Fusion ratée avec FCA : Renault a-t-il fâché pour de bon Nissan ?
Le simple fait d'accepter de regarder la proposition de fusion faite par FCA Fiat Chrysler Automobile a mis Renault en porte-à-faux vis-à-vis de Nissan, son partenaire de l'Alliance.
Le simple fait d'accepter de regarder la proposition de fusion faite par FCA Fiat Chrysler Automobile a mis Renault en porte-à-faux vis-à-vis de Nissan, son partenaire de l'Alliance.
On le sait, FCA a retiré son offre, officiellement devant les demandes trop élevées de l'Etat Français qui demandait également plus de temps pour discuter de la fusion. Mais, les deux représentants de Nissan au sein du Conseil d'Administration de Renault étaient contre cette fusion (abstention). Sur ordre de Hiroto Saïkawa, ils demandaient plus de garanties sur la position de Nissan après la fusion.
Jean-Dominique Senard a fait plusieurs aller-retours au Japon pour rassurer le partenaire dans l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Mais, cela n'a visiblement pas suffit. "Je suis ouvert à élargir l'Alliance, mais, n'importe qui ferait très attention si un partenaire se changeait soudainement en une autre société" a déclaré Monsieur Saïkawa, le patron de Nissan cité par Reuters.
Selon le journal économique Nikkei, cet épisode a encore plus éloigné les partenaires. Pour bon nombre de personnes chez Nissan, l'échec de la fusion avec FCA est un soulagement et met Nissan dans une meilleure position face à Renault.
En effet, il semble que l'unique solution de repli pour le groupe français soit une fusion (ou des participations financières croisées plus importantes) entre Renault et Nissan. Volonté farouche de Carlos Ghosn, la fusion a été de nouveau présentée par la nouvelle direction aux dirigeants de Nissan. Désormais, Nissan, "bafoué" par le fait que Renault a étudié sérieusement la proposition de FCA, peut demander plus d'influence à son partenaire.
Nissan prend également une petite revanche sur l'Etat français en déclarant que "le patron de Renault, Jean-Dominique Senard, n'a jamais eu la pleine autorité. Fusionner avec une société dirigée par le gouvernement français n'est même pas à envisager".
Pan sur le bec ! Si Renault veut fusionner avec Nissan, il va falloir que l'Etat Français renonce à son influence, que ce soit en revendant ses 15% de Renault, soit en renonçant à ses droits de vote (doubles). De quoi laisser la porte ouverte à une réelle influence de Nissan chez Renault.
Pour rappel, Nissan possède 15% de Renault mais a renoncé à ses droits de vote. Pour envisager la fusion, il faudrait évidemment que Nissan puisse avoir une minorité de blocage et donc des droits de vote. Mais, même si Saïkawa se dit officiellement toujours ouvert à la discussion (sur une fusion), l'ordre du jour est à la restauration des bénéfices (ce qui redonnera encore plus de poids à Nissan). La fusion ce sera pour les calendes grecques.
Etrangement (ou pas), bon nombre d'observateurs et d'analystes mettent l'échec de la fusion avec FCA sur le dos du gouvernement français qui voulait plus d'influence et de poids dans le nouvel ensemble.
Pourtant, même sans cela, les deux observateurs de Nissan pouvaient faire achopper les discussions. Saïkawa ne se cache pas d'avoir demandé à ses deux émissaires au CA de ne pas voter en faveur de la fusion FCA-Renault. Finalement, en poussant en avant le rôle du gouvernement français, Nissan la joue finement.
"Lorsque le couple bat de l'aile, s'afficher avec une belle italienne prêt à faire voler le mariage en éclat c'est un pari risqué" selon un membre de notre rédaction. Il est vrai qu'en n'envoyant pas "balader" FCA dès le début, Renault a sans doute abîmé la relation déjà tendue avec Nissan. Surtout que le "deal" proposé était jugé contraire aux intérêts de Renault par tous les observateurs. Désormais, on pourrait assister à une guerre d'influence néfaste pour l'Alliance.
JD Senard va devoir se révéler fin tacticien et diplomate pour recoller les morceaux. Il a aussi désormais la possibilité d'appuyer là où cela fait mal auprès de l'état pour demander du lest, voire carrément à l'état de se comporter en actionnaire non décisionnaire. On peut rêver.
Le simple fait d'accepter de regarder la proposition de fusion faite par FCA Fiat Chrysler Automobile a mis Renault en porte-à-faux vis-à-vis de Nissan, son partenaire de l'Alliance.
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