Complexité sanitaire, juridique et logistique
Les reports déjà actés des 24 heures du Mans ou encore du Tour de France laissaient peu de doute quant au sort du grand prix, qui aurait dû célébrer les 50 ans du circuit.
Le délai de communication avant l'annonce d'aujourd'hui témoigne des tractations qui ont eu lieu en coulisses pour trouver une date de report, mais elles ont échoué. Premièrement, la situation sanitaire est encore trop incertaine. L'épreuve française, qui ne paye pas aussi cher que d'autres, n'était peut-être pas une priorité et surtout, à supposer d'un retour progressif à la normale durant l'été, il aurait été compliqué de décaler cette course en août, là où Liberty media veut recaser les courses européennes, alors que la région est en tension avec les flux touristiques. Le calendrier du Castellet est également bien rempli à partir de cet été, caser une date relevait donc de la mission impossible. N'oublions pas aussi que d'autres courses, reportées plus tôt dans la saison, ont dû aussi réserver leur créneau.
« En raison des déclarations du président de la République française visant à interdire les grands événements jusqu’au milieu du mois de juillet au minimum et à maintenir la fermeture de l’espace Schengen jusqu’à nouvel ordre, et des récentes décisions annoncées par le Gouvernement Français afin de lutter contre la propagation du virus Covid-19, le GIP Grand Prix de France - Le Castellet prend acte de l’impossibilité de maintenir le Grand Prix de France de Formule 1 le 28 juin prochain, ont fait savoir les organisateurs dans le communiqué.
La santé et la sécurité de ses spectateurs, de ses partenaires et de l’ensemble des acteurs de la Formule 1 est une priorité. Le GIP Grand Prix de France – Le Castellet soutient les décisions prises par le Gouvernement Français. Le Grand Prix de France de Formule 1 tient à remercier ses clients, l’ensemble des administrateurs de son GIP, le Circuit Paul Ricard, l’ensemble de ses partenaires et des entreprises l’accompagnant dans l’organisation de cet événement ».
Comme annoncé depuis plusieurs semaines, les détenteurs de billets pour l’édition 2020 seront remboursés. « Les regards du GIP Grand Prix de France – Le Castellet se tournent déjà vers l’été 2021 afin d'offrir à nos spectateurs un événement encore plus inédit au cœur de la Région Sud », précise Éric Boullier, directeur général du Grand prix. « Nous avons été en contact étroit avec le promoteur français au cours de l'évolution de la situation et, bien qu'il soit décevant pour nos fans et la communauté de la F1 que le Grand Prix de France n'ait pas lieu, nous soutenons pleinement la décision prise par les autorités françaises et espérons être bientôt de retour au Paul Ricard », a ajouté Chase Carey, PDG du Formula One Group.
Le huis clos avait été également envisagé, mais la FFSA n'a pas voulu en entendre parler. Le contrat avec la FOM aurait nécessité une révision, car les recettes du GP de France, soutenu par des aides publiques, reposent avant tout sur la billetterie.
L'Autriche en pole pour lancer la saison
Comme l'avait souligné récemment Helmut Marko, les plans de la FOM pour la reprise du championnat tablent désormais sur l'Autriche début juillet. Red Bull, qui y court à domicile, soutient fortement l'idée avec la possibilité d'organiser deux courses d'affilée sur le Red Bull Ring, qui se tiendraient à huis clos mais permettrait au moins d'enclencher les droits TV et donc de débloquer la situation financière des équipes. Fort d'une importante trésorerie, Liberty Media a d'ailleurs fait une avance financière à plusieurs équipes qui sont en tension budgétaire, puisque les revenus des sponsors sont en général fixés au prorata des courses disputées.
Silverstone, à proximité du QG de la plupart des équipes, a déjà acté l'organisation d'une course à huis clos le 19 juillet. Un format double est également sur la table pour le circuit anglais. Liberty Media espère ainsi déployer une calendrier régionalisé : l'Europe entre juillet et début septembre, avec des courses - en tous cas les premières - à huis clos pour rester cohérent avec les mesures sanitaires. L'Asie et les Amériques occuperaient automne, avant d'achever la saison en novembre-décembre par le Moyen-Orient. Les autorités sportives espèrent toujours organiser ainsi une quinzaine de courses, qui permettraient au championnat 2020 d'avoir une réelle consistance.
"Nous publierons notre calendrier finalisé dès que possible", assure Carey. Bien évidemment, il ne sera réalisable que si la crise sanitaire liée au Covid-19 s'améliore dans les différents pays concernés. "Nous devons encore régler de nombreuses questions, comme les procédures d'entrée et de fonctionnement pour les écuries et nos autres partenaires dans chaque pays", explique le dirigeant.
Plus que jamais, la pandémie de Coronavirus devra pousser tous les acteurs de la F1 à revoir le modèle.
Source : GP France, F1