Nissan poursuit ses projets de production de son nouveau SUV Qashqai dans son usine britannique, malgré les risques liés au Brexit. Et en l'absence d'éléments clairs concernant les droits de douane qui s'appliqueront à terme entre le Royaume-Uni et les pays membres de l'Union Européenne. Une information communiquée sur son site internet. Lequel mentionne en parallèle un investissement de 52 millions de livres (60 millions d'euros ) en vue de financer une nouvelle ligne d'assemblage sur le site.
Nouvelle ligne d'assemblage pour le Nissan Qashqai
La nouvelle ligne de production fait partie d'un investissement de 400 millions de livres (462 millions d'euros) destiné au Qashqai, en plus des 100 millions de livres (116 millions d'euros) investies pour le nouveau Juke, entré en production l'année dernière, avec 35 000 unités assemblées durant la période.
En 2016, Nissan avait indiqué qu'il construirait le nouveau Qashqai sur son site de Sunderland, dans le nord de l'Angleterre, le gouvernement britannique ayant préalablement assuré que le Brexit n'aurait pas d'incidence sur la compétitivité des investissements. Le constructeur prévoyait alors de commercialiser le nouveau modèle de son véhicule vers le début de 2021.
Les droits de douane : le nerf de la guerre
Nissan justifie désormais sa stratégie en indiquant que si la sortie du Royaume-Uni de l'UE conduisait à la mise en œuvre de droits de douane, son activité européenne – laquelle inclut également une usine à Barcelone (Espagne) - ne serait plus viable.
"Notre équipe au Royaume-Uni continue de fixer les normes de productivité et de qualité", a déclaré Ashwani Gupta, Directeur Opérationnel.
Bien que le Royaume-Uni ait officiellement quitté l'UE en janvier 2020, les conditions commerciales avec l'Europe resteront inchangées jusqu'à la fin de l'année, après quoi un nouveau partenariat, qui doit encore être négocié, entrera en vigueur.
Les constructeurs redoutent que des contrôles douaniers, des tarifs et des réglementations supplémentaires puissent augmenter les coûts, tout en ralentissant parallèlement les processus de fabrication, voire même aboutissent à une interruption temporaire de la production qu'un imbroglio juridique serait à même de générer.
Nissan Leaf, Qashqai et Juke assemblés au Royaume-Uni
A l'heure actuelle, Nissan assemble les modèles Leaf, Qashqai et Juke au Royaume-Uni, générant ainsi plus de 7 000 emplois directs.
Le site Nissan de Sunderland, la plus grande usine automobile implantée sur le territoire britannique, a produit près de 350 000 véhicules en 2019, en baisse de près d'un tiers depuis un pic récent de plus de 500 000 voitures en 2016.
Nissan dans la tourmente financière
Cette annonce intervient alors que Nissan, confronté à de sérieuses difficultés se doit d'accélérer sa politique de réduction des coûts en vue de revenir à une situation bénéficiaire. Tout en gérant parallèlement l'impact de l'affaire Ghosn sur le constructeur japonais et sur ses relations avec Renault, son partenaire au sein de l'Alliance.
Notre avis, par leblogauto.com
La position de Nissan est loin d'être similaire à celle de PSA. Une décision sur l’opportunité d’investir davantage dans Ellesmere Port ne sera prise qu’une fois que les conditions commerciales entre la Royaume-Uni et l’Union européenne auront été négociées, a martelé récemment le patron du groupe français, Carlos Tavares. Ajoutant que le constructeur ne devrait pas prendre de décision sur le maintien du site d'Ellesmere Port avant la fin de 2020.
« La décision ne sera pas prise avant que nous ayons une compréhension claire du résultat des discussions entre le gouvernement britannique et l’Union européenne », a déclaré le patron de PSA aux journalistes lors d’une conférence téléphonique organisée suite à l’annulation du Salon de Genève.
Nissan a trois de ces modèles phares produits au Royaume-Uni : Nissan Leaf, Qashqai et Juke. Difficile de changer rapidement de fusil d'épaules …
Le fait qu'il se soit engagé dès 2016 à produire le nouveau Qashqai sur le territoire britannique … en 2021 – compte-tenu de l'assurance du gouvernement britannique que le Brexit n'impacterait pas sa rentabilité – montre à quel point les études de rentabilité doivent être menées en amont et anticipées.
Sources : Nissan, Reuters