Renault a annoncé jeudi la suppression de ses dividendes au titre de 2019, alors que la notation du groupe, affaibli par la crise causée par le coronavirus, a été abaissée au rang d'investissement spéculatif par l'agence Standard and Poor's.
Renault supprime son dividende
Le dividende a été supprimé lors d'un conseil d'administration dans l'après-midi de jeudi, a annoncé Renault dans un communiqué. Initialement, le groupe avait prévu de verser aux actionnaires 1,10 euro par action, comparé à 3,55 euros en 2018, après avoir enregistré l'an dernier ses premières pertes en dix ans.
Baisse de 25 % de la rémunération de JD Senard
Renault a également décidé une baisse de 25% de la rémunération du président Jean-Dominique Senard et de la directrice générale par interim Clotilde Delbos, pour le second trimestre 2020 "au minimum" et éventuellement plus longtemps si la crise devait durer. Les administrateurs subiront une baisse de 25% de leurs jetons de présence pour l'année en cours.
"Les économies réalisées seront reversées" au fond de crise dédié aux salariés du groupe. "La situation exceptionnelle imposait des mesures de solidarité exceptionnelles", a réagi la CFDT de Renault dans un communiqué, saluant "une démarche responsable".
De nombreux employés de Renault sont actuellement en chômage partiel du fait de la fermeture de l'essentiel des usines du groupe dans le monde.
La note de Renault dégradée par Standard and Poor's
Quelques heures avant cette annonce, la note de Renault avait été abaissée à "BB+", soit le premier rang dans la catégorie investissement spéculatif, par l'agence de notation Standard and Poor's, en raison des conséquences de la pandémie sur les résultats financiers attendus.
La note est assortie d'une perspective "négative", ce qui indique qu'elle pourrait de nouveau être abaissée prochainement.
Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire avait déclaré mercredi que l'État était prêt à soutenir Renault dont il détient 15% du capital. Mais il avait également demandé aux entreprises bénéficiant d'aides publiques de renoncer aux dividendes.
Jean-Dominique Senard avait assuré il y a une dizaine de jours qu'une renationalisation n'était "pas à l'ordre du jour", mais que Renault pourrait "solliciter des garanties auprès de l'État" sur des crédits.
Le constructeur, qui sort de plusieurs années fastes, bénéficie cependant toujours d'un "ample matelas de liquidités" a souligné S&P.
Renault a par ailleurs annoncé que la prochaine assemblée générale des actionnaires, reportée à cause du coronavirus, se tiendrait le 19 juin dans un format restant à définir.
Elisabeth Studer avec AFP