Audi quitte un DTM plus que jamais en danger
Sale temps sur le sport automobile ! C'est un gros coup dur qui survient pour le prestigieux championnat allemand de tourisme, avec le retrait d'Audi à l'issue de la saison 2020.
Sale temps sur le sport automobile ! C'est un gros coup dur qui survient pour le prestigieux championnat allemand de tourisme, avec le retrait d'Audi à l'issue de la saison 2020.
En l'espace de deux ans, le DTM a subi successivement le départ de Mercedes, le retrait anticipé d'Aston Martin après le fiasco de la saison 2019 et désormais celui d'Audi, qui était un des piliers du "nouveau" DTM ressuscité en 2000.
A l'instar de ses consœurs Volkswagen et de Porsche, la firme aux anneaux réoriente sa stratégie compétition. A côté de la formule très rentable du compétition-client en GT3, l'engagement officiel d'Ingolstadt va désormais se focaliser sur l'électrique, et notamment la Formule E. C'est une page d'histoire qui se tourne pour le DTM et pour Audi, qui a marqué la discipline avec 23 titres (pilotes/constructeurs/équipes), 113 victoires et une lignée exceptionnelle de berlines entamée avec l'incroyable V8 Quattro, puis les TT-R et A4 des années 2000 jusqu'à l'actuelle RS5, archi-dominatrice de la saison passée.
Markus Duesmann, responsable du conseil de Management d’Audi AG, précise: « C’est une plate-forme très attractive (la Formule E, ndlr). Nous travaillons également sur d’autres formats innovants de sport automobile pour l’avenir (...) Nous espérons que cette situation difficile s’améliorera bientôt et que nous aurons toujours la possibilité de participer à quelques manches de DTM cette année, ajoute Hans-Joachim Rothenpieler, membre du conseil de Développement pour Audi. Les fans méritent (ces courses) et ITR également, tout comme nos équipes, teams et partenaires, qui disposent à présent d’un délais suffisant pour se repositionner pour l’après-2020. Le sport automobile est et sera toujours un élément important de l’ADN d’Audi.»
Voilà une bien mauvaise nouvelle pour Gerhard Berger, le président de l'ITR qui est en charge de la destinée du DTM. L'ancien pilote de F1, qui a été souvent très critique envers la Formule E, l'avait d'ailleurs mauvaise : "Aujourd’hui est un jour particulièrement difficile pour le sport automobile en Allemagne en Europe. Je regrette profondément la décision d’Audi de se retirer du DTM après la campagne 2020. Bien que nous respectons la décision du Comité d’Audi, l’annonce de cette nature à court terme pose à ITR, notre partenaire BMW et nos équipes un certain nombre de défis spécifiques. Étant donnée notre association commune et les épreuves particulières que nous affrontons tous durant la pandémie de Covid-19, nous aurions aimé davantage d'entente. Cette décision empire la situation et l’avenir du DTM dépend à présent grandement de la réaction de nos partenaires et sponsors. »
Si la situation du Covid-19 est exceptionnelle et accélère sans doute les réorientations stratégiques des constructeurs, la pandémie n'explique pas tout. Le DTM semblait déjà engagé dans une impasse à court terme. L'hybride est prévu pour 2022 mais arrive peut-être trop tard. L'étiquette très germanique du championnat ne colle plus vraiment aux stratégies globalisées des marques. On le voit bien avec le futur LMDh, qui, en étant compatible à la fois avec le WEC et l'IMSA américain, est en train d'enterrer l'Hypercar. Pour en revenir au DTM, la nouvelle règlementation Classe 1, introduite en 2019 et qui a permis ce fameux rapprochement avec le SuperGT japonais, a induit une hausse des coûts qui n'est pas vraiment dans l'air du temps. Audi avait proposé que le DTM évolue vers une formule silhouette de type Nascar, avec moteur unique, mais c'était hors de question pour BMW.
Comme l'a également souligné Hans-Joachim Stuck, observateur éclairé du sport auto allemand, le problème de la Classe 1 est que ces véhicules ne sont exploitables que dans deux séries (DTM et SuperGT) et sont trop sophistiqués pour être confiés à des structures privées, comme les voitures TCR.
Stuck a suggéré que le DTM délaisse la Classe 1 et se rabatte sur le GT3. La formule bien rodée du GT3 permet d'engager les voitures dans un nombre très vaste de championnats de par le monde, ce qui est en adéquation totale avec les exigences marketing et budgétaires du sport automobile actuel. Mais à ce compte là, le DTM s'éloignerait totalement du tourisme (certains rétorqueront que c'est déjà le cas avec les Classe 1, plus proches en performance des GT que des TCR) et pourrait y perdre son âme. La concurrence des championnats GT3 bien établis et notamment du fameux VLN en Allemagne ne risquerait-elle pas de marginaliser le DTM, à moins qu'il s'agisse de GT3 débridées ?
Autre piste possible, le DTM prospecte aussi depuis quelques mois sur une variante tout-électrique spectaculaire et futuriste. Berger a été longtemps réticent à cette évolution de la compétition, mais, par la force des choses, sa position va sans doute évoluer. De quoi concurrencer la Formule E qui vient de lui chiper Mercedes et Audi ? Là aussi, les coûts seront déterminants.
Bref, il est clair que l'avenir du DTM s'obscurcit considérablement. BMW se retrouve désormais tout seul, et, sans nouveaux constructeurs en approche, c'est l'existence même du championnat qui est en sursis. On voit mal comment la firme bavaroise accepterait de se retrouver à gagner toute seule dans un championnat déserté, à l'image de ce que vit Toyota en WEC. En 1996 déjà, l'explosion des coûts des DTM "Classe 1" (déjà) et le retrait brutal d'Alfa Romeo et Mercedes avaient signé l'arrêt de mort de l'ITC.
FIA-GT, ITC, WEC, DTM, même combat, l'histoire du sport automobile le montre. Quand un championnat est directement lié à l'engagement officiel de constructeurs, une vague massive de départs le menace de disparition pure et simple. A qui le tour ? Pour beaucoup de championnats, il va falloir se réinventer ou disparaître.
Source : Audi, DTM news
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