG Laurent Galmard, cela passera par le marché agricole, les camions, les bus et cars, etc. Le but est clair, remonter la rentabilité de l'usine de Caudan pour convaincre Renault qu'il y a un avenir en Bretagne.
380 emplois étaient en jeu. Il y avait des discussions pour savoir si Renault chercherait un repreneur pour le site, ou le fermerait tout simplement.
Produits fabriqués à la FDB
- Châssis (pièces de sécurité) : bras de suspension et porte-fusées
- Moteurs : collecteurs et coudes d'échappement
- Boîtes de vitesses : boîtiers différentiels
A propos de la Fonderie de Bretagne
La Fonderie de Bretagne (FDB) a été crée en 1966 par la Régie Renault. Alors dénommée Société bretonne de fonderie et de mécanique (SBFM), l'usine sise à Caudan en bordure de Lorient (Morbihan) prenait le relais de la fonderie historique des forges de Hennebont commune limitrophe de Caudan (à Inzinzac-Lochrist exactement).
La SBFM va alors reprendre progressivement les activités qui étaient dévolues aux fonderies Renault de Billancourt (Boulogne-Billancourt). L'activité croît fortement et dans les années 1980, ce sont environ 1600 salariés qui travaillent sur le site. C'est une activité importante pour le bassin d'emplois lorientais. L'usine fond des pièces en acier ou en fonte, pour les voitures, les camions, les tracteurs et les machines-outils de la Régie.
La Régie devient Renault "tout court" et se prépare à la privatisation. En 1998, 2 ans après la privatisation effective de la maison mère, la SBFM est vendue à la Fabbrica Italiana Automobili Torino (alias la FIAT) via sa filiale Teksid alors spécialisée dans la fonderie acier et fonte.
La retour de Renault aux manettes en 2009
Ce seront des années noires pour la SBFM et Fiat fini par revendre la fonderie en 2006 à un entrepreneur italien (Zen) qui rachète les fonderies en difficulté pour les remonter et les revendre. Les effectifs ont fondu (sans jeu de mot) de moitié. 2 ans après, le dépôt de bilan de Zen France (la partie française du repreneur) est là et avec lui, celui de la SBFM. Le redressement judiciaire ne tarde pas à suivre et un plan de cession est lancé.
Contre toute attente, la SBFM est rachetée en 2009 par son ancien propriétaire, Renault. Il faut dire que 50% des collecteurs d'échappement de Renault sortent de l'usine à l'époque. Le nom change pour celui de Fonderie de Bretagne (FDB). En échange d'un investissement de 85 millions d'euros sur plusieurs années pour rénover l'outil industriel, Renault reçoit un "accompagnement" de la Région Bretagne, le conseil général du Morbihan, la communauté de Cap l'Orient et l'Etat, sous la forme de subventions de 5 millions d'euros. De 503 salariés alors repris, ils ne sont désormais plus que 380 en 2020.
Ce soir, c'est jour de fête à Caudan. Le travail reprendra mardi 2 juin 2020.