C'est donc l'un des acteurs majeurs de l'association AIRe (pour le rétrofit électrique) qui l'annonce dans un communiqué. Il en profite pour annoncer sa gamme complète. Une gamme qui va de la petite voiture à la voiture de prestige au risque de choquer certains quidams.
Comptez de 20 000 € pour une petite type Fiat 500 ou Twingo 1, voiture incluse, à plus de 60 000 € pour une "exceptionnelle" comme des Rolls Royce (?) ou Porsche 911 et 912. Pour lancer les opération, Retrofuture Electric Vehicles propose 15 modèles en prévente. En fonction du modèle, l'autonomie varie de 120 à 200 km. Les premières livraisons auront lieu en juin 2020.
Le retrofit électrique, une hérésie ?
Le retrofit électrique va donc être enfin autorisé. Mais, il soulève beaucoup de questions et beaucoup de polémiques. Pour certains, changer la motorisation d'un véhicule âgé est une hérésie. Ce véhicule peut être une simple roturière Twingo 1, pour eux cela change totalement la nature de la voiture.
C'est le cas de la FIVA (Fédération Internationale des Véhicules Anciens) : "La conversion des véhicules anciens des moteurs à combustion interne d’origine à l’énergie électrique est contraire à la définition de la FIVA d’un véhicule ancien et n’appuie pas l’objectif de préservation des véhicules anciens et de leur culture associée. Selon le point de vue de la FIVA, les véhicules ainsi convertis cessent d’être considérés comme des véhicules anciens, sauf s’ils subissent uniquement des modifications « de l’époque »."
La FIVA considère donc que le véhicule électrifié perd son caractère "ancien" et historique. Sauf qu'à lire le communiqué de la fédération, n'importe quelle modification, même l'ajout d'un allumage électronique, fait perdre ce caractère au véhicule. Et que dire des véhicules dont des versions électriques ont existé comme la Juvaquatre que Renault a étudié mais dont les batteries au plomb ne sont vraiment plus d'actualité ?
Ce n'est plus un véhicule ancien pour certains
Visiblement la FIVA ne comprend pas comment les autorités permettent de conserver le numéro d'identification du véhicule "donneur", gardant ainsi le caractère ancien du véhicule.
Tiddo Bresters, Vice-Président, Législation de la FIVA, a conclu « Selon nous, ce n’est ni la forme ni le style de carrosserie d’un véhicule qui le rend ‘ancien’, mais la façon dont le véhicule dans son intégralité a été construit et fabriqué selon sa forme d’origine ». La FIVA considère même qu'utiliser son véhicule au quotidien lui fait perdre son appellation "véhicule ancien".
Si on suit Tiddo Bresters, faut-il donc refabriquer les pièces dans les mêmes conditions qu'à l'époque ? Une autre question est : quid du certificat d'immatriculation collection éventuel ? Si le véhicule conserve son numéro d'identification d'origine, il devrait conserver son caractère collection si le propriétaire l'a demandé.
C'est quoi le retrofit ?
Le retrofit, c'est équiper un véhicule d'occasion avec des éléments qui ne sont pas d'origine. Ce retrofit peut être comme ici électrique. Il consiste à changer le moteur pour un moteur électrique et à l'équiper le véhicule d'une batterie le plus souvent lithium-ion spécifique. Chaque véhicule est spécifique et cela fait grimper la facture.
A la clef, un véhicule qui perd sans doute son charme de l'ancien mais qui est plus pratique, moins polluant à l'utilisation, et peut même être plutôt "vert" en fonction de la provenance de l'électricité.
Le retrofit peut également être thermique. Là, on équipe une voiture en filtres à particules, pièges à NOx, catalyseurs SCR, etc. Le but est de rendre moins sale (ou plus propre) le véhicule. Autorisé et prisé dans beaucoup de pays, et de nos voisins, ce retrofit en France est trop encadré et trop difficile pour un particulier et rebute même les professionnels.
Là aussi la filière s'organise et on pourrait voir ces équipements de seconde-monte autorisés. Le retrofit électrique montre-t-il la voie ? Nous verrons en février les tenants et les aboutissants de l'autorisation du retrofit.
L'avis de Leblogauto.com
La crispation de certains acteurs du véhicule ancien autour du rétrofit électrique semble un peu exagérée. En effet, on ne va pas voir de Bugatti Type 57SC Atlantic électrifiée. Ce seront sans doute un maximum de populaires "roturières" dans les véhicules anciens transformés. Le prix, même s'il comprend le véhicule, reste plutôt élevé. A partir de 19 900 € la Fiat 500 par exemple (120 km 15 kWh), il ne devrait pas y avoir une foule de particuliers.
Une version thermique se négocie entre 3 et 10 000 € selon l'état et la "rareté". Il n'y aura donc pas de ras-de-marée rétrofit électrique. La FIVA peut se rassurer. Entre un véhicule d'époque mis à la casse et un véhicule sauvé pour être électrifié, que préfèrent donc ces associations et fédérations qui militent pour le véhicule ancien ?
Le véhicule ancien c'est aussi une odeur spéciale, et les ennuis qui vont avec l'âge comme des fuites d'huile, des démarrages capricieux, des pannes en pleine balade. De bons souvenirs après coup que certains pourraient vouloir éviter avec un véhicule électrifiée.
Illustration : Retrofuture Electric Vehicles