Les puissants syndicats du groupe VW ont promis de bloquer le projet du constructeur de construire une usine de 1,3 milliard d'euros en Turquie jusqu'à la fin des opérations militaires déclenchées par l'armée turque dans le nord de la Syrie.
Les syndicats de VW mettront leur veto tant que durera l'offensive turque
"Je tiens à dire très clairement: les représentants des travailleurs mettront le veto sur toute approbation tant que la Turquie tente d'atteindre ses objectifs politiques avec des moyens militaires et par la force", a déclaré Bernd Osterloh, chef du comité d'entreprise mondial de VW et membre du conseil de surveillance du constructeur, dans une allocution publiée par le journal Bloomberg.
Volkswagen a suspendu son projet de construction d'un site en Turquie
Le mois dernier, Volkswagen a suspendu son projet d'implantation d'un nouveau site industriel en Turquie après l'escalade des tensions après le retrait des troupes américaines de Syrie et l'offensive menée par l'armée turque contre une milice kurde de Syrie.
La Turquie cherche quant à elle à instaurer une “zone de sécurité” de 32 kilomètres de profondeur en vue de séparer sa frontière des territoires aux mains du YPG, une milice kurde qu'elle qualifie de terroriste.
Mi-octobre, le constructeur a déclaré qu’il avait reporté la décision finale sur le choix du site de Turquie. Une annonce qui fait suite aux vives critiques internationales contre l’opération militaire turque en Syrie, Volkswagen s’inquiétant notamment d’un mauvais impact sur son image de marque en cas d’une annonce allant dans le sens d’une construction d’un nouveau site sur le territoire turc.
Osterloh a quant à lui tenu à noter déclaré que les directives de VW sur la codétermination et l'engagement social dans ses usines exigeaient "un environnement de stabilité et de fiabilité". Ce qui n'est pas le cas actuellement en ce qui concerne la Turquie. Et qui risque de l'être encore longtemps … le problème ne pouvant pas se résoudre en quelques heures ….
La Turquie vue comme une porte d'entrée pour le Moyen-Orient
VW avait préalablement choisi Manisa, située à 40 km au nord-est d’Izmir, sur la côte ouest de la Turquie, pour y implanter une usine dont la production devait débuter en 2022. Le projet devait permettre la création d'environ 5000 emplois.
Le constructeur prévoyait d'y construire la Passat de la prochaine génération et son modèle jumeau, la Skoda Superb.
Le site devait être doté d'une capacité de production annuelle maximale de 300 000 véhicules. Il était initialement conçu pour servir de base à l'expansion de VW en Turquie et au Moyen-Orient.
S'il se concrétisait, le projet d'implantation du site de VW en Turquie marquerait une étape importante pour le pays en termes d'attraction des investissements étrangers après une période économique difficile suivant une récession.
Pas d'urgence pour la recherche d'alternatives selon VW
VW est préoccupé par la situation politique et suit l'évolution de la situation, a déclaré mercredi le directeur financier de VW, Frank Witter. Ajoutant qu'il n'y a pas de pression immédiate à l'heure actuelle pour chercher des alternatives, des capacités supplémentaires pouvant être ajoutées sur les sites existants en Slovaquie et ailleurs.
Volkswagen a toutefois refusé de commenter davantage.
Quand Erdogan demande aux hauts fonctionnaires turques de rouler en Passat
Il faut dire que Volkswagen doit jouer finement. Début octobre, nous apprenions en effet que le président turc, Recep Tayyip Erdogan a demandé à ses hauts fonctionnaires de délaisser leurs Audi pour rouler désormais avec de nouvelles Volkswagen Passat pour leurs déplacements professionnels.
Une directive voyant le jour alors que VW venait de s'engager pour produire en Turquie la Passat de prochaine génération.
Difficile désormais pour Volkswagen de revenir sur son accord compte-tenu de telles "négociations" … et d'échanges de « bons » procédés …
Rivalité Turquie/ Balkans pour le choix d'implantation
Suite à la décision du groupe Volkswagen de suspendre ses investissements en Turquie, les pays des Balkans rivalisent entre eux en vue d’accueillir un nouveau site d’une capacité de 1,3 milliard d’euros (1,4 milliard de dollars).
Alors que la Turquie ne semble plus avoir les faveurs de Volkswagen pour le choix d’implantation de sa nouvelle usine, la Bulgarie, la Roumanie et la Serbie espèrent que VW prenne en compte à sa short list précédente – laquelle incluait les pays des Balkans et l’Afrique du Nord – pour déterminer quel sera l’ »heureux gagnant » .
Il faut dire que l’enjeu est de taille : l’investissement serait l’un des plus importants réalisés par un constructeur dans l’un de ces trois pays. Lesquels luttent depuis longtemps pour tenter d’endiguer la corruption et améliorer leurs infrastructures.
L'avis de Leblogauto.com
Rappelons que les représentants des salariés de VW exercent une influence majeure sur les décisions stratégiques du constructeur. Ils représentent la moitié des sièges au conseil de surveillance et jouissent d'un droit de veto étendu.
Or, le conseil de surveillance doit se réunir le 15 novembre prochain pour l’examen annuel des prévisions de dépense sur 5 ans du constructeur. Parmi les dossiers traités y figure le montant des allocations dédiées à ses usines au niveau mondial.
Les discussions risquent d'être tendues …
Sources : Bloomberg, Automotive News, Reuters