Bouffée d'air pour Renault sous forme de soutien de l'Etat ? Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré vendredi que l'Etat français envisageait de garantir un prêt bancaire avoisinant 5 milliards d'euros en vue d'aider le groupe automobile à faire face à la crise – sanitaire et économique - du coronavirus.
Prêt de 5 millards d'euros garantis par l'Etat à l'étude
S'exprimant sur TF1, Bruno Le Maire a ainsi déclaré que le gouvernement travaillait « sur un prêt de 5 milliards d'euros pour Renault, qui serait cette fois un prêt garanti par l'Etat ". Ajoutant que le montant était "encore en négociation".
"Qu'est-ce qui est en jeu? C'est notre industrie automobile, c'est un fleuron industriel qui appartient à notre culture, à notre histoire, Renault ! C'est un million d'emplois sur tout notre territoire qui sont liés à la filière de l'industrie automobile", a déclaré Bruno Le Maire.
L'Etat sera aux cotés des entreprises quelle que soit leur taille selon Le Maire
Soulignant le caractère "historique" de la crise, Bruno Le Maire a par ailleurs déclaré : "je veux que chaque entrepreneur, qu'il soit à la tête d'une PME, d'une TPE, ou à la tête d'une grande entreprise, sache que l'Etat sera à ses côtés et que nous ferons tout ce qu'il faudra, coûte que coûte, pour défendre nos entreprises".
Une aide de l'Etat : éventualité mise en avant dès le début du mois d'avril
Cette aide de l'Etat sous forme de garanties n'est pas une surprise. Dès le 8 avril dernier, Bruno Le Maire avait émis l'éventualité que l'Etat puisse soutenir le constructeur de la sorte. Pour rappel, l'Etat français contrôle 15% du capital de Renault.
Jean-Dominique Senard, patron du groupe Renault avait parallèlement indiqué qu'il envisageait d’avoir recours à des prêts bancaires garantis par l’Etat français pour aider le constructeur à passer la crise économique provoquée par la pandémie du Covid-19.
Prêts bancaires remboursables …. à long terme selon Senard
« Nous travaillons sur des idées de prêts bancaires qui seraient garantis par l’Etat et qui un jour ou l’autre seraient destinés à être remboursés ce qui fait que nous ne pèserons pas sur les finances de l’Etat », avait indiqué début avril Jean-Dominique Senard sur RTL.
Ajoutant être « absolument certain » que cette opération puisse permettre de passer « la mauvaise période » traversée actuellement.
Répondant à une question suggérant que ces prêts bancaires avoisinent un montant compris entre 4 à 5 milliards d’euros, le président de Renault a répondu que « ça pourrait être de cet ordre-là ». Ajoutant toutefois que les montants des crédits garantis n’étaient pas encore fixés à l’heure actuelle et qu’il était donc prématuré d’en parler.
Renault confiant sur sa solvabilité : méthode qué ?
Jeudi, Renault s'est certes montré confiant sur sa solvabilité. Il n'en demeure pas moins que son chiffre d'affaires a plongé de 19,2% au premier trimestre 2020, s'établissant à 10,1 milliards d'euros. Le constructeur est impacté par la chute de la demande mondiale observée dans le secteur automobile, phénomène qui s'est accéléré à la suite de la pandémie du Covid-19.
Reste que les agences de notation demeurent méfiantes, dégradant tour à tour la note de crédit du constructeur. Leurs craintes ont été exacerbées par le fait que le groupe ait brûlé 5,5 milliards de cash sur trois mois pour la seule activité automobile.
Début avril , Standard and Poor's a abaissé sa notation au rang d'investissement spéculatif.
De son coté, le constructeur tient à souligner qu'il disposait de 10,3 milliards de réserves de liquidités à la fin mars.
La DG de Renault tente de rassurer
Alors que le soutien de l'Etat pourrait être vu comme un appel au secours de Renault, Clotilde Delbos, directrice générale par intérim a tenté de rassurer jeudi lors d'une réunion avec des analystes, en affirmant que le recours à des prêts garantis par l'Etat représentait "seulement un filet de sécurité » et « rien de plus". Ajoutant que ce prêt se justifiait par les inconnues sur la durée de la crise et le rythme de la reprise.
Notre avis, par leblogauto.com
Clotilde Delbos a beau essayé de rassurer … le fait que Renault ait recours à un tel soutien financier laisse tout de même entendre que la crise actuelle pèse lourdement sur le constructeur. Et ce, d'autant plus qu'il était d'ores et déjà confronté à d'importantes difficultés avant que ne survienne la crise du coronavirus.
Reste que ces prêts « destinés à être remboursés » « un jour ou l’autre » selon les termes de Jean-Dominique Senard pourraient être dotés de deux précieux atouts : répondre à des problématiques de flux de trésorerie et de manque de cash … dans une optique court-terme …. tout en n’étant remboursable qu’à long terme. A moins qu’il ne s’agisse de crédits destinés à faire face à des difficultés structurelles ET conjoncturelles ?
Sources : AFP, TF1, RTL