"On peut s'attendre assez rapidement à une augmentation de l'ordre de 4 ou 5 centimes" parce que "les grandes sociétés répercutent au jour le jour l'évolution des prix sur le marché de Rotterdam sur l'essence et le gazole", a déclaré à l'AFP Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP).
"Quand vous payez 1,50 euro sur un litre d'essence, vous avez à peu près 50 centimes de matières premières, de raffinage et de distribution", le reste étant constitué de taxes diverses, a-t-il rappelé.
C'est donc cette fraction d'environ un tiers du prix à la pompe qui suit l'augmentation des cours.
"Cinq centimes, à supposer que ça reste à ce niveau, c'est tout à fait considérable. C'est peut-être ce qu'il y a de plus inquiétant pour les Français", a souligné Francis Duseux.
Les cours du pétrole ont grimpé de 10% lundi matin, deux jours après des attaques contre des infrastructures pétrolières en Arabie saoudite qui ont entraîné une réduction de moitié de sa production.
Elles ont provoqué une réduction brutale de production de 5,7 millions de barils par jour, soit environ 6% de l'approvisionnement mondial.
"C'est une attaque militaire frontale, surprenante, inattendue" qui représente un événement "tout à fait considérable" pour le secteur, a commenté M. Duseux.
Toutefois, la France est à l'abri d'une rupture d'approvisionnement, selon lui: "on a en France trois mois de stocks de réserve, c'est la loi qui nous oblige à posséder dans des stockages trois mois de la consommation de l'année précédente".
"Au cas où l'approvisionnement en brut deviendrait un peu plus tendu, je pense qu'il n'y aurait pas de problème pour continuer à approvisionner les Français dans les stations-service ou pour remplir leur cuve de fioul domestique", a-t-il indiqué.
L'évolution de la situation va désormais dépendre de plusieurs facteurs comme le temps pour réparer les installations endommagées, la mobilisation des stocks saoudiens et l'augmentation de la production d'autres pays mais surtout la réaction diplomatique et éventuellement militaire.
"Le danger c'est, est-ce qu'on pourrait voir un embrasement de cette région, avec toutes les conséquences que ça pourrait avoir ? Franchement je pense que ce n'est pas souhaitable", a conclu M. Duseux.
Par AFP