Cqfd. Alors que nous laissions entendre que les récents propos de Carlos Tavares, patron de PSA, à l’encontre de Boris Johnson, le nouveau premier ministre britannique - exhortant le successeur de Theresa May à agir vite - pouvaient être notamment liés à la décision d’implanter – ou pas - la production de la nouvelle Opel Astra au Royaume Uni, les derniers éléments du dossier semblent nous donner raison. Tavares a ainsi déclaré dans un entretien au Financial Times que PSA – désormais propriétaire de Opel/Vauxhall - qu'il pourrait transférer toute la production de son usine d'Ellesmere Port en dehors du territoire britannique si le Brexit entachait la rentabilité du groupe.
Le patron du constructeur a ainsi déclaré au Financial Times disposer de capacités de production alternatives lui permettant de s’affranchir d’une présence au Royaume-Uni.
L’avenir du site d’Ellesmere Port lié à un hard Brexit
Se voulant on ne peut plus clair, Tavares a même indiqué au journal anglo-saxon que le transfert de production conduirait probablement à la fermeture du site, menaçant 1 000 emplois.
Le cas échéant, l’usine Vauxhall produisant des camionnettes à Luton demeurerait le seul site du groupe sur le territoire britannique.
"Franchement, je préférerais produire l’Opel Astra à Ellesmere Port mais si les conditions sont mauvaises et que je ne peux pas la rentabiliser, je dois protéger le reste de l'entreprise et de ce fait ce scénario ne sera pas retenu", a déclaré Carlos Tavares au journal. Insistant sur le fait que PSA disposait d’une alternative pour produire en dehors du site britannique.
En juin dernier, le constructeur a annoncé son intention d’assembler la prochaine génération de l'Astra, sa voiture la plus vendue, à Ellesmere Port ainsi que sur un autre site en Allemagne. Il avait toutefois d’ores et déjà prévenu à cette date À l'époque, que sa décision dépendrait des conditions finales du Brexit.
PSA dispose d’un scénario alternatif … et d’un plan d’urgence
Désormais, Tavares franchit un pas de plus, en indiquant que PSA disposait déjà d’un scénario alternatif pour produire le véhicule en dehors du Royaume-Uni, en cas d’une sortie de l'UE sans accord.
Dans un communiqué officiel publié lundi, PSA a toutefois confirmé que le groupe étudiait toujours la possibilité de produire l'Astra nouvelle génération à Russelsheim et à Ellesmere Port.
Avertissant officiellement désormais que la décision finale sur le rôle de l'usine d'Ellesmere Port serait subordonnée aux "conditions définitives de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne".
PSA a par ailleurs ajouté avoir mis en place « un plan d'urgence exhaustif couvrant les ressources humaines, la fiscalité, les douanes, la logistique, la production, la réglementation, la chaîne d'approvisionnement et l'informatique ».
PSA très attentif à la situation politique
Le constructeur a déclaré qu’il surveillait de près l'évolution de la situation politique et qu’il engagerait des discussions avec les politiciens afin de comprendre les diverses potentielles conséquences du Brexit.
Le nouveau premier ministre britannique Boris Johnson a pour sa part demandé à Michael Gove d’épauler Sajid Javid, le ministre des Finances, dans la préparation d’une sortie de l’Union européenne sans accord. Le week-end dernier, Michael Gove a déclaré que le gouvernement travaillait désormais sur l'hypothèse d'un "Brexit sans accord".
M. Gove a déclaré que son équipe avait toujours pour objectif de parvenir à un accord avec Bruxelles, déclarant toutefois en parallèle dans le Sunday Times, ‘qu’un no deal constituait désormais une perspective très réelle".
La Confédération des industries britanniques a averti le gouvernement que ni le Royaume-Uni ni l'Union européenne n'étaient prêts pour un Brexit sans accord.
Le lobby britannique de l'industrie automobile, la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT), a averti vendredi qu’un no deal n'était tout simplement pas envisageable, considérant qu’une telle issue ne constituait pas une option possible.
La production automobile britannique déjà secouée par le Brexit
En 2018, la production automobile a chuté au Royaume-Uni, suite notamment à la demande croissante de l'industrie en faveur d'un accord sur le Brexit. Le secteur industriel automobile britannique a été frappé de plein fouet ces derniers mois. Jugez plutôt ...
Honda a annoncé la fermeture de son usine de Swindon en 2021. Ford a également annoncé que son usine de moteurs Bridgend dans le sud du pays de Galles fermerait ses portes en septembre 2020, entraînant la perte de 1 700 emplois.
Les constructeurs automobiles japonais, y compris Nissan, ont déclaré que l'incertitude liée au Brexit ne les aidait pas à "planifier l'avenir".
Au début de l’année, Nissan a pris la décision de construire le prochain modèle X-Trail au Japon plutôt qu’à Sunderland.
Sources : BBC, Financial Times