Pour un avenir énergétique propre
"Nous sommes tous d'accord pour dire que ce que nous voulons, c'est un avenir énergétique propre. Comment et à quelle vitesse nous y parviendrons sont des questions qui doivent rester ouvertes", a ainsi déclaré le Koweïtien Adnan Shihab-Eldin, ancien secrétaire général par intérim de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP).
Des impacts jugés alarmants
De son côté, Martin Frick, un haut responsable des Nations unies pour le climat, présent lui aussi à Abou Dhabi estime que "les impacts" du changement climatique sont "absolument alarmants". Insistant parallèlement sur le fait qu'on ne puisse «négocier avec la nature".
Parmi les principaux facteurs pointés du doigt pour expliquer les bouleversements climatiques actuels, figurent au tout premier rang l'extraction et l'utilisation des combustibles fossiles, ces opérations entraînant l'émission de gaz à effet de serre. Des experts de plus en plus nombreux estiment désormais qu'un réchauffement de la planète de plusieurs degrés s'avère inéluctable.
La Commission globale appelle tous les pays à investir
Mardi dernier, la Commission globale sur l'adaptation - créée en 2018 à l'initiative des Pays-Bas - a appelé tous les pays de la planète - tant les riches que les pauvres - à investir dès maintenant pour se protéger contre les effets du changement climatique. Elle estime en effet que les différentes contrées doivent s'adapter dès maintenant.
"Nous sommes la dernière génération à pouvoir changer le cours du changement climatique, et nous sommes la première génération à en subir les conséquences", a déclaré l'ancien chef des Nations Unies, Ban Ki-Moon, président de la commission.
Les Etats du Golfe critiqués pour leur lenteur à s'adapter
Or, les États du Golfe, où le pétrole représente au moins 70% des revenus, ont certes investi des dizaines de milliards de dollars dans des projets d'énergie propre, principalement dans le solaire et le nucléaire. Ils sont néanmoins critiqués pour leur lenteur dont ils font preuve pour mettre en place des projets, certains pointant du doigt leur manque de volonté politique. La position de l'Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole au niveau mondial est loin de satisfaire pleinement.
Risque de volatilité et de crises
Shihab-Eldin a quant à lui mis en garde contre les risque de "volatilité" et "les crises", si des décisions politiques en matière environnementales étaient prises à la hâte.
S'exprimant lors du Congrès mondial de l'énergie – réunissant des représentants de 150 pays et plus de 400 patrons d'entreprise, il a plaidé pour "garder toutes les options ouvertes » et « investir dans chacune en fonction des situations locales".
Il a par ailleurs insisté sur les dangers d'une transition trop rapide et non planifiée. Selon lui, cette orientation du secteur pourrait conduire à une incapacité à satisfaire la croissance de la demande mondiale en énergie prévue pour les décennies à venir, notamment dans les pays en développement.
Comme beaucoup d'autres dirigeants présents à la conférence, il a insisté sur le fait qu'un basculement excessivement rapide et imprévu vers des sources d'énergie renouvelables pourrait conduire au final à un manque de ressources pétrolières. Une situation qui pourrait engendrer d'importants tensions voire des conflits, selon lui.
Un discours lui aussi alarmant laissant notamment entendre qu'une politique menée en vue de réduire massivement les productions d'énergie fossile pourrait au final aboutir … à une envolée du prix du baril. La loi de l'offre et la demande pouvant dans un tel contexte faire flamber le cours du pétrole … s'il se faisait trop rare ou si sa production était trop dérégulée.
Une dérégulation et une production aux volumes aléatoires, sans lignes directrices fortes, seraient également de nature à provoquer une volatilité des cours. Comprenez : des prix en dents de scie, rendant complexe toute planification industrielle et toute stratégie moyenne ou long terme.
Aramco craint un fossil energy bashing
Le PDG du géant pétrolier saoudien Aramco, Amin Nasser, a dénoncé quant à lui une "crise de perception" de l'industrie et un risque croissant que la communauté financière se retourne contre les combustibles fossiles.
Le dirigeant a par ailleurs plaidé pour une transition énergétique "ordonnée", pointant du doigt les politiques environnementales jugées impulsives.
"Toutes les transitions énergétiques » - y compris celles impulsées des mesures politiques en vue de protéger l'environnement - « prennent des décennies, avec de nombreux défis", a martelé le patron d'Aramco, laquelle doit prochainement entrer en Bourse.
L'avis de Leblogauto.com
La bataille ne fait que débuter …
Face aux multiplications de mesures environnementales prises par le gouvernement, conduisant à la mise en place de normes de plus en plus strictes, obligeant les constructeurs automobiles à se détourner progressivement des moteurs thermiques …. et donc des énergies fossiles, les géants pétroliers mondiaux et les pays producteurs de pétrole n'ont pas dit leur dernier mot. Quitte à brandir le drapeau rouge et inquiéter les marchés en laissant entendre qu'une « transition » trop rapide serait de nature à faire flamber le prix du baril ou au minimum le rendre très volatile. Ce qui, certes n'est pas totalement impossible ...
Sources : AFP, France 24, Daily Times