La guerre fait taire les moteurs
30 mai 1941, Floyd Davis et Mauri Rose remportent les 500 miles d'Indianapolis, sur une Wetteroth-Offenshauser. Alors qu'une partie de l'Europe est sous la botte nazie, que l'Angleterre résiste coûte que coûte au "Blitz" de la Luftwaffe et que les plans de Barbarossa, l'invasion de l'URSS, se préparent, l'Amérique continue comme si de rien n'était, une majorité d'américains ne se sentant pas encore concernés par la guerre qui se déchaîne de l'autre côté de l'Atlantique.
Six mois plus tard, tout bascule. L'attaque surprise de l'aéronavale japonaise sur Pearl Harbor stupéfie le peuple américain et l'Amérique se met en ordre de marche pour ce qui sera une guerre totale. Par conséquent, l'édition 1942 des 500 miles est annulée et en Juillet de la même année, l'état fédéral suspend jusqu'à nouvel ordre les courses automobiles. Seules subsistent encore quelques épreuves en Amérique du Sud, épargnée par le second conflit mondial, mais entre 1943 et mi-1945, plus aucune compétition n'a lieu. Les moteurs qui grondent sont ceux des tanks et des bombardiers.
Eddie Rickenbacker, meilleur as américain de la Grande Guerre et ancien pilote de course, avait acheté l'IMS en 1927 aux fondateurs Carl Fisher et James Allison. Mais il est très accaparé par ses activités aéronautiques en lien avec l'effort de guerre américain. Alors que les courses s'arrêtent sur l'IMS, des projets sont envisagés pour que le site soit utilisé par l'US Air Force, ou encore pour y créer un centre de réadaptation de vétérans, mais à chaque fois, les initiatives tombent à l'eau.
Des mauvaises herbes...et un futur lotissement ?
Deux ans plus tard, Wilbur Shaw, triple vainqueur des 500 miles (1937, 1939, 1940) est envoyé sur l'IMS par autorisation gouvernementale afin d'y effectuer des tests de pneumatiques pour le compte de Firestone. Il découvre alors un site en piteux état, à l'abandon. La piste est certes encore praticable, mais les installations sont envahies par les ronces et les mauvaises herbes."De l'herbe et des mauvaises herbes poussaient tout de suite entre les briques de la principale et les anciennes tribunes en bois semblaient sur le point de tomber. Les vues déprimantes ont en fait hanté mes rêves pendant plusieurs nuits"
Shaw croise la route de Rikenbacker, qui est en train de négocier la vente du circuit. Les discussions ont bien avancé avec un certain Lem Trotter, puissant hommes d'affaires de la région, qui avait été impliqué dans la naissance du circuit au début du siècle. Mais Trotter songe à une toute autre fonction, avec un projet de transformation du circuit en complexe commercial et résidentiel. Il faut dire que l'infield (la partie à l'intérieur du circuit) n'est pas occupé à cette époque par un circuit routier mais par un parcours de golf !
L'ère Hulman débute
Quand Shaw apprend ce projet, il demande à Rikenbacker la somme nécessaire pour racheter le circuit : 750.000 dollars. Shaw active ses réseaux et se démène alors pour trouver des investisseurs afin de sauver le circuit de la disparition. Beaucoup d'industriels de l'automobile sont intéressés, mais uniquement pour en faire une piste d'essais pour les constructeurs. Il finit par entrer en contact avec Tony Hulman, le seul qui semble séduit à l'idée de relancer la course mythique des 500 miles et de restaurer le prestige du circuit. Hulman est à la tête d'un empire industriel familial, qui a fait fortune dans l'alimentaire et le commerce de gros. La levée des restrictions sur les courses automobiles, accordée par le gouvernement en août 1945, permet d'envisager rapidement le retour des courses sur l'IMS.
La vente est signée le 14 novembre 1945 pour un prix d’environ 750 000 dollars et des travaux de rénovation sont rapidement menés. Wilbur Shaw est nommé directeur du circuit et en 1946, les 500 miles renaissent de leurs cendres. Le circuit restera la propriété de la famille Hulman jusqu'en 2019, avant que Roger Penske n'en prenne les commandes à la tête de son empire automobile.
Source et images : Indycar, indianapolismotorspeedway.com