10 avril 1950 : 1ère du Scorpion, dernière de Nuvolari
par Nicolas Anderbegani

10 avril 1950 : 1ère du Scorpion, dernière de Nuvolari

C'était il y a tout juste 70 ans, Carl Abarth pouvait être fier : pour la première fois, une voiture à son nom remportait une course ! La première d'une longue série. Comme un symbole, ce succès fut en même temps le dernier d'une légende, Tazio Nuvolari.

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De Cisitalia au Scorpion

Devenu "Carlo" en 1945, Karl Abarth est recruté en 1947 par le marque Cisitalia, qui avait été créée par l'homme d'affaires Piero Dusio et le pilote Piero Taruffi.  Avec d'autres ingénieurs, il développe un nouveau châssis, la Cisitalia 204A. Déjà fidèle à des principes qui feront sa marque de fabrique, Abarth a créé une voiture de sport courte et légère, dotée d'un châssis construit autour d'une poutre-tube central en aluminium. Le châssis se montre excellent en termes de rigidité, tout en permettant un poids contenu, d'environ 510 kilos contre 600 à la concurrence.

Malheureusement, la société Cisitalia fait faillite au début de l'année 1949. Pour ne pas perdre le fruit de son travail, Abarth s'associe avec Guido Scagliarini, qui apporte des capitaux, pour racheter les Cisitalia 204A et les pièces détachées. Pendant un an, conformément à la décision de justice, les modèles seront engagés en course sous le nom de Cisitalia, mais à partir de 1950, ils pourront être engagés sous leur nouveau nom, celui d'Abarth. C'est ainsi que surgit donc l'Abarth 204A, qui peut arborer son nouvel emblème, le signe astrologique commun de Carlo Abarth et Guido Scagliarini : le Scorpion.

Le système de suspension s'inspire de la Porsche 356 (Abarth est un ami de Ferry Porsche, qui fut impliqué dans le projet Cisitalia), avec des roues indépendantes et des barres de torsion transversales. Côté mécanique, il s'agit d'un 4 cylindres dérivé de la Fiat 1100, gavé par deux carburateurs Weber pour délivrer une puissance de 83 chevaux. Grâce au poids contenu du châssis, la 204A est capable d'atteindre 190 Km/h.

Le crépuscule d'un dieu

Parmi les pilotes sur lesquels ils peuvent compter se trouve Tazio Nuvolari, qui était déjà de la partie avec Cisitalia depuis l'après-guerre. Le "mantouan volant", celui dont Ferdinand Porsche dira à sa mort qu'il était "le plus grand pilote du passé, du présent et du futur", est le maestro du volant dans l'entre-deux-guerres, le champion d'Europe 1932, le vainqueur du Mans en 1933, celui qui fit tomber les flèches d'argent en 1935 sur leur terrain du Nürbrugring lors d'une course épique.

Pourtant, Nuvolari, désormais âgé de 58 ans, est un homme de souffrance. Souffrance morale, liée à la perte tragique de son fils Alberto en 1946, mais souffrance physique aussi, car l'immense Tazio, petit par la taille mais géant par le talent, est très affaibli par ses problèmes pulmonaires. Il n'est pas rare de le voir terminer des courses avec du sang sur ses vêtements. Ce 10 avril 1950, il participe avec une 204A à la course de côte de Palerme-Monte Pellegrino. Il termine 5e au scratch mais 1er dans la catégorie des petites cylindrées. C'est le premier succès de catégorie du Scorpion, mais c'est la toute dernière victoire de Nuvolari, ainsi que sa dernière course. De plus en plus diminué physiquement, l'italien se retire de la compétition et décède en 1952 suite à plusieurs AVC.

Ce 10 avril 1950, le crépuscule d'un dieu de la route se conjuguait avec l'émergence d'une saga automobile qui se perpétue encore aujourd'hui !

Images : wikimedia commons, flickr

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C'était il y a tout juste 70 ans, Carl Abarth pouvait être fier : pour la première fois, une voiture à son nom remportait une course ! La première d'une longue série. Comme un symbole, ce succès fut en même temps le dernier d'une légende, Tazio Nuvolari.

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